National | Par La rédaction
Début novembre, le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de résolution demandant la mise en place d’un agenda rural européen qui serait portée par la France lors de sa présidence de l’Union européenne entre le 1er janvier et le 30 juin 2022.
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«Il faut donner une politique européenne ambitieuse à destination des territoires ruraux», a déclaré le sénateur Patrice Joly, à l’initiative de la proposition de résolution. Élaboré comme le pendant de l’Agenda urbain de l’Union européenne de 2015, «cet agenda rural européen constituerait une feuille de route stratégique à décliner dans chaque État-membre en tenant compte de leurs caractéristiques et de leurs problématiques propres», a-t-il ajouté. A travers ce texte, les sénateurs entendent que l’Europe s’appuie sur le rapport prospectif que la commission avait publié en juin : «Vers des zones rurales plus fortes, connectées, résilientes et prospères à l’horizon 2040». Car aujourd’hui, les territoires ruraux ne s’y retrouvent pas, en termes de cadre de vie, d’accès à la santé, au numérique, en termes de mobilité, d’environnement, d’énergie et même d’alimentation.
Le sénateur regrette le mode «incantatoire» des instances européennes qui ne déploient pas les budgets nécessaires : «Aucun moyen financier supplémentaire n’est prévu pour atteindre les ambitions affichées. Elles ne sont composées que de dispositifs financiers déjà existants», a-t-il expliqué. Pour lui, le sentiment d’abandon se révèle toujours plus prégnant chez les citoyens ruraux parce qu’il est nourri par les réorganisations réduisant l’accessibilité des services d’État ou d’opérateurs.
Défi climatique
«Cette volonté de revitaliser la ruralité fait écho au manifeste pour les ruralités vivantes présenté par la FNSEA lors de son 75ème congrès», a souligné Henri Biès-Péré, deuxième vice-président de la FNSEA. Le principal syndicat agricole y mentionne dix propositions d’urgence, majoritairement axées sur l’agriculture, parmi lesquelles, «faciliter l’installation et la transmission en milieu rural pour atteindre 100 000 entreprises durables reprises ou nouvellement implantées dans des communes très peu denses d’ici 2030», «faire de nos exploitations agricoles et de nos entreprises rurales les moteurs de l’atteinte de la neutralité carbone dans nos territoires» ou encore «revitaliser 10 000 centres-bourgs d’ici 2050» et «encourager les investissements durables». Ces propositions permettront, selon la FNSEA, de relever 4 défis : celui de l’emploi ; celui du dialogue avec tous les acteurs locaux (élus, entreprises, associations…) ; le défi climatique et enfin le vivre ensemble.
Parlement rural français
Mais pour Patrice Joly, «il faut aussi penser la ruralité au-delà de la PAC», a-t-il plaidé ne cachant pas sa volonté de déconnecter les deux piliers de cette politique intégrée de l’Union européenne. «Il faut séparer le deuxième pilier de la PAC du premier pour en faire une politique à part entière et l’articuler avec le premier. L’un des objectifs est de reconnaître les aménités* des territoires ruraux», a insisté le sénateur pour qui les zones rurales jouent un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs du Pacte vert de l’Union européenne : transition énergétique, climatique, environnementale, sanitaire et alimentaire. «On a envie que la ruralité ait un avenir». Reste que du côté du groupe monde rural, l’appréciation diffère quelque peu. «Le travail effectué par le sénateur Joly va certes dans le bon sens et il faut que l’Union européenne alloue les moyens nécessaires à une politique rurale européenne dynamique. Mais il ne faut pas obérer le budget agricole car notre secteur d’activité qui est une composante essentielle de la ruralité doit conserver tous ses moyens», a insisté Henri Biès-Péré un peu agacé que certains veuillent piocher dans la manne de la PAC.
Ce cadre global devrait faire l’objet d’une réunion du Parlement rural français le 9 décembre. Ce sera la 2ème session de ce Parlement. Mais cette fois-ci, c’est Bruxelles qui sera le théâtre des échanges, avant une grande manifestation prévue à Strasbourg le 3 février 2022 sous le slogan «Ruralisons l’union européenne». Les zones rurales constituent l’espace de vie de 137 millions d’Européens, soit 30 % de la population, répartis sur 80 % du territoire de l’Union.
Les «conquérants de la ruralité» réunis
Organisées par la députée Yolaine de Courson et ses équipes, les premières Rencontres de la ruralité conquérante se sont tenues à Venarey-Les Laumes (Yonne) le 6 novembre. L’objectif était «de donner une vision plus dynamique et moderne du monde rural, à travers des initiatives, des conférences et des témoignages d’élus, de professionnels, d’habitants». Les nombreux débats ont porté sur la relocalisation des activités et l’économie de proximité, sur la transition énergétique et bien entendu sur la manière de «repenser l’agriculture et l’alimentation dans un milieu rural en pleine transition». Le Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou a lancé cette première journée et qui a évoqué les enjeux du numérique et de la mobilité.
*A comprendre comme des «biens publics locaux non produits».
La rédaction