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Le président du groupement Les Mousquetaires (Intermarché/Netto) Didier Duhaupand a proposé, le 18 juillet sur l’antenne de RTL, de suspendre la loi Egalim, en argumentant sur la protection du pouvoir d’achat des consommateurs. Selon lui, cette loi «qui avait pour objectif de lutter contre la déflation, n’est pas vraiment faite pour les temps présents». Il fustige une législation «unique en Europe et dans le monde» qui «oblige [les distributeurs] à prendre une marge minimum». «Si la loi était suspendue nous pourrions immédiatement, dès demain matin, dans nos Intermarché et nos Netto, baisser les prix des produits d’usage courant de 10%», clame-t-il, en faisant référence au seuil de revente à perte (SRP) rehaussé à 10% par la loi. Le distributeur affirme que la loi a été «détournée de son objectif par les grands industriels». Il reproche à la loi Egalim d’empêcher la distribution de «suffisamment négocier auprès des grands groupes internationaux (…) qui, pour certains abusent de la situation en prétextant la guerre en Ukraine, les difficultés du transport». Des arguments qui font écho aux dernières interventions médiatiques de Michel-Édouard Leclerc. Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine, ce dernier demandait déjà la suppression du SRP.

Didier Bouville

Dans une lettre adressée à la présidence de l’Assemblée nationale, datée du 18 juillet et rendue publique le lendemain, 130 députés des oppositions de droite et de gauche demandent un débat et un vote au Parlement sur l’accord de libre-échange UE/Nouvelle-Zélande, approuvé fin juin par l’Union européenne. «ONG et syndicats nous alertent sur cet accord, au contenu flou, mais qui risque de mettre à mal notre industrie, notre agriculture et le climat», soulèvent-ils. Les députés relayent les inquiétudes exprimées par Interbev (viande) et le Cniel (lait) quant aux quotas d’importation accordés sur les produits animaux. Des contingents accordés «sans exigence de respect de nos normes de production agricole», ajoutent-ils, en citant les professionnels. Ils demandent qu’une «étude» de l’accord soit inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Figurent parmi les signataires plusieurs députés proches des questions agricoles: Delphine Batho (Génération écologie), André Chassaigne (PCF), Julien Dive (LR), Guillaume Garot (PS), Mathilde Hignet (LFI), Dominique Potier (PS), Aurélie Trouvé (LFI) ou encore Marc Le Fuc (LR).

Didier Bouville

«J’y suis depuis vendredi, je n’en peux plus.» Avec quatre autres agriculteurs, Mickael Massignani, éleveur à Landerrouet-sur-Ségur (Gironde), aide depuis plusieurs jours les pompiers girondins à contenir les incendies de forêt dans la zone de Landiras, comme il l’explique à Agra Presse. Grâce à leurs tonnes à lisier et leurs citernes, «près de 50 000 litres d’eau à nous cinq», les producteurs ravitaillent les camions de pompiers en eau, et arrosent la tourbe sur les bords de piste pour ralentir la propagation de l’incendie. Remarquée par la chambre d’agriculture, l’initiative des agriculteurs a entraîné un recensement du matériel disponible en Gironde, mais également dans les départements limitrophes (Lot-et-Garonne, Dordogne, Charente et Charente-maritime). «Nous nous préparons pour intervenir rapidement si les pompiers nous le demandent», explique-t-on au siège de la chambre girondine. Quelques animaux auraient été déplacés, et cinq hectares de vignes auraient brûlé, mais les dégâts des incendies seraient pour l’heure limités en dehors du secteur forestier. «Selon l’enherbement, le vignoble peut arrêter le feu ou au contraire le propager», rappelle-t-on à la FDSEA de la Gironde. Selon cette même source, les appellations les plus proches de l’incendie, les graves et le sauternais, ne sont cependant pas les plus touchées par la crise du vignoble, qui peut limiter l’entretien des parcelles. Depuis le début des incendies, près de 19 000 ha de forêt auraient brûlé dans le département.

