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Après une longue nuit de négociations, les colégislateurs de l’UE se sont mis d’accord le 30 mars sur la révision de la directive sur les énergies renouvelables qui prévoit un objectif contraignant de 42,5% d’énergies renouvelables dans la consommation européenne d’ici 2030, contre un objectif actuel de 32% et un niveau de consommation d’environ 22% en 2021. Ce compromis se situe à mi-chemin entre les 45% voulus par la Commission européenne et le Parlement européen, et les 40% que demandaient les États membres. Dans les transports, les États devront, d’ici 2030, réduire de 14,5% l’intensité des gaz à effet de serre grâce au recours aux renouvelables c’est-à-dire atteindre au moins 29% de renouvelables dans la consommation finale d’énergie du secteur. L’accord fixe un sous-objectif contraignant de 5,5% pour les biocarburants dits «avancés» (dérivés de matières premières non alimentaires ou de biométhane) et les «carburants renouvelables d’origine non biologique» (hydrogène renouvelable, carburants synthétiques à base d’hydrogène). Le plafond de 7% imposé aux biocarburants issus de cultures alimentaires est, lui, maintenu. «Même avec ces restrictions sur la quantité de biocarburants d’origine végétale (…), la directive révisée laisse de la place à l’éthanol renouvelable», s’est félicité le lobby du secteur, ePure.

Didier Bouville

Lors de son déplacement le 30 mars à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes), le président de la République Emmanuel Macron, accompagné du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, a présenté le plan pour améliorer la gestion de l’eau. Alors que la France a connu une série record de «32 jours sans précipitations» entre le 21 janvier et le 21 février selon Météo-France, et que «80% des nappes phréatiques ont des niveaux bas à très bas», le président de la République a notamment annoncé «un plan de sobriété sur l’eau» qui devra être présenté par chaque secteur avant l’été. L’objectif étant d’atteindre les 10% d’économie d’eau dans tous les secteurs d’ici 2030. Concernant l’agriculture, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a toutefois annoncé lors du congrès de la FNSEA la «stabilisation des prélèvements». «On ne demande pas un effort supplémentaire» aux agriculteurs sur les prélèvements globaux, a précisé le ministre, évoquant une amélioration de la «sobriété à l’hectare», alors qu’il y aura «sans doute besoin de plus de surfaces à irriguer». Autrement dit, selon Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France, «il faudra faire plus d’irrigation avec la même quantité d’eau que nous utilisons aujourd’hui». Aux yeux de l’agriculteur normand, les nouvelles zones d’irrigation pourraient connaître des «difficultés» si elles n’accèdent pas à des volumes d’irrigation.

Didier Bouville

Une circulaire ministérielle publiée le 28 mars par nos confrères de Contexte détaille les modalités de mise en œuvre de l’aide de 10 M€ pour les exploitations bio, promise durant le Salon de l’agriculture. Cette aide sera «ventilée par région», en fonction du nombre d’exploitations bio et du nombre d’élevages. Pour être éligibles, les fermes devront par ailleurs être certifiées bio au titre de 2023, tirer 80% de leurs recettes du mode de production bio, et ne pas recevoir d’aides à la conversion sur plus de 10% de leur SAU. Sur LinkedIn, la députée bretonne Sandrine Le Feur a salué ces annonces, estimant qu’elles font «écho à de fortes difficultés d’une filière aux vertus environnementales pourtant avérées». L’aide avait été en revanche considérée comme insuffisante dès son annonce par la Confédération paysanne, le Synabio (transformateurs), ou encore la Fnab, qui avaient dénoncé le «mépris» du gouvernement avec ce montant. Dans un document présenté le 21 février au cabinet du ministère, le Cniel à lui seul estimait les pertes financières à 59 M€ en 2021 pour la filière laitière, avec 71 M€ de pertes projetées sur 2023. Inaporc évoquait dans le même document une perte de 30 M€ par an en raison des déclassements. Autant de montants souvent comparés au 270 M€ débloqués pour la filière porcine début 2022.

