Aveyron | Par Jérémy Duprat
Du lait à 0,84 euro le litre et du beurre au lait irlandais.
Pour exprimer leur «ras-le-bol», les producteurs de lait FDSEA-JA se sont rendus au Leclerc d’Onet-le-Château vendredi 3 novembre. Suite à l’appel de la FNPL fin septembre, les producteurs de lait de la FDSEA et des JA ont réalisé deux relevés de prix et d’origine du lait dans deux GMS. Ils ont alors constaté que l’enseigne Leclerc vend du beurre, sous sa marque distributeur, avec du lait d’origine irlandaise. Ils ont également observé que l’enseigne propose son lait premier prix à 0,84 € / litre. Et même si l’étale derrière l’étiquette de la marque premier prix était vide, les éleveurs ne s’y sont pas trompés. Ils ont d’ailleurs constaté, quelques minutes plus tard, qu’un magasinier est venu avec son transpalette rempli de briques de lait tenter de réapprovisionner le rayon. Avant de se faire rabrouer par un responsable qui assurait qu’il n’y avait plus de lait premier prix à la FDSEA et à JA, et visiblement gêné face à la présence de l’employé.
Une situation «inadmissible pour la filière laitière dont la collecte de lait continue de baisser, dont les charges de production continuent d’augmenter et dont l’enjeu du renouvellement des générations est une priorité pour assurer la souveraineté alimentaire de demain. Les éleveurs ne doivent pas être la variable d’ajustement dans la fixation du prix du lait. Le duo import et guerre des prix est donc de retour au moment où les négociations commerciales démarrent : une telle provocation ne peut rester sans réponse», affirment FDSEA-JA.
Sur 12 mois glissants, le prix du lait français demeure inférieur au prix du lait de nos voisins européens. Il est de : 468 € / 1000 litres en France contre 509 € en Irlande et 501 € en Allemagne. Tout le travail accompli depuis l’été 2022 sur la valeur ne doit pas être remis en cause. «Il est important de rappeler l’importance de respecter la construction du prix en marche avant, dans le cadre des négociations commerciales entre industriels et distributeurs, afin que soient pris en compte les indicateurs, dont celui du prix de revient», rappellent les syndicats.
En effet, ce dernier est en hausse de plus de 7 % par rapport à 2022. «Cela confirme la réalité vécue dans les fermes avec l’augmentation des charges de production. Le prix 2024 ne pourra pas être inférieur au prix de 2023 si l’objectif est de maintenir la production de la filière laitière française et d’assurer l’avenir des nouvelles générations. La souveraineté alimentaire passe par une juste rémunération des producteurs» estiment FDSEA-JA.
Pour éviter de payer le lait à sa juste valeur, certains acteurs comme l’enseigne Leclerc, font le choix de s’approvisionner à l’étranger. Comme la visite des éleveurs dans l’enseigne d’Onet-le-Château le prouve. «La FDSEA et les JA de l’Aveyron dénoncent cette attitude. Ne sacrifions pas la production française pour défendre le pouvoir d’achat. Les éleveurs ne seront pas la variable d’ajustement des négociations entre industriels et distributeurs : aucun retour en arrière sur Egalim 1 et 2 ne sera accepté», concluent les deux syndicats.
Jérémy Duprat