National | Par Actuagri
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a rendu publique, le 3 septembre, une étude sur le départ des jeunes ruraux. Selon les statisticiens, «la moitié des jeunes des communes rurales ont quitté le foyer parental avant 19 ans». Avant tout pour des raisons éducatives ou professionnelles.

Village rural (Plieux-Gers) © Actuagri-CS
«Les jeunes ayant grandi en zone rurale quittent le domicile familial plus tôt que les jeunes urbains, notamment pour poursuivre leurs études en se rapprochant des établissements scolaires», annonce une étude de l’Insee. «Ainsi, parmi les jeunes entrés en 6e en 2007 et issus de communes rurales, 28 % sont partis de chez leurs parents durant les études secondaires, et 26 % autres sont partis au début des études supérieures, s’installant le plus souvent dans une commune plus urbanisée», précise l’étude. Ce phénomène qui marque aussi le passage à la vie d’adulte n’est pas nouveau. Déjà dans une étude publiée en 2022*, l’Insee remarquait que sur les 17,7 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes de 3 à 24 ans vivant en France en 2018, 30 % vivaient en milieu rural. «Compte tenu des mobilités résidentielles, la part des jeunes vivant dans une commune rurale augmente entre 3 et 13 ans, reste quasi stable entre 14 et 17 ans, puis chute de 9,5 points à l’âge de 18 ans. À la majorité, 20 % des jeunes ruraux partent s’installer en ville, principalement pour poursuivre leurs études», pointait alors l’étude.
Départs moins réversibles
Les statisticiens remarquent qu’aujourd’hui, «le premier départ du domicile parental s’effectue pour trois jeunes sur quatre entre 17 et 26 ans, mais l’âge de cette transition varie sensiblement selon le type de territoire d’origine. Parmi les quelque 750 000 jeunes entrés en 6e en 2007, 35 % ont grandi en zone rurale, 31 % en zone urbaine intermédiaire et 34 % en zone urbaine dense (…) A 17 ans, 25 % de ceux qui vivaient dans une commune rurale à leur entrée en 6e ont quitté le domicile parental, contre seulement 4 % de ceux ayant grandi dans une zone urbaine dense ; à 18 ans, ils sont 51 % dans ce cas, contre 16 %», précisent les statisticiens. Cet exode s’explique en particulier par le manque d’infrastructures éducatives adaptées en milieu rural. Passé le stade du collège, bien des élèves doivent faire 20-30 km et même plus pour poursuivre leurs études en lycée. Ce kilométrage peut grimper à plus de 100 km quand il s’agit d’intégrer le cursus universitaire. Mais «ces départs sont aussi moins souvent réversibles : 40 % des jeunes urbains retournent vivre au moins une fois chez leurs parents avant 27 ans, contre 51 % des jeunes issus de zones rurales». Une décohabitation sur cinq survient à l’entrée dans le supérieur. Cependant, «à 26 ans, un jeune originaire d’une commune urbaine dense sur six vit encore chez ses parents», ce qui n’est pas le cas des jeunes ruraux qui paraissent beaucoup autonomes. «Un déménagement du rural vers l’urbain s’observe également dans une moindre mesure lors d’une décohabitation consécutive à l’entrée dans la vie active : 38 % passent alors du rural à l’urbain, en raison de la concentration des offres d’emploi», indique l’étude de l’Insee.
(*) www.insee.fr/fr/statistiques/6035523
Christophe Soulard – Actuagri