Aveyron | Par Jérémy Duprat

Assemblée générale FDSEA : les défis des 10 prochaines années

Si un secteur a été particulièrement résilient depuis des années, c’est l’agriculture. Et dans les 10 prochaines années, rien ne s’annonce simple. Défi démographique, compétitivité, attaques contre l’élevage, liberté d’entreprendre… Au cours de l’Assemblée générale de la FDSEA, Yannick Fialip, nouveau président de Mont lait, a tenté de répondre au thème de la journée : quelle agriculture dans 10 ans ?

Pas de pays sans paysans

Pour clore 2022 et ouvrir un nouveau chapitre, la FDSEA s’est réunie au sein de son assemblée générale. Dans la salle 7-77 à Olemps, près de 150 personnes -adhérents, présidents de section, responsables de filières, OPA- étaient présentes vendredi 13 janvier. La matinée était destinée à des échanges à huis clos entre les membres du syndicat. Une présentation en vidéo des sujets centraux de chaque section a été projetée. S’en sont suivis des échanges sur différents thèmes : sécheresse, prix, assurance, contractualisation, PAC… Bref, l’actualité à court, moyen et long terme.

Une pause raclette plus tard, les meules de fromage Mont lait ayant régalées les participants, l’assistance repue a écouté Yannick Fialip qui s’est avancé sur la scène. Le nouveau président Mont lait, qui succède à Dominique Barreau, s’est attaqué à présenter la vision de la FDSEA, saupoudré de son approche personnelle, sur le thème de l’après-midi : quelle agriculture dans 10 ans ? Et par extension, quels agriculteurs ? Une question centrale comme le rappelle la banderole accrochée au mur à droite de l’estrade : « Pas de pays sans paysans », titre du livre de Raymond Lacombe.

Le constat est simple : le monde agricole est en pleine mutation. Que ce soit via des prises de conscience de l’opinion publique ou des facteurs démographiques inhérents à l’agriculture. « Il y a le défi de la souveraineté alimentaire. 1 poulet sur 2 est importé. 1 agneau sur 2. Ensuite, vient le renouvellement des générations. 50% des agriculteurs auront pris leur retraite dans 10 ans. Seulement 25% des fils et filles d’agriculteurs reprendront la ferme. Il va donc falloir attirer des gens de l’extérieur. La place du salariat agricole va être de plus en plus importante comme nous le voyons sur les bassins céréaliers. Mais il ne faut pas accueillir n’importe qui avec n’importe quel projet : la vitalité et la viabilité économique sont essentielles », synthétise Yannick Fialip.

Un manque de colonne vertébrale

Pour réussir à accompagner les mutations, le président de Mont lait attache de l’importance à 5 facteurs. « Ce sont un peu mes vœux pour l’agriculture », précise-t-il. D’abord, Yannick Fialip souhaite que la profession soit respectée. « Nous sommes des passionnés avec une capacité d’adaptation importante. Personne n’a arrêté de produire pendant la crise sanitaire pas plus qu’avec la hausse impressionnante des intrants. Nous sommes trop attaqués par des minorités qui provoquent des mouvements d’opinions. Soyons fiers ».

Un principe cher à Yannick Fialip, c’est la liberté. « Nous avons une liberté d’entreprendre de plus en plus restreinte. La liberté à des avantages et des inconvénients. Mais aujourd’hui, nous la perdons : nous ne pouvons plus semer comme nous l’entendons, couper une haie ou nettoyer un fossé. Il faut faire une pause dans le normatif car ce n’est pas une vision attractive du métier ».

Et si ce qu’il manquait au monde d’aujourd’hui, c’était une colonne vertébrale ? « Sur ces 70 dernières années, nous avons eu des injonctions qui changeaient trop souvent. Prenez l’exemple des jachères. Il fallait en faire autant que possible. Et puis la guerre en Ukraine est intervenue. D’un coup, il ne fallait plus de jachère pour pouvoir produire au maximum. Nous avons eu droit à des dérogations. Mais le métier ce n’est pas une dérogation dont il a besoin mais d’une vision claire ».

Défendre les producteurs

Quatrième vœu : choisir l’agriculteur plutôt que le loup. « Quand les aides couplées en ovin baissent et qu’en même temps les fonds destinés à la protection du loup augmentent, je me demande qui l’on défend » , continue Yannick Fialip.

Dernier vœu et non des moindres, redonner la place qui est la sienne à l’agriculture et l’élevage français. « Nous sommes un grand pays d’Europe et du monde. Mais nous avons des injonctions paradoxales. Nous en venons à bannir les produits carnés des cantines, sans questionner les bienfaits de la viande sur la croissance des enfants et le fonctionnement sur cerveau comme le montrent des études. Pour remplacer la protéine animale, nous importons des lentilles du Canada cultivées avec des produits interdits chez nous dont un défoliant pour accélérer sa croissance. C’est un non sens économique », estime Yannick Fialip.

Pour conclure, le président de Mont lait revient de manière globale sur cette question d’importation. « Est-ce que depuis 30 ans nous avons raison de nous poser seulement la question de la consommation et du pouvoir d’achat ? Aujourd’hui, le pouvoir d’achat c’est pouvoir acheter des produits importés. C’est un non sens économique. Il faudrait peut-être se poser la question de la production avant de parler du pouvoir d’achat. Sinon, demain il n’y aura plus grand monde pour être agriculteur en France », conclut Yannick Fialip.

Jérémy Duprat

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