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Le gouvernement a annoncé le 6 juin une série de mesures, dont l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’État, pour soulager les exploitations agricoles touchées par l’épisode violent de grêle qui a traversé la France en fin de semaine dernière. «On va activer très rapidement les dispositifs qu’on connaît, comme l’allègement des charges sociales, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti (…) regarder aussi les dispositifs qui peuvent être pris dans le cadre des calamités agricoles», a déclaré le nouveau ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, après sa rencontre avec des viticulteurs dans une exploitation touchée le 2 juin à Saint-Quentin-de-Caplong, dans l’est du Bordelais. «Il y a une demande qui a été faite, on y travaille d’arrache-pied, pour faire en sorte que les prêts garantis par l’État (PGE) puissent être prolongés dans la durée car on va avoir dans ses exploitations des pertes de recettes», a-t-il indiqué, sans donner d’éléments chiffrés. Sur le court terme, «on a besoin de disposer très rapidement d’un état des lieux pour activer les dispositifs (…) On a un événement très violent sur de très nombreux départements mais dans des zones localisées. On va faire au cas par cas», a-t-il poursuivi, assurant de «la mobilisation de l’État».

Didier Bouville

Une campagne de promotion des légumineuses est menée en 2022 à destination notamment des jeunes consommateurs, ont indiqué le 2 juin ses responsables. L’opération à «plus de 1 M€», dont un cofinancement par France Relance, est initiée par les interprofessions Terres Univia (huiles et protéines végétales) et Interfel (fruits et légumes), ainsi que les fédérations FNLS (légumes secs) et Fiac (conserves). Son slogan: «Les légumineuses, c’est deux fois par semaine.» Un objectif en phase avec le Programme national nutrition santé (PNNS), soit environ 10 kg/an, alors que la consommation actuelle est inférieure à 2 kg/an (contre près de 4 kg/an en Europe). Trois publics sont visés: les enfants et parents, via de la publicité autour de recettes, un kit scolaire, une campagne sur les réseaux sociaux ; la restauration collective, avec notamment un livret de recettes accompagné de vidéos, la présence à un salon; et enfin le secteur de la santé et nutrition. Cette campagne répond à la stratégie nationale en faveur des protéines végétales, lancée en décembre 2020. L’ambition est notamment de doubler les surfaces cultivées (en légumes secs, pois, soja, luzerne, légumineuses fourragères…) pour atteindre 8% de la SAU en 2030. «Aujourd’hui, notre production de légumes secs atteint péniblement 50% de la consommation», signale Antoine Henrion (Terres Univia).

Eva DZ

D’après un sondage Réussir-Ipsos à paraître le 7 juin et réalisé auprès de 236 agriculteurs entre le 12 et le 20 mai, les éleveurs interrogés (bovins viande, lait, ovins, porcs…) sont plus «pessimistes» que l’an passé. Quelque 61% des éleveurs se disent «très pessimistes» ou «plutôt pessimistes», contre 51% en 2021. Parmi les explications de ce pessimisme invoquées par les agriculteurs (en élevage et grandes cultures), la «hausse des coûts de production/approvisionnement/charges» arrive, de loin, en première position, invoquée dans 48% des réponses. Viennent ensuite les «incertitudes sur l’avenir/du conflit» (19%). Les éleveurs ont détaillé les conséquences perçues de la guerre en Ukraine ; sans surprise, 94% d’entre eux mentionnent la hausse du coût des carburants, 84% celui des aliments et 76% des engrais. Le sondage évoque également le cas des exploitants en grandes cultures, chez qui le nombre de «pessimistes» baisse de 21 points, au profit des «attentistes» (+19 points). Ils sont à la fois touchés par la hausse des carburants (98%) et des engrais (97%), mais bénéficient aussi de la hausse de leurs prix de vente (76%).

