Aveyron | Par Jérémy Duprat
La FDSEA a organisé une opération de contrôle de prix dans différentes enseignes, à différents endroits du territoire. Le but : vérifier si la hausse des prix sur le lait demi-écrémé a bien été répercutée jusqu’aux GMS. Claude Falip, président de la section bovin lait de la FDSEA, était présent au Super U de Rodez jeudi 25 août.
Pourquoi un focus sur le lait demi-écrémé ?
Claude Falip : «Stratégiquement, nous nous sommes focalisés au niveau national sur le lait le plus consommé. C’est celui qui permet le meilleur indicateur, le plus basique. Le but, c’est vraiment de constater si les hausses sont répercutées sur ce produit de consommation quotidienne».
Quelle est la tendance : les prix sont-ils à la hausse ?
Claude F. : «La tendance observée jeudi, c’est que les hausses sont à peu près passées. Elles ne le sont pas encore complètement, l’objectif n’est pas totalement atteint, mais en majorité tout le monde est monté à bord du train. Le 1er prix se situe autour des 0,74 euros la bouteille. L’Intermarché de Rodez affichait par exemple 0,92 ! Au niveau des MDD, la moyenne est de 0,84 euros. C’est aussi ce qui ressort de nos échanges avec les directeurs ou les représentants des GMS que nous avons rencontrés. Ils veulent faire passer si les concurrents aussi répercutent la hausse. C’est en train de prendre la bonne direction pour que le prix du demi-écrémé augmente, et que donc nous, éleveurs laitiers, nous soyons rémunérés à notre juste valeur. Nous nous attendions honnêtement à une situation plus précaire avant de venir vérifier les prix».
Le but final est-il d’atteindre la bouteille à 1 euro comme c’est le cas chez nos voisins allemands par exemple ?
Claude F. : «Il y a des chances que le lait atteigne ce prix. D’abord parce que les prix vont s’aligner par rapport aux autres pays, mais aussi par rapport aux états généraux et au rapport de la Cniel. Cependant, au-delà du contexte européen, le marché intérieur se rapproche de ce niveau-là de toute façon. Je pense qu’il y a une prise de conscience. Autant lors des différentes crises, sanitaire puis Ukraine, nous avons fait preuve de résilience. Autant l’impact de la sécheresse puis l’inflation, tout ceci devient compliqué. Il y a une véritable prise de conscience qu’il faut sauver les agriculteurs par une hausse des prix».
Et finalement, la hausse du prix pour le consommateur est-elle si importante ?
Claude F. : «Dans les différents rapports et les différents calculs que nous avons effectués, la hausse représente 35 euros sur un an pour une famille de 4 personnes ! C’est en considérant que le prix du lait passe de 0,74 à 0,94 euros la bouteille de 1 litre. Puisque la consommation moyenne de lait est de 43,7 litres par habitant. Soit une hausse de 8 euros 74 par personne en moyenne. De mon point de vue, ce n’est quand même pas la mer à boire. Depuis 40 ans, le prix au producteur n’a quasiment pas évolué. Et aujourd’hui il nous faut franchir une marche. Stratégiquement, nous avons fait le choix au niveau national de maintenir une politique de prix bas par divers mécanismes. Sauf qu’aujourd’hui, cela ne passe plus. Nous demandons un effort de moins de 9 euros par an au consommateur».
Propos recueillis par Jérémy Duprat