National | Par Jérémy Duprat
Naïo Technologies est le leader mondial de la robotique agricole. Une entreprise toulousaine qui en a sous le capot et qui souhaite faire rayonner l’Occitanie et la France.
Plusieurs mois ont passé depuis le FIRA, le Salon international de la robotique agricole, qui s’est tenu à Toulouse en début d’année. «Il y a eu pas mal de visiteurs internationaux. Notamment des distributeurs qui sont passés. Il y a de bons signaux pour pouvoir bientôt fournir les machines dans de nouveaux pays en Europe et ailleurs. Nous essayons de propager le savoir-faire français. Récemment nous avons ouvert le marché d’Afrique du Sud, avec un salon au cours duquel un distributeur a montré pour la première fois le robot Orio, un porteur grandes cultures, pour une sortie sur le continent africain. C’est un grand beau moment», dévoile Flavien Roussel, rédacteur marketing chez Naïo.
Chez Naïo, on croit au robot agricole. C’est pour cela qu’ils sont continuellement testés, avec l’espoir de les améliorer toujours plus. Et surtout de les armer au mieux pour la réalité du terrain. «Concernant le Orio par exemple nous avons semé du tournesol, biné et désherbé. Nous multiplions les essais avec différents outils pour observer le comportement du robot. Et puis il y a aussi l’aspect productivité. Si nous savons que le robot peut avoir un débit de 5 heures par jour, dans le cadre légal nous n’avons pas le droit de porter une machine qui dépasse la largeur du robot contrairement à un tracteur. Est-ce que l’agriculteur qui aurait 25 hectares de maïs peut utiliser le robot sur 5 jours pour produire un binage mécanique sans avoir à sortir un tracteur ? C’est à ce genre de questions auxquelles nous tentons de répondre», dévoile Flavien Roussel.
Pour l’instant, en Aveyron, il n’y a pas encore l’ombre d’un robot Naïo. «Pour le contexte aveyronnais, ce qui se défendrait d’ici quelques années, c’est d’utiliser ce porteur pour aller désherber quand il y a du chardon ou des joncs, avec des outils qui arrivent à vraiment désherber que ça. Par exemple, en Écosse il existe des machines à désherber qui ressemblent à des caissons, avec un rouleau horizontal recouvert de moquette, qui détecte les adventices. Le rouleau caresse les plantes, à l’envers de la feuille, et tue l’adventice sans mettre une goutte d’herbicide sur la pâture», imagine Flavien Roussel.
Et si la première acquisition aveyronnaise se faisait au sein d’une CUMA ? «Nous avons l’exemple de 3 utilisateurs qui ont acquis le robot chenillard Jo ensemble dans l’idée de travailler des parcelles compliquées. Le tracteur ne passait pas vraiment au niveau des manœuvres, c’était assez risqué. Le robot tourne sur lui même, il a de l’adhérence. Et pour ces agriculteurs, sortir le tracteur sur la route, l’amener dans le champ, faire les manœuvres… En bout de course, le débit total de la journée n’était pas fameux du fait de ces temps de transitions. Le robot travaille 1/2 journée avec une surveillance à la pause pour voir si tout se passe bien. Cela permet de planifier le travail. Par exemple au moment de pulvériser dans les champs. Si pendant ce temps un robot s’occupe d’autres tâches, c’est un atout non négligeable. Les agriculteurs peuvent le mutualiser suivant la capacité du robot et les besoins de chacun. Souvent les gens testent, et voient sur 3 ou 4 ans si le robot leur convient. Si c’est le cas, souvent ils en prennent un second», estime Flavien Roussel.
Dans un monde agricole qui ne souffre pas d’un manque d’acquisition onéreuse, les robots ne partent-ils pas avec un handicap du fait de leur prix ? «Je ne pense pas que les paysans sont réticents à investir. Au contraire : avec le photovoltaïque, ils ont calculé que l’investissement était rentable. C’est un pari que les agriculteurs sont capables de faire. Une carrière c’est au moins 40 ans. Sur ce temps, il suffit de calculer le prix d’un chauffeur, du gasoil, et le temps passé sur le tracteur. Tout investissement se calcule. Après, un robot n’est pas à mettre en concurrence directe avec le tracteur au niveau économique», assure Flavien Roussel.
Car le principal retour des possesseurs de robot Naïo ne concerne pas le retour sur investissement. «C’est un facteur difficile à calculer, parce que les gens satisfaits ne le calculent tout simplement pas. Ils réalisent surtout le temps gagné et la pénibilité au travail réduite. C’est un peu comme pour un robot de traite. Le robot s’attaque aux tâches pénibles et longues. Ce qui fait que le suivi du troupeau est plus efficace car l’éleveur dispose de davantage de temps. Souvent, ils ne regrettent pas d’investir parce que le retour vis-à-vis de leur qualité de vie est largement positif», explique Flavien Roussel.
Jérémy Duprat