Eva DZ

Par deux décrets publiés au Journal officiel le 2 juin, l’Élysée a clarifié la répartition des portefeuilles entre Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher. À la tête de la «transition écologique et de la cohésion des territoires», la première se voit confier intégralement «la protection de la nature et de la biodiversité», le «développement durable», la «lutte contre l’étalement urbain», la qualité de l’air, «la police et la gestion de la chasse». La gestion du dossier climat, et notamment de l’influente direction de l’énergie et du climat (DGEC) sera en revanche partagée avec Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique. C’est à celle-ci qu’il reviendra d’ailleurs principalement de préparer et mettre en œuvre «la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre». Son ministère sera ainsi en charge «du développement des énergies renouvelables», notamment agricoles, et de la lutte contre la «précarité énergétique» en matière de carburant. Autant de portefeuilles qui seront surveillés de près par la Première ministre en charge de la planification écologique Élisabeth Borne et son secrétaire général Antoine Peillon.

Eva DZ

Après son premier rendez-vous avec le nouveau ministre de l’Agriculture, le président de la fédération des producteurs biologiques (Fnab) Philippe Camburet, rapporte que Marc Fesneau a «ouvert des portes», sans s’engager précisément sur les différentes demandes du syndicat. Face aux difficultés dans plusieurs filières, la Fnab demandait notamment «un plan de résilience bio», avec au moins quinze millions d’euros spécifiquement sur le lait. Au final, aucune enveloppe supplémentaire ne devrait être débloquée, mais les agriculteurs bio pourraient voir leur accès au guichet d’aides «Ukraine» facilité, alors que le critère sur la proportion d’aliment acheté aurait tendance à les en exclure. Le président de la Fnab n’a toutefois senti «aucune velléité particulière de faire de l’agriculture biologique un système plus méritant en matière d’aides», dans le cadre de ce dispositif d’urgence. Marc Fesneau aurait en revanche manifesté «une volonté de voir les collectivités locales davantage s’impliquer» sur l’application des 20% de nourriture bio dans les cantines, objectif d’Egalim. «Marc Fesneau est un élu local qui aborde les difficultés sur le terrain de manière plus concrète que Julien Denormandie», observe Philippe Camburet. Le ministre prévoirait même déjà de revoir prochainement la Fnab «sur des sujets aussi préoccupants que l’installation-transmission et la biodiversité».

Didier Bouville

La FNCuma (coopératives d’utilisation de matériel agricole) a annoncé l’élection le 31 mai de Matthieu Goehry comme président. Il succède à Luc Vermeulen, en poste depuis 2016. Matthieu Goehry (43 ans) est éleveur laitier à Mittelhausen (Bas-Rhin) sur 100 ha de polycultures. Le renouvellement des générations est sa «priorité», comme l’avait défini le conseil d’administration de la fédération il y a quelques mois, selon un communiqué le 1er juin. Au delà, quatre orientations sont annoncées: «renforcer la proximité sur les territoires et le maillage des fédérations de Cuma» ; «affirmer encore plus l’image et l’identité des Cuma», notamment avec une campagne de communication nationale qui sera lancée le 7 juin, «une première pour le Réseau Cuma» ; «renforcer le rôle des Cuma dans l’émancipation des agriculteurs», notamment par la «formation des élus de terrain» ; «faire ensemble pour révolutionner l’agriculture. Le réseau FNCuma revendique 202 000 adhérents, soit un agriculteur sur deux.

Didier Bouville

Réunis en congrès au Havre, depuis le 31 mai, les Jeunes agriculteurs (JA) ont leur nouveau président, ce 1er juin. Il s’agit du jurassien Arnaud Gaillot, qui est éleveur de vaches laitières et génisses pour la production de comté et de morbier dans le Doubs, et producteur de céréales. Sa nomination n’est pas une surprise, puisqu’il était secrétaire général des JA depuis 2019. A 35 ans, il succède à Samuel Vandaele, producteur de céréales et de betteraves en Seine-et-Marne, qui n’a pas souhaité se représenter. Le mandat de Samuel Vandaele avait été marqué par une volonté de rapprochement avec la FNSEA. En conclusion du dernier congrès de la FNSEA, au printemps, il avait dévoilé qu’un travail commun était en cours pour « renforcer les liens entre (les) deux structures et rendre plus naturel le passage de JA vers la FNSEA ».Samuel Vandaele compte justement prendre des responsabilités à la FDSEA de Seine-et-Marne tout prochainement.

Né en 1958, le syndicat Jeunes agriculteurs (ex-CNJA) réunit les jeunes agriculteurs ou aspirants, de 18 à 35 ans. Il est historiquement lié à la FNSEA, avec laquelle il s’est toujours présenté aux élections professionnelles. Dans son premier discours de président, Arnaud Gaillot a mis en avant l’une des priorités traditionnelles du syndicat, la transmission des exploitations, qui devrait faire prochainement l’objet d’un « livre blanc ».

