National | Par Didier Bouville
En France, des millions de postes de travail se libéreront d’ici 2030. Beaucoup de métiers devraient parvenir à recruter les candidats nécessaires. Selon une étude du ministère du Travail, seule la moitié des agriculteurs en fin d’activité trouverait un successeur.
Informatique ou agriculture ?
Le paysage socio-économique de la France des huit prochaines années se dessine maintenant. D’ici 2030, des millions d’emplois seront créés pour remplacer une génération d’actifs prêts à partir à la retraite ou pour occuper des postes nouvellement créés. Mais y aura-t-il seulement assez de candidats?
Sur le million de postes à remplacer d’ici 2030 « certains (…) connaîtront une forte croissance, dans l’informatique, les métiers liés aux soins et à l’aide aux personnes âgées, les métiers qualifiés du bâtiment, les cadres du privé (hors finance), tandis que d’autres verront leurs effectifs diminuer », indique la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) qui dépend du ministère du Travail.
Dans le secteur agricole, la réponse à la question posée est clairement « non », affirme-t-elle dans sa récente étude intitulée « Les métiers en 2030 ». 180 000 agriculteurs, sylviculteurs, bucherons et éleveurs cesseront leur activité d’ici 2030 mais seuls 93 000 d’entre eux trouveraient un successeur. Selon elle, la baisse tendancielle du nombre d’agriculteurs en activité se poursuivra (- 26 000) et 70 000 exploitants en fin de carrière n’auront pas trouvé de remplaçant d’ici 2030, en raison notamment de la faible attractivité des métiers proposés. Autrement dit, dans l’agriculture, l’emploi continuerait à se contracter dans la décennie à venir et ne représenterait plus que 2 % de l’emploi national en 2030 – contre 3 % en 2019 et 4 % en 2000.
Lueurs d’espoir
En effet, depuis des dizaines d’années, les familles d’agriculteurs ne constituent plus un vivier suffisant pour remplacer les ainés sur le départ. En fait, les agriculteurs font partie, avec les personnels de ménages, les ouvriers du gros œuvre et les ouvriers du textile et du cuir, des métiers dont les effectifs ne sont pas amenés à croître d’ici 2030. Toutes ces professions vont être aussi confrontées à des difficultés de recrutement. En aval, l’agroalimentaire, moins affecté que les autres secteurs industriels par la baisse de ses effectifs au cours des 20 dernières années, bénéficierait de l’élan de réindustrialisation de l’économie nationale attendu d’ici 2030. Mais là encore, le nombre de candidats à l’embauche pourrait être insuffisant.
Il existe cependant quelques lueurs d’espoir dans l’hypothèse où la France accélère sa transition bas-carbone. L’agriculture et les activités forestières pourraient préserver environ 15 000 à 16 000 emplois car l’agriculture biologique est « plus intensive en main d’œuvre », indique le rapport de la Dares. Dans ce « scénario bas carbone », ce sont 200 000 emplois, tous secteurs confondus, qui seraient créés. L’agriculture et la forêt en représenteraient tout de même 7 à 8 %.
La rédaction