Didier Bouville

Trois pays du Mercosur (Brésil, Paraguay, Argentine), ainsi que l’Équateur et l’Indonésie ont critiqué le 28 mars lors d’une réunion du comité de l’Agriculture de l’OMC, la future législation de l’UE visant à lutter contre la déforestation importée, la jugeant non conforme aux règles de l’OMC. Ils qualifient ce projet de texte de «fondamentalement punitif» et injuste pour les pays en développement. Ces pays ont demandé à l’UE d’organiser des consultations avant de procéder à son adoption. L’UE a répondu que son règlement est une mesure environnementale qui garantit que les produits vendus sur le marché européen sont exempts de déforestation et qu’il ne s’agit pas d’une interdiction commerciale. Un accord interinstitutionnel sur ce texte a été finalisé entre les négociateurs européens au mois de décembre et a été validé en janvier par le Parlement européen. Il prévoit d’interdire l’importation d’huile de palme, de viande bovine, de soja, de café, de cacao, de bois et de caoutchouc, ainsi que de plusieurs de leurs produits dérivés s’ils sont issus de terres ayant été déboisées après le 31 décembre 2020. L’UE a prévu d’organiser en juin une session d’information sur ce règlement lors de la Semaine de l’environnement de l’OMC.

Didier Bouville

Dans un communiqué paru le 27 mars dans la soirée, le gouvernement a dévoilé un «plan d’action» définissant une «trajectoire de baisse de l’utilisation des nitrites et nitrates dans les produits de la charcuterie». Ce plan construit en trois étapes modifie progressivement les teneurs maximales de nitrites ajoutés, avec des seuils et des trajectoires différents selon les charcuteries. La première échéance se situe à fin avril, avec par exemple une baisse de 25% dans le jambon cuit et de 33% pour la chipolata. La seconde intervient dans 6 à 12 mois, avec une baisse de 33% pour le jambon cuit, et 100% pour la chipolata. A cinq ans, une fourchette est proposée pour la plupart des produits, dont le jambon cuit, qui va jusqu’à la suppression des additifs nitrités. Le gouvernement promet de «supprimer (…) là où c’est possible», et de «mobiliser les instituts scientifiques compétents» à cette fin. Dans un communiqué paru le 28 mars, Foodwatch, Yuka et la Ligue contre le cancer dénoncent «la frilosité» du plan «ne contient pas d’engagements assez forts pour la suppression de ces additifs et repose sur les engagements volontaires de l’industrie». Ce plan intervient plusieurs mois après la parution de l’avis de l’Anses, et à la veille du début de l’examen de la proposition de loi LFI Bien manger, qui vise notamment à interdire les additifs nitrités, à horizon 2024 pour la charcuterie «non traitée thermiquement» et 2025 pour celle qui l’est.

Didier Bouville

Le Conseil d’État a rejeté le 27 mars le pourvoi de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) qui demandait d’annuler les textes fixant la composition du Conseil national loup (CNL). La cour administrative d’appel de Lyon avait déjà rejeté cette demande en mai 2022. Les juges, contrairement aux arguments déployés par les chasseurs, avaient estimé que le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’origine du texte n’avait commis «aucune erreur manifeste d’appréciation» en nommant la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) dans le groupe, et en faisant des lieutenants de louveterie des représentants du monde cynégétique. Dans cette nouvelle décision, le Conseil d’État ne se prononce pas sur le fond, considérant simplement que les moyens juridiques déployés par les chasseurs ne sont «pas de nature à permettre l’admission du pourvoi». Les juges ont estimé que les arguments des avocats des chasseurs concernant des erreurs de droits ou des dénaturations des pièces du dossier n’étaient pas suffisamment «sérieux» pour justifier la saisine du Conseil d’État.

Didier Bouville

Le plan du gouvernement pour améliorer la gestion de l’eau «est bouclé» et «j’aurai l’occasion de le présenter jeudi» 30 mars, a déclaré Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, sur France Inter le 27 mars. Initialement prévu le 26 janvier, ce plan a été reporté, puis annoncé comme imminent à de multiples reprises. Selon le ministre, ce plan portera sur la gestion quantitative de la ressource – comment faire avec moins –, mais aussi sur la qualité de l’eau. «Nous n’avons que 44% des masses d’eau en France qui sont dans un bon état écologique», a précisé Christophe Béchu à l’antenne de France Inter. La question de la gouvernance sera également à l’ordre du jour, alors qu’il existe «aujourd’hui un système assez kafkaïen sur la gestion» de l’eau, estime le ministre. Et d’ajouter qu’il sera aussi question de «moyens, parce qu’il n’y a pas de plan s’il n’y a pas de finance». Par ailleurs, Christophe Béchu a fait allusion à une modification de la réglementation sur les forages, car «aujourd’hui vous pouvez forer et prendre des milliers de mètres cubes avec parfois très peu d’autorisations». Le 25 mars, le ministre avait également souligné sur France Info que ce plan Eau comporterait un «volet agricole».