Didier Bouville

La Ville de Paris veut imposer deux repas végétariens par semaine et une alternative végétarienne pour les trois autres jours dans ses restaurants collectifs d’ici 2027, un horizon trop lointain pour les alliés écologistes de la maire PS Anne Hidalgo. «L’objectif, c’est 40% d’alimentation végétarienne dans la restauration collective parisienne», a expliqué à l’AFP l’adjointe (PS et apparentés) à l’alimentation durable, Audrey Pulvar, qui doit présenter le 31 mai son plan pour les cinq prochaines années. Parmi les 21 gestionnaires de ces 1.300 cantines parisiennes (scolaires mais aussi restaurants solidaires, Ehpad, personnel de la Ville…) qui servent 30 millions de repas par an, «tous ne sont pas au même niveau d’avancement», explique Mme Pulvar.

Les élus écologistes réclament eux une mise en place de cette mesure dès début 2023 et demandent un «calendrier précis de mise en oeuvre du plan». «Plus tôt (les gestionnaires) y arrivent, mieux c’est », leur répond l’ancienne journaliste pour qui l’objectif de cette mesure est triple: «réduire l’empreinte carbone de la Ville», «mieux respecter la diversité des régimes alimentaires» et «dégager des marges de manoeuvre financière pour que les gestionnaires puissent acheter pour les autres repas carnés des aliments de meilleure qualité». Pour l’ex-candidate du PS aux élections régionales, les économies réalisées avec un moindre recours à la viande peuvent en effet permettre d’«acheter une viande française de meilleure qualité».

Didier Bouville

Dans le cadre de la future Pac, il n’est pas encore garanti que les exploitations certifiées HVE aient accès à l’écorégime de niveau 2 dès le 1er janvier 2023, apprend Agra Presse auprès de plusieurs membres de la Commission nationale de la certification environnementale (CNCE). Alors que la révision du cahier des charges HVE et les textes d’application correspondants ne devraient pas être validés avant octobre, les organismes certificateurs devront ensuite mettre leurs référentiels à jour, et la plupart des exploitants ne seront pas audités avec le nouveau référentiel avant la date butoir fixée par la DGPE en mai 2023. «L’articulation entre l’actuel référentiel de la certification HVE et l’accès à l’écorégime en 2023 reste à préciser», explique Patrick Falcone, président de la CNCE.

La solution pourrait venir d’une dérogation temporaire pour tolérer l’application de l’ancien cahier des charges, sur laquelle le nouveau ministre de l’Agriculture Marc Fesneau ne s’est pas encore prononcé. «Les choses n’ont pas encore été éclaircies, mais il n’y a aucune raison de penser que nous ne trouverons pas de solution raisonnable», tempère Jean-Jacques Jarjanette, président de HVE Développement, comptant sur «la sagesse du ministre».

Didier Bouville

La société Lactalis Ingrédients, filiale du groupe Lactalis, a été mis en examen pour escroquerie, tromperie et fraude dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour falsification de denrées alimentaires à la suite de la plainte d’un client, a appris l’AFP, le 31 mai. Une information confirmée par le géant de l’agroalimentaire qui précise que cette mise en examen est intervenue en avril «dans le cadre d’un litige commercial de 2017 avec la société Serval portant sur la fourniture d’un ingrédient pour l’alimentation animale». La société Serval, implantée dans les Deux-Sèvres, est spécialisée dans l’aliment d’allaitement pour veaux, agneaux et chevreaux. Fin 2018, elle avait déposé plainte contre Lactalis Ingrédients pour «escroquerie, falsification de denrées alimentaires et tromperie sur la nature, l’espèce, l’origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises». Selon l’entreprise deux-sévrienne, son fournisseur lui aurait livré pendant plusieurs années un lactosérum de mélange et non de vache. «Ce produit serait composé de lactosérum et de perméat, sous-produit laitier d’un taux de protéine nul et contenant une faible proportion de matière azotée non protéique, la principale étant l’urée», indiquait une source judiciaire en 2019.

Didier Bouville