Didier Bouville

Environ 46% du territoire de l’UE est exposé à des niveaux de sécheresse dits «d’avertissement», c’est-à-dire présentant un déficit important d’humidité au sol, et 11% est en état d’alerte, avec une végétation et des cultures affaiblies par le manque d’eau, selon une évaluation du Centre commun de recherche de la Commission européenne publiée le 18 juillet. La France, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal et l’Italie devront faire face à une baisse du rendement des cultures, notamment de céréales, prévient également ce travail. Dans une certaine mesure, l’Allemagne, la Pologne, la Hongrie, la Slovénie et la Croatie sont également concernées. La sécheresse qui sévit dans une grande partie de l’Europe est particulièrement critique, car elle vient s’ajouter au déficit de précipitations enregistré durant l’hiver et le printemps (-19% par rapport à la moyenne des dix dernières années, et -22% dans les zones en alerte sécheresse). Le débit des cours d’eau dans de nombreux pays est aussi gravement affecté, et les volumes d’eau stockés sont également réduits. En Espagne par exemple, les volumes d’eau stockés dans les réservoirs sont actuellement inférieurs de 31% à la moyenne décennale.

Didier Bouville

Invité sur l’antenne de Radio Classique, le 15 juillet, le p.-d.g. de la fédération des industries laitières (Fnil), François-Xavier Huard, a estimé que l’accord UE/Nouvelle-Zélande mettait la filière laitière française en situation de «concurrence déloyale». Par cet accord de libre-échange, signé le 30 juin, l’UE ouvre de nouveaux quotas d’importation, avec des droits de douane réduits pour certains produits agricoles, dont les produits laitiers. François-Xavier Huard juge cet accord «inacceptable» au regard du décalage entre les exportations françaises et néo-zélandaises: «à peine 2000 tonnes» contre «100 000 tonnes». Selon le représentant des industriels, il «risque de porter un coup fatal à la filière laitière», déjà fragilisée par la hausse des coûts de production. Cet accord est aussi «une aberration environnementale», dénonce-t-il, prenant l’exemple d’un yaourt qui pourrait faire «20 000 kilomètres» avant d’arriver au consommateur français.

Didier Bouville

Les ministres de l’Agriculture de l’UE réunis le 18 juillet à Bruxelles ont critiqué de toutes parts la proposition de la Commission européenne sur l’utilisation durable des pesticides. Ce règlement présenté fin juin obligerait les États membres à se fixer des objectifs de réduction d’utilisation des produits phytosanitaire en vue d’atteindre une baisse de 50% au niveau de l’UE en 2030. Il propose également l’interdiction de l’usage des pesticides dans les zones sensibles, notamment Natura 2000. Une mesure qui a soulevé de nombreuses inquiétudes de la part des Vingt-sept. La Slovénie a rappelé que dans ces zones se trouvent environ la moitié de ses cultures arables et cultures permanentes. L’Espagne a mentionné le «risque que ces zones deviennent des réservoirs de nuisibles importants». Et même le ministre vert allemand Cem Ozdemir a appelé à la prudence sur ce point. Mais ce n’est pas le seul élément que les ministres dénoncent. Ils ont aussi regretté l’absence de solutions alternatives proposées, le manque de prise en compte des spécificités nationales (point de départ, niveau d’exposition aux parasites…), l’absence d’étude d’impact socio-économique ou encore l’augmentation de la charge administrative.

Didier Bouville

Un dossier de 180 000 pages (contre 45 000 en temps normal), un rapport d’évaluation de 11 000 pages (contre 5000 habituellement), 200 jours de vérification scientifique menée par 29 personnes (contre 50 jours par 6 à 7 personnes normalement). Tels sont quelques-uns des chiffres du travail mené par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) pour évaluer le glyphosate (dont l’autorisation dans l’UE est censée expirer fin 2022). Résultat, comme annoncé au mois de mai, la finalisation de ce dossier a pris 18 mois de retard et devra attendre la mi-juillet 2023, a confirmé l’Efsa lors d’un échange, le 11 juillet, avec la commission de l’Environnement (Comenvi) du Parlement européen. Et pourtant, malgré cette masse exceptionnelle d’informations, les eurodéputés peinent toujours à être convaincus par la rigueur du travail mené par les deux agences en charge du dossier (l’Efsa et l’agence européenne des produits chimique, ECHA). «Je constate que dans la salle beaucoup de personnes ne sont pas satisfaites des réponses reçues. Mais je crains que nous n’obtenions pas beaucoup plus aujourd’hui», n’a pu que déplorer la vice-présidente de la Comenvi, Anja Hazekamp (gauche) qui animait la session.