Didier Bouville

Groupama a conclu «autour de 7000 nouveaux contrats» d’assurance récolte depuis l’entrée en vigueur de la réforme sur la gestion des risques le 1er janvier, a annoncé la directrice du marché agricole Nadia Roignant Creis en conférence de presse le 27 mars. Cela représente «une croissance brute des surfaces assurées de 550 000 ha». «On a un développement de l’assurance, une tendance positive, mais pas le choc assurantiel que nous avions espéré», a déclaré le directeur des relations institutionnelles Pascal Viné, qui demeure toutefois optimiste sur la montée en puissance du dispositif. La réforme assurantielle «suscite de l’adhésion» en prairies, avec 2700 contrats nouveaux, contre 110 contrats souscrits l’an passé, a détaillé Mme Roignant Creis. Cela «correspond à 270 000 ha et plus de 220 M€ de capitaux assurés», a complété Pascal Viné. En grandes cultures, alors que la campagne de souscription se termine le 30 mars, Groupama enregistre «500 M€ de capitaux assurés complémentaires», a ajouté la directrice du marché agricole. En revanche, en arboriculture, Groupama compte sur la création du pool de co-réassurance en 2024 pour améliorer l’offre assurantielle. L’assureur compte «une centaine» de contrats arboricoles en 2023, contre «une quarantaine l’an passé», a indiqué Mme Roignant Creis.

Didier Bouville

Plusieurs chiffres récemment publiés par les distributeurs, les analystes et la presse spécialisée semblent indiquer que la distribution spécialisée bio résiste mieux à la baisse de consommation que l’ensemble du secteur bio, et mieux à l’inflation que le secteur conventionnel. Selon le média spécialisé Biolinéaires, l’inflation des produits bio a ainsi atteint 3,8% en magasins spécialisés fin octobre 2022, contre 10,4% en GMS. Lors de sa conférence de presse annuelle fin mars, Biocoop a confirmé cette tendance, ainsi qu’une meilleure performance par rapport au conventionnel, avec une inflation dans ses rayons atteignant environ 6% sur un an à fin 2022, alors que le prix des produits alimentaires en général auraient augmenté de près de 13% entre décembre 2021 et décembre 2022 (Iri). Face à cette relative stabilité, les produits bio peuvent désormais dans certains cas afficher des prix identiques voire inférieurs au conventionnel. D’après nos recherches, le poireau est ainsi affiché à 2,95 €/kg dans certains magasins spécialisés bio à Paris, quand ils atteignent 2,99 €/kg sur les sites de certaines grandes surfaces. De même, les oignons jaunes sont affichés par un distributeur généraliste à 2,69 €/kg en bio, contre 3,99 €/kg chez un concurrent en conventionnel. Des écarts du même ordre ont également été constatés la même semaine localement dans le Sud de la France par un consultant et un entrepreneur spécialistes du bio, qui en ont fait part sur LinkedIn.

Didier Bouville

Le plan du gouvernement pour améliorer la gestion de l’eau «est bouclé» et sera présenté «la semaine prochaine», a promis le 25 mars le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, alors que la France connaît un déficit de pluies record. Concernant les efforts demandés, il a assuré qu’ils ne porteraient «pas sur les particuliers seuls». Le ministre a souligné que ce plan Eau comporterait «un volet agricole», au moment même où des milliers de personnes sont rassemblées dans le département des Deux-Sèvres, pour manifester contre les «bassines», de vastes réservoirs dédiés à l’irrigation des cultures, contestés notamment par une partie du monde agricole. «On sait qu’en termes de prélèvements, il faut des trajectoires de sobriété, il y a des enjeux de qualité», a poursuivi M. Béchu, indiquant que «56% de nos masses d’eau en France (…) ne sont pas en bon état écologique». «La réalité, c’est celle d’un réchauffement qui fait que vous n’avez pas seulement moins d’eau, mais vous avez aussi des sols qui ne sont plus les mêmes, vous avez des températures qui ne sont plus les mêmes, ça va forcément pousser à bouger une partie de nos productions et de notre modèle agricoles», a déclaré le ministre.

Didier Bouville