Aveyron | Par eva dz
Les ministres de l’agriculture se sont réunis pour un avant-dernier conseil agricole sous la présidence suédoise. Parmi les nombreux sujets abordés, les conséquences de la guerre en Ukraine sur les marchés et la sécheresse qui ont animé les débats.
Selon les termes du commissaire à l’agriculture Janusz Wociejchowski, «les conséquences de la guerre en Ukraine se traduisent par l’augmentation des coûts des intrants dans les 27 États membres et des conséquences plus spécifiques pour les cinq États membres frontaliers : Pologne, Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Slovaquie». Il a justifié les massives importations ukrainiennes qui ont augmenté de 6 milliards d’euros (Md€) sur une période de 7 mois, dont 80 % ont été «orientées» vers les pays frontaliers. C’est ainsi que sept millions de tonnes de céréales ont transité par la Roumanie, a pu chiffrer la Commission européenne. Ce sont notamment ces importations massives qui avaient conduit le ministre polonais de l’agriculture, Henryk Kowalczyk, à démissionner de son poste début avril et la Commission à surseoir à ces importations lors du conseil du 25 avril. Cette dernière envisage de prolonger l’interdiction (clause de sauvegarde) jusqu’en octobre, pour éviter de trop grandes difficultés pendant la campagne. En effet, les stocks dans les cinq États membre frontaliers sont aujourd’hui plus importants qu’en Ukraine. Cependant, il se peut que cette clause de sauvegarde dont le terme arrivait le 5 juin ne passe pas l’année 2023. Ceci pour deux raisons : tout d’abord parce que la campagne céréalière ukrainienne s’annonce très modeste, en réduction de 40 % par rapport à celle de 2022. Ensuite parce que, le ministre ukrainien de l’Agriculture Mykola Solsky, présent à ce Conseil agricole, a clairement indiqué qu’il était opposé à la prolongation de cette interdiction fut-elle temporaire. Sur le corridor de la Mer Noire qui a été reconduit jusqu’au 18 juillet prochain, Mykola Solsky a émis le souhait que la palette de ce corridor soit élargie au Danube, et donc au transport fluvial.
Spécificités nationales
La sécheresse a aussi alimenté les débats des 27 ministres de l’agriculture. La délégation portugaise s’est déclarée très «préoccupée» de la situation hydrologique dans de nombreux pays du Sud de l’Europe. Le manque d’eau se fait cruellement sentir sur les cultures (céréales, fruits, légumes) et l’élevage. Appuyée par une quinzaine de pays dont la France, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie, le Portugal a demandé à la Commission des mesures pour atténuer la situation en tenant compte de la situation financière des exploitations agricoles. C’est pourquoi, la Commission a décidé de débloquer les 250 millions d’euros restant de la réserve financière utilisable en cas de crise d’un montant total de 450 M€. Cette enveloppe devrait être redistribuée, dans des modalités restant à définir, entre les États membres, «en tenant compte des spécificités nationales», a précisé le Commissaire. Autant dire que ces 250 M€ s’avèrent d’ores et déjà insuffisants. C’est d’ailleurs ce qu’a souligné le Copa-Cogeca qui appelle «à trouver des sources de financement supplémentaires», c’est-à-dire en dehors du budget de la PAC. Demandant à évaluer les demandes d’activation des mécanismes de soutien… de la PAC, le commissaire Wociejchowski a également insisté sur la nécessité de prendre des mesures de long terme «en investissant les efforts dans des stratégies de gestion du risque et en permettant aux agriculteurs d’atténuer l’impact du changement climatique», a-t-il indiqué. En tout état de cause, l’Observatoire des sécheresses confirme que les dégâts sont déjà très importants notamment au Portugal, en Espagne et dans la région Occitanie.
Christophe Soulard