National | Par Didier Bouville

Agribashing : une convention pour lutter contre «l’insécurité agricole»

Christophe Castaner, Christiane Lambert et José Jaglin (Actuagri).

La convention va faciliter l’échange d’information entre les agriculteurs et la gendarmerie en vue de gagner en efficacité opérationnelle. Les atteintes aux biens dans le domaine agricole sont encore en hausse cette année.

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner s’est rendu le 13 décembre dernier sur deux exploitations finistériennes victimes d’actes d’intrusion accompagné de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et de José Jaglin, secrétaire général adjoint de JA. A cette occasion, une convention quadripartite a été signée entre le ministère de l’Intérieur (MI), la Gendarmerie Nationale (DGGN) et les deux organisations agricoles afin de renforcer les liens entre la gendarmerie et les agriculteurs. La convention complète et renforce une précédente datant de 2014 qui portait essentiellement sur les vols sur les exploitations.

Depuis cette date, la multiplication des actes d’intrusions et d’agressions émanant d’associations activistes a en effet nécessité son renforcement afin d’instaurer les conditions d’un échange régulier d’information entre agriculteurs et forces de l’ordre. Elle entend également renforcer la prévention en garantissant des diagnostics de sécurité pour les exploitations. Enfin elle donne la priorité aux interventions des forces de l’ordre pour protéger les agriculteurs confrontés à des agressions violentes, avec des enquêtes renforcées. « Rien ne justifie une quelconque intimidation », a martelé Christophe Castaner lors de la présentation du dispositif. « Nous devons assurer la sécurité des agriculteurs et les défendre, impérativement».

De leur côté, les agriculteurs avec à leurs côtés la FNSEA et JA, seront amenés à transmettre les éléments susceptibles d’orienter les actions des gendarmes comme l’identité des exploitations vulnérables ou les périodes à risque et leur permettre ainsi de mieux comprendre les enjeux et les groupes concernés en vue de les démanteler.

Un bilan encore négatif en 2019

Le bilan 2019 des atteintes aux biens commises au préjudice du monde agricole affiche une hausse de +1,5 % (+216 faits) pour un total de 14 498 faits enregistrés soit deux atteintes chaque heure, indique le ministère de l’Intérieur. Deux tiers d’entre-elles (64,5%) sont constituées de vols simples (sur ou hors exploitations agricoles), en baisse de -2,2 %. Dans le détail, les vols avec violences (24 faits) comme les vols dans ou sur véhicules (1 310 faits) reculent respectivement de -31,4 % et -10,1 %. A contrario, on assiste à une recrudescence des destructions et dégradations (+23,3 % pour un total de 1 675 faits), des cambriolages et vols par ruse (+16,2 % pour un total de 1 484 faits) et des vols de véhicules (+10,2 % pour un total de 657 faits). Les crimes et délits dont sont victimes les agriculteurs se caractérisent par une forte logique saisonnière, connaissant leurs pics au printemps et en été. Après un début d’année marqué par la hausse continue de ces actes à l’encontre du monde agricole, une inversion de tendance s’observe à compter du mois d’août 2019, comparé aux mêmes mois 2018.

Ce que contient comme actions la convention FNSEA/JA/DGGN/MI

Points de situation semestriel entre DGGN/FNSEA/JA

– Evolution des modes opératoires de la délinquance touchant le secteur agricole,

– Création d’une cellule dédiée, nommée Demeter, à la DGGN,

– Transmission des attentes et besoin des agriculteurs.

Partage de contacts FDSEA / Groupements de gendarmerie départementale

– Mise en place de contacts fréquents,

– Transmission par les FDSEA d’éléments susceptibles d’orienter l’action des unités territoriales,

– Information quant aux évènements/réunions organisés par les FDSEA.

Contacts directs entre agriculteurs et compagnies et unités territoriales

– Développer une coopération basée sur une connaissance et une confiance mutuelle.

Conseils organisationnels et techniques auprès des exploitations

– Accompagnement (consultation et diagnostic de sureté) des unités territoriales visant à réduire les éventuelles vulnérabilités constatées,

– Identification et transmission par les FDSEA des exploitations évaluées comme les plus vulnérables ou sensibles.

Mobilisation de la DGGN visant à démanteler les groupes criminels itinérants visant le monde agricole

– La FNSEA et JA s’engagent à transmettre tout élément permettant d’orienter son action.

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