Aveyron | Par Jérémy Duprat
Les 11 et 12 novembre, JA a organisé un événement pour mettre en lumière le monde agricole auprès du grand public. Une réussite… Mais pas suffisante pour autant.
Les 11 et 12 novembre ont été bien remplis pour les JA. Célébrant l’agriculture aveyronnaise avec l’événement «Merci qui ? Merci les agris !», le syndicat a ainsi organisé une rencontre avec le grand public au gymnase de Sébazac. «Nous sommes contents de la tenue de l’événement. Nous sommes fiers d’avoir servi de bons produits, avec des burgers de race Aubrac par exemple. Tout était local, avec des partenaires comme le Moulin Calvet. Nous avons joué le jeu sur tous les produits proposés. La raclette a connu un grand succès également. Que ce soit avec les fromages au lait de vache, avec Montlait, ou au lait de brebis avec les Bergers du Larzac», explique la chargée de communication des JA Charlotte-Éléonore Jancenelle. Autour d’un millier de repas ont été servis sur les deux jours. Et JA estime le nombre de visiteurs à 1500.
Les familles étaient au rendez-vous. «Les jeux et activités proposées aux plus jeunes ont vraiment plu. Ils ont pu découvrir le métier via un parcours agricole ludique. Il y avait de la paille partout en vrac après le passage des enfants. Une preuve qu’ils se sont amusés. Si chaque enfant sur les mini-tracteurs s’assied sur un vrai tracteur une fois adulte, le renouvellement des générations est assuré», sourit Charlotte-Éléonore Jancenelle.
Ce week-end était également l’occasion de fêter les 50 ans de la DJA. «Nous avons pu rappeler que la DJA était une avancée obtenue par les JA. Des anciens installés ayant profité de la dotation sont venus pour une soirée en leur honneur. Nous souhaitions également rappeler que nous veillons à ce que les évolutions quant à l’installation aillent dans le bon sens. Il faut toujours être vigilant à ce qu’un acquis se conserve à travers les années. Au vue du contexte actuel, des nouvelles attentes sociétales, la DJA doit aussi s’adapter. En parallèle, nous pensons aussi que défendre les agriculteurs se fait au travers de moment conviviaux comme celui-ci. Faire du syndicalisme aujourd’hui, c’est aussi cela» estime la chargée de communication des JA.
S’adapter. C’est le mot d’ordre pour JA. «Nous avons un défi avec ces événements : aller chercher un public plutôt citadin. Nous sommes face à un constat après ce week-end. Il est compliqué d’aller cibler les citadins. Il y avait certes du monde au rendez-vous, mais pas assez à notre goût», partage Charlotte-Éléonore Jancenelle. Un constat dont le co-président des JA, Michaël Garrigues, s’empare également après avoir fait le point avec les membres du syndicat. «C’est notre déception. Nous souhaitons toucher plus largement le grand public. Un peu notre grande déception. Nous savons parler de notre métier aujourd’hui. Du moins je pense. Développer un attrait pour notre métier chez le grand public, c’est une autre question», explique le co-président JA.
Chaque enquête d’opinion le prouve : les Français ont majoritairement une vision positive de l’agriculture et de l’agriculture. Mais… «Je pense que tout le nœud du problème c’est qu’il y a une différence entre avoir une bonne opinion de l’agriculture et être intéressé par l’agriculture. Les gens sont venus, ont discuté avec nous, ont profité des jeux et des produits de notre territoire. Maintenant, nous souhaitons faire davantage. Il faut créer un véritable intérêt chez les jeunes, les familles, les enfants», développe Michaël Garrigues.
Une bonne image c’est bien. Le renouvellement des générations c’est mieux. «Ce défi articule bien évidemment chacun de nos événements. Les gens ont une bonne opinion de nous. Mais demain il faut qu’il y ait encore des agriculteurs. Nous devons trouver des gens intéressés par le milieu agricole, prêt à bosser dans les fermes où dans l’agroalimentaire et dans le machinisme. Et pour cela, il nous faut créer des vocations chez des personnes en dehors du milieu agricole. Et cela passe par de tels événements qui mettent la lumière sur le monde agricole», estime Michaël Garrigues.
Désormais, JA est sur le pont, prêt à réviser sa stratégie. «Déjà l’an dernier nous commencions à nous poser des questions. Peut-être sommes-nous arrivés au bout de nos idées actuelles et qu’il faut un renouveau ? Faut-il revoir le format de l’événement ? Est-ce que le public visé n’est pas le bon ? C’est aussi une grande question. Peut-être devrions-nous cibler davantage une population rurale ? Nous avons parfois des voisins à quelques kilomètres, dans la campagne, qui ne connaissent pas notre métier malgré leur proximité géographique», questionne le co-président JA.
Jérémy Duprat