Aveyron | Par La rédaction
Hausse des intrants, explosion des charges et des coûts de production, sécheresse, inflation sur les produits alimentaires, prix de l’agneau historiquement haut au 2ème semestre, APROVIA a vécu, en 2022 une année de bouleversements. Mais l’organisation de producteurs a tenu bon, portée par une équipe renouvelée.
Dernière assemblée générale pour Philippe Tabardel en tant que président.
L’automne dernier, APROVIA entourée de ses partenaires, fêtait ses 35 ans. Un moment fort pour l’organisation de producteurs puisque son président depuis 25 ans, Philippe Tabardel avait annoncé sa volonté de passer la main. Un renouvellement qui s’est officialisé le 29 avril lors de l’assemblée générale d’APROVIA, à Druelle. Le conseil d’administration composé de 12 membres a été renouvelé pour un tiers, avec de jeunes arrivants ! Il se réunira prochainement pour élire son nouveau président. De même une nouvelle technicienne, venue du Lot, vient compléter l’équipe administrative et technique basée à Rignac, installée dans de nouveaux locaux.
Cette équipe d’une dizaine de salariés est particulièrement mobilisée pour accompagner les quelque 242 éleveurs engagés auprès de l’OP. Un suivi technique, des journées de formation… particulièrement appréciés des adhérents au vu de la conjoncture. «Nous avons vécu une année de bouleversements», résume le directeur, Jean-Luc Bruel. Il cite bien sûr les conséquences de la guerre en Ukraine, la sécheresse estivale qui s’est poursuivie cet automne, l’inflation sur les produits alimentaires qui a freiné la consommation mais aussi le niveau historique des prix de l’agneau autour de 8 euros sur le 2ème semestre… «Nous avons subi une explosion du prix des matières premières, jusqu’à +150 euros/tonne en 15 jours !», s’exclame Jean-Luc Bruel. Et d’évoquer aussi l’impact de la sécheresse sur les effectifs de l’automne engendrant une baisse d’activité en agneau laiton. Et les conséquences de l’inflation sur le prix des produits alimentaires : «Au début de la crise, les distributeurs étaient en attente, ils n’avaient pas augmenté les prix de l’agneau mais à partir de mi-septembre, ils ont fait grimper les prix ce qui a forcément freiné la consommation», note Jean-Luc Bruel.
Des retours aux producteurs
«Aujourd’hui encore, la situation reste tendue et soumise à une forte volatilité. Les éleveurs, au vu de ce contexte, ont baissé les effectifs et l’offre s’est réduite». Ainsi l’activité en agneau sous la mère est en baisse (-3 000 agneaux environ) du fait de quelques arrêts de production, de baisse de cheptels, du climat… Mais les effectifs se stabilisent dans les autres catégories. Après une année 2021 exceptionnelle, la production d’agneau laitier subit elle aussi, une baisse depuis l’automne. La nouvelle réglementation sur l’usage des antibiotiques n’est peut-être pas étrangère à cette situation… «Nous arrivons à maintenir l’équilibre du marché mais nous sommes interrogatifs quant au développement de l’engraissement…», confie Jean-Luc Bruel. Au sein d’Agno Interpro, APROVIA travaille aux bonnes pratiques d’engraissement et à la recherche de solutions pour maintenir la compétitivité des ateliers.
Sur nombre de dossiers, l’organisation de producteurs se veut force de solutions : en lien avec l’entreprise familiale Greffeuille qui l’accompagne depuis ses débuts, APROVIA a développé plusieurs segments de valorisation de ses produits. Elle encourage ses adhérents naisseurs à garder quelques agneaux à engraisser qu’elle valorise avec Greffeuille sous la marque Anious. Autour d’un cahier des charges en lien avec des fabricants d’aliments, elle a valorisé 4 000 agneaux sous cette marque locale pour sa 3ème année d’existence, soit 7% de son activité de 110 000 agneaux ! «76% de nos agneaux sous la mère sont vendus sous une marque (label rouge, IGP, Allaiton sélection, Anious, Agnobio)… Notre stratégie est bien celle d’une valorisation pour nos producteurs et d’une dynamique dans le commerce», rappellent les responsables de l’OP et de l’entreprise Greffeuille. Et de confirmer ce retour par la prime de qualité de 2,64 euros/agneau commercialisé pour les éleveurs en 2022 (participation aux résultats de Greffeuille). Ou encore la Sélection Or mise en place depuis 2022 toujours par Greffeuille au moment de Pâques et qui a permis un retour aux éleveurs à hauteur de 10 000 euros.
APROVIA travaille aussi à l’attractivité du métier d’éleveur ovin en participant aux travaux de recherche et développement menés à l’échelle européenne sur l’amélioration des conditions de travail, de l’astreinte… ou encore sur son impact sur l’environnement… Une soixantaine d’éleveurs en label ont, par exemple, réalisé un diagnostic CAP2ER sur leur exploitation pour mesurer leur empreinte carbone.
«On sent un regain d’intérêt pour notre production avec quelques contacts de personnes intéressées pour se lancer… Cet engouement fait plaisir et nous encourage à aller de l’avant», conclut Jean-Luc Bruel.
Eva DZ
aprovia+tabardel+Jean-Luc Bruel