Aveyron | Par La rédaction
Sur le modèle du concours agro-écologique en agriculture qui met à l’honneur les prairies fleuries, le sylvotrophée récompense les initiatives vertueuses des propriétaires forestiers. Les Parcs naturels du Massif central participent à cette opération qui contribue à reconnaître et valoriser la gestion durable des forêts de leur territoire. Le Parc naturel régional des Grands Causses a ainsi mis à l’honneur plusieurs propriétaires forestiers de l’Aveyron, pour leurs pratiques.
Un jury d’expert évalue l’approche multifonctionnelle des propriétaires forestiers et leur gestionnaire sur leur parcelle © Jérôme Bussière – PNR Grands Causses.
Organisé par les Parcs du Massif central, épaulés par l’association Inter-Parc du Massif central (IPAMAC), le sylvotrophée est un concours forestier destiné à promouvoir les pratiques de gestion durable définies sous trois fonctions : économique, sociale et environnementale. Il met ainsi en valeur les propriétaires forestiers et les gestionnaires ayant adopté ce type de gestion dit «multifonctionnel».
En 2021, le Parc naturel régional des Grands Causses s’est associé à la délégation d’Occitanie du Centre national de la propriété forestière (CNPF Occitanie) pour organiser un premier concours. Mais les épisodes qu’a connu la forêt en 2022 n’ont pas permis d’organiser une remise de trophée, c’est chose faite depuis cet été ! Le 18 juillet, à Verrières, sur la commune du propriétaire forestier lauréat, l’ensemble des partenaires se sont retrouvés pour récompenser les participants.
«Le sylvotrophée est un bel outil de communication auprès des propriétaires forestiers, du grand public pour les sensibiliser aux pratiques vertueuses réalisées sur les massifs forestiers qu’ils soient publics ou privés», présente Jérôme Bussière, chargé de mission Biodiversité, forêts et zones humides au Parc naturel régional des Grands Causses. «Etant donné que sur notre territoire du PNR, 90% de la forêt est privée (à l’image de l’ensemble de l’Aveyron), nous nous sommes rapprochés du CNPF qui accompagne les propriétaires forestiers pour faire connaître ce trophée et le promouvoir auprès d’eux», poursuit-il. À travers cette initiative, peuvent ainsi être mis en avant les programmes de suivis de chantiers sur la sylviculture mais aussi les pratiques alternatives… Par exemple sur le sud Aveyron, en lien avec la Chambre d’agriculture, le sylvopastoralisme s’est développé. A cela s’ajoutent des attentes plus poussées de la société vis-à-vis de l’intérêt des forêts : mieux connaître cette ressource qui contribue au tissu socio-économique locale et mieux comprendre comment elle est gérée… Pour exemple, sur le sud Aveyron, la forêt génère plus de 1 000 emplois !
Une forêt multifonctionnelle
«Le sylvotrophée promeut une sylviculture qui prend en compte les enjeux environnementaux de la forêt c’est-à-dire son rôle dans la biodiversité, dans le cycle de l’eau, en tant que puits de carbone… mais aussi ses enjeux sociaux (auprès des utilisateurs, chasseurs, randonneurs, cueilleurs de champignons…) et économiques (plans de gestion, production…)… Nous voulons mettre en avant les propriétaires forestiers qui ne voit pas dans leur bien que la production de bois mais qui ont aussi une vision globale et multifonctionnelle de leur bien», détaille Jérôme Bussière.
Pour départager les candidats, un jury se déplace sur les parcelles, il s’agit d’experts qui, par leur regard croisé, évaluent cette multifonctionnalité. Pour le concours 2021, ils étaient trois spécialistes à venir à la rencontre des propriétaires forestiers candidats : Rémy Blazin, ancien chargé de mission Bois énergie à la CCI de Lozère, chargé d’affaire à la SEM Causse Energia pour le collège forestier, Didier Hermant, enseignant à la MFR de Valrance, président du Conseil scientifique du PNR des Grands Causses pour le collège biodiversité et Fabien Daunas, chargé de mission Paysage au PNR des Grands Causses pour le collège société. Un lauréat a été désigné pour chaque catégorie et le jury a partagé également un coup de cœur pour un propriétaire particulièrement passionné (lire encadré). «Au-delà des travaux de gestion, de suivi d’une forêt, nous sommes aussi attentifs à la passion communiquée par le propriétaire sur ses pratiques», avance Jérôme Bussière. «Il y a aussi une part de subjectif issue des échanges entre les membres du jury, les propriétaires, les gestionnaires !», sourit-il.
Le grand lauréat 2021 est une parcelle de la SCI des Pincelles sur la commune de Verrières. Les propriétaires, Jean-François et Michel Terrasse et leurs experts forestiers, ont su transmettre leur vision de la forêt. Ils ont présenté une parcelle de Douglas sur le causse rouge, sur laquelle ils ont réalisé des éclaircies pour créer une irrégularisation dans les parcelles plantées, en vue d’une production future de bois d’œuvre. Leur objectif était d’améliorer la diversité des essences présentes, de mettre en place une différenciation d’âge dans les arbres… «Nous avons compris leur vision sylvicole de la production pour alimenter une filière locale mais aussi leur vision naturaliste pour favoriser la biodiversité à travers les multiples essences, leur vision paysagère avec une bonne intégration de leur gestion dans le cadre de vie et enfin une vision sociale avec l’ouverture de leur forêt aux chasseurs, aux cueilleurs…», résume Jérôme Bussière.
Un bel exemple de pratique vertueuse de gestion d’une forêt !
Eva DZ
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