Aveyron | Par Didier Bouville
Depuis une semaine, un peu partout en Aveyron, les panneaux d’entrée et de sortie des communes ont la tête à l’envers. Une initiative reprise par la FDSEA et les JA pour signaler leur ras-le-bol face aux décisions de l’Etat et des pouvoirs publics, prises sans «bon sens» ou «biais» en Aveyronnais !
«On marche sur la tête !». En quelques mots, Marie-Amélie Viargues, secrétaire générale de la FDSEA a résumé l’état d’esprit dans lequel se trouve le monde agricole depuis plusieurs mois maintenant. «Toujours plus de contraintes, de normes, de bâtons dans les roues… Toutes les décisions qu’elles viennent de Paris, de Bruxelles, manquent de «Biais» comme on dit chez nous – c’est-à-dire de bon sens», explique-t-elle.
Le biais, un concept purement aveyronnais, difficile à traduire : «tout bon Aveyronnais comprend la signification !», sourit Marie-Amélie, accompagnée de Michaël Garrigues, co-président de JA 12. «On parle là d’un manque d’adaptabilité, de prise en compte de la réalité du terrain, de bon sens dans les décisions qui nous sont imposées», précisent les deux responsables professionnels.
«Ça ne date pas d’hier que l’on pousse pour se faire entendre, que l’on dit que les mesures prises ne tiennent pas compte de nos spécificités alors qu’elles devraient être prises au plus près de nos territoires», continuent Marie-Amélie et Michaël. Alors pour exprimer leur ras-le-bol, à l’image d’un mouvement qui s’est déployé dans plusieurs départements du sud-ouest et même de France, la FDSEA et les JA encouragent leurs équipes locales, à retourner les panneaux de signalisation d’entrée et de sortie de leurs communes.
«L’agriculture, les agriculteurs sont présents partout en France, dans toutes les communes, quelle que soit leur taille, c’est donc un vrai symbole que de retourner ces panneaux, pour marquer le maillage territorial de notre profession», avance Marie-Amélie. En complément un autocollant est apposé sur chaque panneau «Du Biais Macarel !».
«Nous avons déjà beaucoup de retours positifs sur les réseaux sociaux, ça fait chaud au cœur», raconte Marie-Amélie, encouragée pendant son intervention, par le klaxon d’un automobiliste ! «L’idée est qu’à chaque fois qu’une personne voit ces panneaux retournés et l’autocollant, elle pense à l’agriculture et aux agriculteurs !», complète Michaël Garrigues.
FDSEA et JA espèrent que cette action d’envergure va faire réagir les représentants de l’État : «visiblement le préfet a apprécié le message autour du biais mais nous n’avons pas eu plus de réaction !», avancent les responsables professionnels. «Nous regrettons ce manque de considération du terrain», poursuivent-ils.
«Alors que l’État ne cesse d’envoyer de mauvais signaux aux agriculteurs : accords internationaux signés sans concertation, absence de clause-miroirs, respect de la loi EGALIM, pression administrative, manque de visibilité sur la nouvelle politique à l’installation et à la transmission… sans compter l’augmentation des charges sur nos fermes», énumère le co-président JA.
«Face à toutes ces contraintes, la question que l’on se pose est : est-ce que l’on veut encore de l’élevage dans notre pays ? Et pourtant on nous parle dans le même temps de préserver la souveraineté alimentaire du pays ?! La contradiction est totale !», dénoncent FDSEA et JA. «Tout ce que nous souhaitons, nous, c’est de pouvoir bien faire notre travail, dans de bonnes conditions, avec bon sens, tout simplement !», concluent-ils.
Eva DZ