National | Par Didier Bouville
Le 17 juin, les ministres de la santé, de l’agriculture et de l’égalité entre les femmes et les hommes ont annoncé l’allongement de la durée d’indemnisation du congé maternité pour les exploitantes agricoles. Le point de vue de Jacqueline Cottier, présidente de la commission nationale des agricultrices de la FNSEA (notre photo).
– En quoi consiste l’annonce sur le congé maternité des agricultrices ?
J. Cottier : «La durée minimale d’arrêt de travail est désormais portée de 2 à 8 semaines pour les travailleuses indépendantes et les exploitantes agricoles, dont 2 semaines de congé prénatal et 6 semaines de congé postnatal au minimum pour pouvoir bénéficier d’une indemnisation de leur congé maternité.
– Quelle est votre réaction ?
J. Cottier : C’est un acquis syndical de la FNSEA, possible grâce au travail mené de longue date par les différentes commissions des agricultrices. Deux semaines d’arrêt, ce n’était pas concevable, il faut pouvoir s’organiser autour du bouleversement qu’est l’arrivée d’un enfant, même si nous avons la chance dans notre métier d’agricultrice de pouvoir conjuguer plus facilement vie professionnelle et vie familiale. L’alignement du congé maternité sur celui des autres catégories socio-professionnelles, c’est aussi un moyen de dire que le métier est accessible aux femmes et que la maternité n’est pas un frein. Mais des points de vigilance demeurent.
– Quels sont-ils ?
J. Cottier : Si ce renforcement du congé maternité pourra inciter des agricultrices à prendre le congé maternité (choisi par 60 % des exploitantes agricoles actuellement), il faut aussi connaître les motivations de l’agricultrice qui ne peut pas prendre le congé maternité. C’est un point de vigilance et d’analyse sur lequel on va travailler avec la MSA. Autre préoccupation, dans un contexte économique difficile, le montant de l’indemnité journalière pour les agricultrices qui ne se font pas remplacer pendant leur congé, désormais aligné sur celui des travailleuses indépendantes non agricoles à 55,51 € par jour, peut constituer un choix préférentiel pour des exploitantes qui continueront dans les faits à travailler sur les exploitations. Mais cet alignement des indemnités journalières est aussi un point positif et un levier. Avant, quand on prenait le congé maternité sans se faire remplacer, on avait un reste à charge de 15 euros par jour, ce qui pouvait être un frein pour certaines agricultrices qui abandonnaient donc l’idée».
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