Aveyron | Par La rédaction
Depuis plusieurs années, FODSA GDS Aveyron propose un double dépistage de la Border Disease, aux éleveurs ovins lait du département, afin de limiter la propagation de cette maladie qui peut engendrer des pertes importantes dans les élevages naisseurs et dans les ateliers d’engraissement et contre laquelle peu de moyens de lutte existent.
Philippe Verlaguet, vice-président du GDS Aveyron et responsable de la commission petits ruminants, rappelle l’importance de ce double dépistage.
Philippe Verlaguet, vice-président du GDS Aveyron et responsable de la commission petits ruminants.
Pendant la prophylaxie obligatoire chaque année, au printemps, la Border Disease est recherchée dans les élevages de petits ruminants. Un dépistage plus que nécessaire pour détecter une maladie qui circule toujours. «Nous avions allégé le suivi pendant un temps, au milieu des années 2000, en passant à un rythme tous les 4 ans mais très vite la maladie a ressurgi occasionnant notamment de gros dégâts dans les ateliers d’engraissement. De fait depuis le début des années 2010, nous sommes repassés à un rythme annuel», explique Philippe Verlaguet, vice-président du GDS Aveyron et responsable de la commission petits ruminants.
«Ne pas relâcher les efforts !»
Pour aller plus loin dans le dépistage de cette maladie, le GDS Aveyron a sollicité l’école vétérinaire de Toulouse pour mettre en place un dépistage supplémentaire, avec l’appui de sa vétérinaire conseil, Céline Pouget. C’est ainsi que s’est mis en place un dépistage via une analyse sur lait de tank. «Un moyen supplémentaire d’affiner le diagnostic», estime Philippe Verlaguet. «La prophylaxie est réalisée loin des agnelages, une période où la contamination peut être importante. Ce dépistage sur lait de tank permet de détecter des animaux IPI plus tôt et ainsi les éleveurs font le nécessaire pour éviter la propagation à l’ensemble de l’élevage et aux agneaux destinés aux ateliers d’engraissement», détaille l’éleveur.
«Avec ce double dépistage, nous sommes informés du statut de nos animaux. C’est un outil supplémentaire pour gérer le sanitaire dans nos élevages parce que, je tiens à le préciser, les premiers impactés sont les naisseurs. Si la maladie s’installe dans le troupeau, les conséquences sont directes sur les agnelles et agneaux conservés pour le renouvellement… et sur les animaux destinés aux ateliers d’engraissement qui deviennent de véritables bombes à virus», alerte Philippe Verlaguet. De plus, les sélectionneurs ne peuvent plus valoriser leur génétique si la maladie circule dans leur élevage.
Ce double dépistage s’avère d’autant plus nécessaire que les moyens sont limités pour lutter contre la Border Disease : le vaccin permet de limiter les cas cliniques mais il n’empêche pas la circulation virale de la maladie…
Un dépistage simple et gratuit
Le GDS Aveyron préconise l’analyse sur lait de tank pendant la période d’allaitement des brebis «mais il n’est jamais trop tard pour le faire à un autre moment», précise Philippe Verlaguet. Et pour le faire, rien de plus simple ! Il suffit de prélever pendant la période d’allaitement un peu de lait d’excédent (en même temps que les analyses bactériologiques obligatoires pour l’AOP Roquefort par exemple), de remplir un bordereau et de transmettre le tout à son vétérinaire ou bien à sa laiterie ou encore directement à Aveyron Labo. Une procédure simple et en plus gratuite puisqu’elle est entièrement prise en charge par le GDS Aveyron et ses partenaires !
«Il ne faut pas se tromper : s’il n’y a pas eu de résurgence ces dernières années, il n’empêche la Border Disease continue de circuler. Nous devons donc nous mobiliser et ne pas relâcher nos efforts de dépistage, la prophylaxie annuelle ne suffit pas ! Bien au contraire, les infections sont nombreuses post agnelage c’est pourquoi l’analyse sur lait de tank est utile !», encourage Philippe Verlaguet. La Border Disease est une maladie immuno-dépressive qui occasionne des problèmes d’avortement, des pathologies diverses… Elle fragilise le troupeau et fait baisser son immunité face à d’autres maladies.
Au début des années 80, à l’arrivée de cette maladie dans le département, Philippe Verlaguet s’installait alors et n’a pu que constater la perte de 13% de son élevage… «Je peux en témoigner, la Border Disease n’est pas une maladie anodine, elle entraîne des frais vétérinaires importants, une baisse des performances du troupeau, une perte économique certaine et un souci moral pour l’éleveur… Nous devons donc profiter de ces outils de dépistage efficaces à notre disposition, pour nous en prémunir», conclut Philippe Verlaguet.
Eva DZ