Aveyron | Par La rédaction
Assurer un confort optimal des animaux en bâtiment en été est conjointement lié avec le fait d’avoir un bâtiment sain.
Episodes caniculaires à répétition, diminution de la ressource fourragère en été… contraignent les éleveurs à rentrer leur troupeau plus fréquemment. Les animaux logés en bâtiment pendant la période estivale sont exposés à un stress thermique qui peut altérer leur bien-être et leurs performances à court et moyen terme (baisse de quantité et de qualité du lait, de croissance, diminution de la fertilité et décalage des chaleurs). Une ambiance moins chaude et moins humide est également moins propice au développement de micro-organismes indésirables.

Le projet BATCOOL piloté par la Chambre régionale d’agriculture d’Occitanie avec l’IDELE et la Chambre d’agriculture de l’Aveyron, a démarré en novembre 2021 pour accompagner les éleveurs de petits ruminants et les conseiller dans l’adaptation de leurs bâtiments pour l’été. Ce projet a créé des références et préconisations pour faire des bâtiments un outil de lutte contre les fortes chaleurs.
Température, humidité, vitesse de l’air et rayonnements ont été pris en compte. Plus la température, l’humidité et les rayonnements directs (soleil direct) et indirects (paroi qui rayonne de la chaleur par exemple) sont élevés et plus le stress thermique est important. Plus les vitesses d’air sont élevées (> 0,25m/s minimum) et plus les animaux arrivent à réguler leur température. Dans cette étude, le THI (Tenperature Humidity Index) et le HLI (Heat Load Index) ont été utilisés. Facile à calculer, le THI ne demande pas de matériel spécifique, il ne prend en compte que la température et l’humidité. Plus complet, le HLI prend en compte les 4 paramètres et demande un matériel spécifique (anémomètre et thermomètre à globe noir).
Une enquête dans les régions du sud a repéré des exploitations ayant mis en place des moyens de lutte intéressants contre le stress thermique. 54 fermes dotées de dispositifs innovants ont fait l’objet «d’expertises thermiques» deux étés consécutifs. Parallèlement, 6 fermes expérimentales ont été suivies quotidiennement sur toute la période estivale.
Chaque bâtiment était équipé de deux data-logger qui enregistraient la température et l’humidité toutes les heures. Un data-logger protégé par un tube en PVC a également été installé à l’extérieur près du bâtiment dans une zone ombragée. Il représentait les conditions idéales à atteindre à l’intérieur du bâtiment. Les ruminants sont des animaux qui excrètent de l’eau et de la chaleur, il est donc impossible de prétendre à une ambiance intérieure plus froide et moins humide qu’une zone extérieure à l’ombre et bien ventilée.
Tous les bâtiments et leurs équipements ont été décrits de façon la plus précise possible (dimensions, type de charpente, de sol, présence de ventilateurs, de brumisateurs, type d’ouvertures, isolation, présence de plaques éclairantes, etc).
Une cartographie thermique a été effectuée une fois dans l’été (un jour stable, ensoleillé et très chaud) dans chaque bâtiment, afin de prendre des mesures de température, hygrométrie, température d’un globe noir et de vitesses d’air tous les 2 à 4 m. Ces valeurs ont été saisies dans un fichier Excel qui par un jeu de coloration automatique gradue les zones favorables et défavorables pour chaque paramètre. Les indices de confort thermique THI et HLI étaient également calculés et inclus.
Des scores de halètement ont aussi été relevés en début d’après-midi. Cette observation des animaux est facilement accessible pour les éleveurs dans l’observation du stress de leurs animaux. Les fermes expérimentales ont suivi un protocole complet avec des relevés quotidiens de consommation d’eau, de production et des relevés de score de halètement plusieurs fois par mois.
Ouverture et orientation
Les résultats ont montré que l’ouverture des bâtiments est un point crucial pour lutter contre le stress thermique des animaux. En effet, ouvrir largement les bâtiments en période chaude permet de réduire la température et l’humidité dans le bâtiment et donc le THI également. Ces ouvertures seront d’autant plus efficaces que le bâtiment ne sera pas large pour permettre un bon balayage transversal.
L’orientation initiale du bâtiment a également un impact si la façade la plus longue est exposée au sud-ouest. En effet, le soleil rayonnerait ainsi sur une grande partie du bâtiment tout au long de la journée, ce qui a un impact sur la température et sur le THI.
Les plaques éclairantes en toitures augmentent significativement la température dans le bâtiment et ont également une tendance sur le THI. Ces plaques en plus de réduire le confort des animaux en été, provoquent de forts contrastes lumineux qui gênent les animaux. Il n’est, en effet, pas rare d’observer des répartitions très hétérogènes dans les bâtiments comportant des plaques éclairantes (agglutinement dans les zones «d’ombre»).
La brumisation, quant à elle, n’a pas d’effet sur la température dans les bâtiments étudiés contrairement à son principe d’utilisation. En revanche elle a un impact négatif sur l’humidité du bâtiment et peut aggraver le stress thermique des animaux.
Agir par priorité
Pour améliorer le confort des animaux en bâtiment en été, il est nécessaire d’agir par priorités. Dans un premier temps, vérifier que les recommandations de conduite des animaux sont respectées : nombre, répartition et propreté d’abreuvoirs, densité, surface de vie minimum, etc.
Dans un second temps, éviter au maximum les rayonnements directs et indirects, car ils sont responsables de regroupement des animaux qui détériore leur bien-être en cas de stress thermique. Pour cela, éviter les plaques éclairantes en toiture et les bandeaux lumineux et ouvertures directes à l’ouest, au sud-ouest et au sud. Pour maintenir de la lumière ou des ouvertures au sud, il est possible d’ajouter un débord de toiture qui empêchera le soleil de pénétrer dans le bâtiment en été, mais pas en hiver (le soleil est plus bas). L’isolation de la toiture peut avoir un bon effet tampon qui empêchera les fortes variations de température en été et en hiver et limitera les rayonnements indirects.
Ensuite, créer de larges ouvertures libres permettra d’assurer un bon renouvellement de l’air, ainsi que de créer des vitesses d’air au niveau des animaux. La ventilation permet d’évacuer les gaz viciés, les poussières et l’humidité engendrée par les animaux afin d’assurer une ambiance saine et d’éviter une aggravation du stress thermique (humidité chassée). Les vitesses d’air au niveau des animaux auront un rôle de ventilateur naturel qui contribuera au confort thermique des animaux. Pour créer de larges ouvertures, il est possible d’installer des rideaux mobiles, des guillotines ou encore d’ouvrir les portails.
En seconde intention, il est possible d’ajouter de la ventilation mécanique. Les ventilateurs, par exemple, pourront créer d’importantes vitesses d’air au niveau des animaux afin de limiter leur stress thermique. Il est nécessaire cependant de ne pas sous-dimensionner les installations et de bien configurer le boîtier de régulation.
En dernier recours, ponctuellement et uniquement dans un espace parfaitement ventilé (salle de traite par exemple), il est possible d’utiliser de la brumisation.
Chaque bâtiment est différent et de nombreuses solutions techniques existent. Pour améliorer un bâtiment déjà existant ou dans le cadre d’un projet de construction, il est nécessaire de faire appel à un conseiller bâtiment d’élevage.
Article Morgane Lambert (IDELE) et Patrick Sales (Chambre Agriculture de l’Aveyron)
Vidéos et fiches du projet à retrouver sur https://occitanie.chambres-agriculture.fr/sinformer/rd-et-innovation/les-projets/detail-du-projet/batcool