Aveyron | Par La rédaction
Les CUMA de Saint Juéry, Brasc avec Martrin ont créé une interCUMA autour d’une activité bois. Témoignage.
L’idée trottait dans la tête d’un petit groupe d’adhérents de la CUMA de Saint Juéry de s’équiper d’un combiné bois qui facilite la coupe de bois-bûche et améliore le rendement des chantiers bois. Mais face à l’investissement, difficile d’en faire une activité attractive pour un nombre limité d’adhérents ! «Chacun avait l’habitude de faire son bois, chacun de son côté sans être trop équipé. Nous avions assisté à une démo organisée par le PNR des Grands Causses, d’un combiné bois appartenant à la CUMA de Saint Sever et nous avons vraiment été séduits par le débit de chantier !», se souvient Thierry Roques, ancien trésorier de la CUMA de Saint Juéry et toujours au bureau.

«Face au coût du matériel, nous avons proposé aux CUMA voisines, de Brasc et Martrin, de s’associer au lancement d’une activité combiné-bois», poursuit-il. «Chez nous sur le secteur de Brasc, on était aussi un petit groupe d’adhérents intéressés, nous nous sommes retrouvés pour en parler et tout est allé assez vite», reconnaît Aurélien Costes, responsable du combiné bois pour le secteur de Brasc.
Une collaboration réussie
En effet, à la CUMA de Saint Juéry, les responsables avaient déjà chiffré un projet d’équipement : «Sur un petit groupe de moins de 20 adhérents, pour l’activité ponctuelle d’un combiné-bois, essentiellement autour du chauffage privé, difficile de proposer un tarif attractif… En revanche en s’associant à plusieurs CUMA locales du coin, nous avons réuni autour de 42 adhérents intéressés et nous avons pu démarrer !», raconte Aurélien Costes. En 2014, les CUMA locales de ce grand secteur du sud Aveyron ont investi dans leur premier combiné bois associé à un fendeur horizontal.
«Concrètement, c’est la CUMA de Saint Juéry qui porte l’investissement et les CUMA de Brasc et Martrin adhèrent à l’activité. Nous avons désigné un responsable du combiné sur le secteur de Brasc, Aurélien et un autre sur le secteur de Saint Juéry, Mathieu Constant et un responsable du fendeur, Michel Puech sur Brasc et Aurélien Viala sur Saint Juéry», détaille Thierry Roques.
«L’organisation de l’activité est assez fluide et très facile pour nous, responsables du matériel malgré un rayon d’activités d’une vingtaine de kilomètres», confirme Aurélien Costes. «Les adhérents nous appellent pour réserver le matériel assez tôt et on se coordonne entre responsables. Puis ils vont chercher le matériel rangé soit au hangar de Saint Juéry, soit à celui de Brasc». De fait, quand en 2021, la question du renouvellement du combiné bois s’est posée, tout s’est fait naturellement dans la continuité avec un nombre d’adhérents stable.
«Nous avons choisi un combiné identique mais qui désormais grâce à un deck sur le côté, permet de stocker les arbres entiers d’un diamètre maximum de 40 cm, avant de les passer dans le combiné pour ressortir en bûches de 25 à 50 cm selon le réglage choisi», détaillent Thierry et Aurélien. «Ce système permet d’accélérer le débit de chantier. A renouveler, nous avons choisi un matériel plus efficace pour un chantier plus facile à mettre en place», résument les deux agriculteurs. Plus de confort, plus de sécurité aussi pour les utilisateurs. «La prise en main est assez simple. Le combiné s’attèle derrière le tracteur des adhérents qui utilisent leur propre chaîne de coupe», appuie Aurélien. Avec son collègue, Mathieu, il assure l’entretien de la machine au besoin. «Franchement nous n’avons jamais eu de panne, c’est un matériel très fiable, très bien suivi par notre fournisseur Occamat qui assure le SAV».
Chaque adhérent à l’activité combiné bois et fendeur s’acquitte d’une part fixe (50 euros) à l’année puis un compteur installé sur la machine totalise pour chacun, le nombre d’unités, qui sera ensuite facturé en fin d’année. «Si je prends mon exemple personnel. Pour 25 stères réalisés, tout compris, l’activité me coûte autour de 180 euros en un seul jour de travail», témoigne Thierry. «Le chantier est donc réalisé rapidement, sans gros effort physique. Honnêtement, je ne reviendrai pas en arrière pour faire mon bois !», sourit-il, heureux de pouvoir ainsi bénéficier de plus de temps pour d’autres tâches sur la ferme.
Une organisation fluide
«En moyenne, les adhérents réalisent entre 25 et 30 stères à l’année. Il s’agit surtout de chauffage privé pour eux, leur entourage à partir de la valorisation du bois de leur bord de champs ou de chemin», explique Aurélien. «Nous ne sommes pas sur de gros volumes et d’ailleurs bien souvent ce bois nous suffit amplement». La mise à disposition du combiné bois à leurs adhérents a permis de créer de nouvelles activités pour chaque CUMA : la remorque forestière à Brasc par exemple. Et chacune a gardé aussi ses fendeuses simples souvent utilisées par les agriculteurs retraités qui continuent de faire leur bois.
Une belle convivialité
Autour de cet équipement, les deux responsables évoquent aussi le lien humain entre leurs CUMA : «Les adhérents se retrouvent une fois par an pour faire le point sur l’activité et bien sûr la rencontre se termine autour d’un apéro ! Cette activité nous permet de nous retrouver entre agriculteurs d’un même secteur mais parfois éloignés sans possibilité de se rencontrer. On apprend beaucoup de ces échanges sur nos fonctionnements, pratiques respectives… en CUMA mais au-delà aussi !», témoignent Thierry et Aurélien. «Et puis ces échanges peuvent ouvrir la porte à d’autres collaborations sur de nouvelles activités…», avancent-ils.
«Cette expérience réussie nous montre que nous sommes en capacité de nous entendre, de travailler ensemble. Etant moins nombreux sur nos fermes et face au coût plus élevé du matériel, l’investissement en commun nous prouve encore une fois qu’il constitue une bonne solution pour l’avenir sur nos fermes et pour les jeunes qui arrivent», argue Thierry Roques. «C’est un argument de poids dans l’attractivité de notre métier !».
Eva DZ
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