National | Par eva dz
En marge de son assemblée générale, le Comité national de promotion de l’œuf et le ministère de l’agriculture ont confirmé que l’ovosexage permettant de mettre un terme au broyage des poussins mâles serait en place le 1er janvier prochain. Il restera à convaincre les partenaires européens de suivre le mouvement.
Pensée dès 2016, la fin du broyage des poussins mâles aura mis un peu moins de sept années avant d’être traduite dans les faits. C’est le 1er janvier 2023 que le dispositif sera totalement opérationnel ont promis l’interprofession des œufs (CNPO) et le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. Un décret en ce sens avait d’ailleurs été publié au journal officiel le 6 février et la filière avait environ 11 mois pour s’adapter. L’Etat, à travers FranceAgriMer, a accompagné à hauteur de 10,5 millions d’euros, les couvoirs pour mettre en place des machines destinées à déterminer le sexe des embryons dans les œufs. Chaque entreprise est à même de choisir la machine qui lui convient mais il n’existe que peu de constructeurs sur le marché. La firme allemande Seleggt, a conçu un robot capable d’analyser quelques gouttes du sérum après avoir percé un trou minuscule dans la coquille de l’œuf. Avec sa machine Soo, la société française Tronico réalise une échographie de l’œuf et en fonction de la couleur des plumes de l’animal peut déterminer son sexe. Le broyage de poussins est une pratique qui a été très longtemps controversée. Elle est utilisée dans les couvoirs pour permettre aux industriels de se débarrasser des poussins mâles. Incapables de pondre, ils sont réputés être trop chers à élever et peu rentables car moins fournis en viande.
Harmonisation européenne
De son côté, le CNPO a validé le 14 octobre un accord interprofessionnel qui met en place un financement spécifique : une cotisation volontaire obligatoire (CVO). Celle-ci, d’un montant de 0,59 € pour 100 œufs (soit 0,59 centime d’euros par œuf) sera prélevée par les centres d’emballage d’œufs sur les ventes d’œufs aux distributeurs et reversée au CNPO. De plus, une indemnité d’1,1 €/poussin ovosexé ou mâle élevé sera versée par l’interprofession aux couvoirs. La fin du broyage réclamée de longue date par les associations de défense des animaux, des élus écologistes et certains représentants de la filière œuf et des consommateurs coûtera environ 50 millions d’euros par an à la filière. «Il est évident que ce surcoût pour les éleveurs sera répercuté auprès du consommateur», a justifié Yves-Marie Beaudet, président du CNPO. Dans les rayons, cette hausse devrait se traduire par une augmentation très limitée, assure-t-on du côté du ministère. Le ministre a confirmé que les exceptions prévues dans le décret perdureraient après le 1er janvier 2023. Ainsi, les poussins destinés à l’alimentation animale, notamment ceux à destination des animaux de zoo (rapaces et reptiles en particulier) ; ceux qui servent à des fins scientifiques et «les animaux blessés ou atteints d’une maladie entraînant des douleurs ou souffrances intenses, lorsqu’il n’existe pas d’autre possibilité pratique d’atténuer ces douleurs ou souffrances», pourront être broyés. «La France et l’Allemagne sont en avance sur ce sujet. C’est une bonne chose. Il faut maintenant harmoniser cette disposition au plan européen», a plaidé Yves-Marie Beaudet. «Oui pour une normalisation au plan communautaire», a rebondi Marc Fesneau pour qui «il ne suffit pas d’avoir raison encore faut-il être majoritaire», a-t-il conclu.
La rédaction
Illustration Oeufs iStock-slowmotiongli