National | Par Didier Bouville

«Les Raisins de Pierre-Joseph Redouté»

La genèse du livre « Les Raisins de Pierre-Joseph Rebouté », publié aux éditions Paulsen est en soi un conte de Noël. Il y a trois ans, en faisant du rangement dans les locaux de l’Académie d’Agriculture de France, un membre de l’Académie, André Fougeroux, découvre, oubliés sous des tas de chiffons, de magnifiques dessins de raisins. Il vient de mettre la main sur un trésor. Il s’agit de 83 aquarelles sur papier vélin représentant des raisins et leur morphologie foliaire.

Leçon d’histoire. Jean-Antoine Chaptal (1756-1832), scientifique et ministre de Bonaparte sous le Consulat, décide en 1802 de créer, dans les Jardins du Luxembourg, une pépinière de tous les cépages utilisés en France à cette époque. L’objectif est de les étudier, de les classer et de choisir les meilleurs, afin d’améliorer la qualité du vignoble et d’éliminer « les mauvais vins, piquettes de soif. » 670 cépages sont ainsi plantés dans les Jardins du Luxembourg.

Chaptal va demander à Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), l’un des plus grands peintres botanistes de l’époque, « le Raphael des fleurs », « l’aquarelliste de Joséphine de Beauharnais », de représenter ces cépages. C’est ce qu’il fera avec quelques amis peintres. Ce sont ces aquarelles, véritables oeuvres d’art par la richesse de leurs détails et la justesse de leurs teintes, qui furent donc découvertes en 2018 par André Fougeroux.

Les originaux ont été mis à l’abri pour assurer leur conservation dans les meilleures conditions. Mais dans son souci de transmettre, l’Académie d’Agriculture a choisi d’en faire un ouvrage de patrimoine prestigieux, tiré à quatre mille exemplaires. « Un ouvrage qui associe l’art, l’histoire et la science » selon les mots de Constant Lecoeur, secrétaire perpétuel de l’Académie d’Agriculture. La moitié des cépages dessinés dans ce livre ont aujourd’hui disparu. Et l’on comprend mieux la richesse de la biodiversité en découvrant ces reproductions de plants de vigne, « Blanquepie », « Clairette », « Joly », « Gamet », « Gros Rouge », « Pied de Perdrix », Pineau de Bourgogne » aussi appelé « Pineau à la Demoiselle »

Des termes poétiques qui révèlent l’intérêt et la richesse des recherches agronomiques à l’époque des Lumières et la naissance d’une nouvelle science, l’ampélographie. « Un ouvrage à admirer avec passion et sans modération » selon Constant Lecoeur.

La rédaction

Toutes les actualités

Sur le même sujet

La France est leader dans l’exportation de semences végétales, mais le secteur semencier rencontre des points de fragilité qui profitent dangereusement à ses concurrents : le crédit-impôt-recherche n’est pas sécurisé, l’accès à l’irrigation n’est pas garanti et surtout l’administration assimile de façon croissante les semences traitées à des produits phytopharmaceutiques, ce qui discrédite l’offre française à l’extérieur. CS Actuagri Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la France réalise bon an mal an 3,5 à 3,9 milliards d’€ (Md€), dont 55 % à l’export. Elle est le premier exportateur mondial de semences de grandes cultures et le deuxième pour les semences potagères, un atout de souveraineté tant pour son alimentation que pour son influence dans le monde. « En 2022/23, la filière…