Aveyron | National | Par Eva DZ

Arnaud Rousseau, invité de la FDSEA

Jeudi 17 avril, la FDSEA invite Arnaud Rousseau, à venir échanger avec ses adhérents, à l’occasion de son assemblée générale. Interview avec le président de la FNSEA.

Arnaud Rousseau © Stephane Lefevre Le populaire du centre

Comment préparez vous votre venue en Aveyron ?
A. Rousseau : : «Le premier objet de toute visite dans un département, c’est d’abord d’expliquer la politique nationale mise en œuvre par les élus nationaux issus des départements. Ainsi Laurent Saint Affre représente l’Aveyron au bureau de la FNSEA et toutes les semaines, il porte la voix de votre département à la FNSEA.
Bien sûr mon déplacement sera aussi l’occasion de répondre aux questions des adhérents, d’écouter leurs problématiques, leurs craintes… et d’échanger sur les bons points aussi ! Mon discours est le même sur l’ensemble du territoire et à l’encontre de tous les adhérents même si chacun a ses propres spécificités. Dans les territoires d’élevage, on parle aussi sanitaire, prédation… Mais des sujets transversaux nous concernent tous, je pense à l’économie, à la souveraineté, au renouvellement des générations…

L’Aveyron est une terre d’élevage : vous serez forcément attendu sur l’élevage et le plan de soutien à ce secteur, quel est votre message aux éleveurs ?
A. Rousseau : Ce qui est fondamental, c’est que les éleveurs aient encore les moyens de produire. Derrière ces mots, je veux parler d’accès aux marchés, d’organisation de filières solides, de relations commerciales, de politique sanitaire… Tout en tenant compte des spécificités en bovins, en ovins, en viande, comme en lait… Je me souviens encore des positions de Dominique Barrau qui portait haut et fièrement le lait montagne. Ce qui m’intéresse, c’est de parler d’économie, de prix du lait, de la viande et de défendre les conditions de production : une politique vaccinale, une prise en charge des pertes, les relations avec les GMS, l’ouverture des marchés à l’export comme l’Italie, l’Espagne… si précieux pour vos broutards et comme les Etats-Unis pour vos fleurons comme le Roquefort. Le point commun à tout cela : c’est le revenu des éleveurs.
L’élevage comme l’agriculture, c’est aussi j’ai l’habitude de le dire, tout un écosystème : un réseau d’abattoirs, de vétérinaires, de génétique animale… à proximité des exploitations. On parle d’économie à l’échelle des territoires, des filières. L’Aveyron est un grand territoire agricole où l’agriculture tient une place prépondérante. Nos défis sont multiples : comment continuer d’avoir des femmes et des hommes sur l’ensemble du territoire ? Comment continuer d’avoir des projets ? Et comment faire vivre l’ensemble du territoire en tenant compte des spécificités de chacun ?

L’Aveyron est une terre de montagne et de piémont : quel est l’engagement de la FNSEA sur ce dossier ?
A. Rousseau : Montagne et piémont sont une question d’engagement économique. Et le premier outil se trouve dans la PAC : l’ICHN que nous devons continuer de défendre. Nous nous battons pour ça ! L’agriculture de montagne a des spécificités qui doivent être défendues. Mais on retrouve aussi ces problématiques dans les zones défavorisées simples.
Je comprends, qu’en Aveyron, ça puisse troubler que l’on parle de la question de répartition des ICHN entre zones de montagne, piémont, zones intermédiaires… Il est encore trop tôt pour répondre puisque l’on parle de la PAC post 2027 mais le sujet est ouvert et chacun doit l’entendre ! Nous avons aussi un travail à mener sur la définition de l’actif agricole.
La première question prégnante, après celle du maintien du budget de la PAC, est d’abord celle du maintien de l’enveloppe du 2nd pilier. Il y a une réelle inquiétude sur le financement à l’échelle européenne de ce 2nd pilier qui concerne le développement rural. Et au sein de ce 2nd pilier, la deuxième question concerne la répartition du budget qui lui est dédié entre ICHN, MAE, Agriculture Biologique, Régions (qui demandent plus de moyens pour accompagner les investissements – et c’est très bien !)… Sans oublier la gestion du sanitaire et la gestion de la prédation, deux sujets qui impactent fortement l’élevage de votre département, et qui sont aussi gérés dans le 2nd pilier.

Vous avez évoqué lors de votre congrès à Grenoble, la proximité, l’écoute et le renouvellement réseau. Comment se traduisent-ils au sein de la FNSEA ?
A. Rousseau : Face à la colère exprimée pendant plusieurs mois dans les campagnes, partout en France, la FNSEA et l’ensemble de ses élus veulent continuer à proposer, à construire. Mais nous devons aussi nous réinterroger sur le rôle du syndicalisme, la place du collectif.
Notre réseau, sa force, c’est l’engagement de femmes et d’hommes et notre capacité à renouveler ces femmes et ces hommes. Tout le monde a toujours une bonne raison pour ne pas s’engager, nous sommes tous pris par nos obligations sur nos fermesou ailleurs… L’Aveyron fait figure d’exemple en la matière avec des femmes et des hommes qui s’engagent. Quand on parle de féminisation du réseau, votre département répond présent, avec Marie-Amélie, présidente de la FDSEA et d’autres agricultrices engagées, aussi, je pense à Sabine Delbosc Naudan à la MSA par exemple. Notre défi pour les années à venir est d’attirer les talents.
Notre réseau, sa force c’est aussi sa capacité à construire des projets de territoire, à condition d’avoir à promixité, les outils, les interlocuteurs, une administration décentralisée à l’écoute, des filières créatrices de valeurs…
Le réseau a beaucoup bougé, il faut s’adapter et cela passe par une «transformation». Ce qui fera vivre notre syndicat, ce sont des militants, des adhérents et pas seulement des agricutrices et agriculteurs en recherche de services.

Quelle est votre réponse à la colère paysanne ?
A. Rousseau : La colère ne construit pas un avenir ni des projets. Elle est légitime mais elle n’est pas suffisante. Dans un contexte politique qui n’est pas simple, dans un contexte européen et international pas simple non plus, nous devons être combatifs, volontaires, organisés. La FNSEA vit de ses racines profondes sur son territoire, à travers des femmes et des hommes engagés. Nous devons aller à leur rencontre, ce n’est pas toujours facile, il faut du courage pour entendre cette colère mais c’est le cœur de notre engagement. Et même si tout n’est pas parfait, il faut savoir reconnaître aussi quand ça va bien… C’est le cas pour les filières d’élevage dont les prix sont mieux orientés même si elles ne sont pas épargnées par le sanitaire et la prédation. On ne peut pas toujours dire que rien ne va !
Pour autant notre objectif est que chaque agricultrice et agriculteur gagne mieux sa vie».

Recueillis par Eva DZ

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