Didier Bouville

La Russie et l’Ukraine ont progressé le 13 juillet au cours d’une réunion d’experts militaires à Istanbul sur l’épineuse question du blocage des exportations de céréales à partir des ports ukrainiens, la Turquie annonçant de nouvelles discussions sur le sujet la semaine prochaine. Des «progrès réellement substantiels» ont été réalisés, a commenté devant des médias après la fin des entretiens russo-ukrainiens en Turquie le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a dit espérer qu’un «accord formel» pourrait être prochainement conclu. Une perspective confirmée par Moscou, qui a indiqué le 15 juillet qu’un «document final» sera prêt sous peu.

Optimisme prudent également du côté du ministre turc de la Défense Hulusi Akar, qui a souligné que les experts militaires russes et ukrainiens s’étaient entendus sur des «contrôles communs» dans les ports et sur les moyens de «garantir la sécurité des voies de transfert», autrement dit des couloirs sécurisés pour le transport maritime des produits agricoles. L’accord négocié par Antonio Guterres depuis plus de deux mois vise non seulement à faire sortir par la mer Noire quelque 20 Mt de céréales bloquées dans des silos ukrainiens, en particulier à Odessa (sud), mais aussi à faciliter les exportations russes de grains et d’engrais. Par ailleurs, le 15 juillet, l’opérateur ferroviaire allemand Deutsche Bahn s’est dit prêt à «considérablement» accélérer les exportations de céréales ukrainiennes par train.

Didier Bouville

Dans un communiqué du 15 juillet, le ministère de l’Agriculture annonce «la fin des négociations avec la Commission européenne» sur la déclinaison française de la future Pac, le PSN (plan stratégique national), dont le dernier point en discussion portait sur la rotation des cultures (BCAE 7). Dans le cadre de la conditionnalité, les agriculteurs devront assurer une rotation (culture principale différente de l’année précédente) «chaque année, sur au moins 35% de la surface en culture de plein champ (terres arables hormis surfaces en herbe, fourrage herbacé et jachère)». Une autre obligation sera mise en place «à compter de 2025 sur chaque parcelle»: les agriculteurs devront justifier d’au moins deux cultures principales différentes «sur la campagne en cours et les trois campagnes précédentes» (ou d’un couvert hivernal «présent chaque année»).

L’enjeu de cette négociation visait notamment à préserver la monoculture de maïs. «Une disposition alternative sera mise en place pour certaines zones composées de sols, riches et fertiles, d’alluvion limoneux ou argileux, et sujettes à des inondations par remontée de nappe», précise la Rue de Varenne. Dans ces zones, les agriculteurs devront obtenir «trois points au titre de la diversification des cultures», qui seront «calculés avec la même grille que pour la diversification des cultures, dans la voie des pratiques de l’éco-régime».

Didier Bouville

Le référentiel révisé de la Haute valeur environnementale (HVE) a été soumis le 11 juillet à consultation publique sur le site du ministère de l’Agriculture. Les participants auront jusqu’au 31 juillet pour se prononcer sur ce nouveau cadre adopté en CNCE le 30 juin. Comme nous l’expliquions dans l’Agrafil daté du 1er juillet (version longue dans Agra Presse hebdo), cette nouvelle HVE marque la disparition de la voie B, et la révision à la hausse de plusieurs seuils, sans remettre en cause l’architecture des points entre les différents items. Après consultation du public, la publication des textes devrait être rapide. Car selon le décret, les agriculteurs entrant dans la certification devront se conformer au nouveau référentiel dès le 1er octobre. D’ici là, les services du ministère et la CNCE devraient travailler sur le plan de contrôle, document détaillant précisément les modalités de calcul des points. Ce cadre, précise le décret, pourra évoluer par la suite sur décision conjointe des ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, puisque le décret prévoit de réviser les seuils et indicateurs «au regard de l’évolution des connaissances techniques et scientifiques ainsi que de la réglementation en vigueur».

Didier Bouville