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Le retrait des autorisations des produits à base de S-métolachlore confirmé par l’Anses le 20 avril «crée des impasses techniques réelles, prive les agriculteurs d’un outil de production essentiel, et met en péril la capacité de l’agriculture française à produire une alimentation sûre», dénonce la FNSEA dans un communiqué de presse. Alors que l’interdiction n’a pas encore été prononcée au niveau européen, la décision française «crée inévitablement des distorsions de concurrence avec les autres pays européens qui sont, eux, toujours autorisés à utiliser cette molécule». La Première ministre Élisabeth Borne, rappelle le syndicat, a promis «un changement de méthode» sur les pesticides au Salon de l’agriculture, avec une analyse du calendrier des interdictions à venir, et de leurs conséquences. Des engagements que la FNSEA estime «urgent de mettre en œuvre». Et le syndicat majoritaire de conclure en attendant de la puissance publique «qu’elle réaffirme sa volonté de porter une vision stratégique dans les décisions [affectant] notre souveraineté alimentaire».

Didier Bouville

La région Île-de-France, le département de Seine-et-Marne et la Chambre d’agriculture régionale ont inauguré, le 21 avril à Provins, le chantier d’une future plateforme d’approvisionnement pour la restauration scolaire destinée à assurer la collecte, la transformation et le conditionnement de produits locaux achetés dans des exploitations de la région. Le projet Approv’Halles vise à approvisionner les 129 collèges de Seine-et-Marne et les 170 lycées de l’académie de Créteil, soit plus de 15 millions de repas par an, à partir de la rentrée scolaire 2024. Différents types de produits agricoles ont été ciblés : la viande de volaille (principalement le poulet), des fruits et légumes (pommes, poires, pommes de terre, carottes, oignons…) et des produits laitiers (yaourts, fromages blancs, faisselles). L’approvisionnement sera assuré via une société publique locale (SPL) constituée entre le Conseil départemental et la Région. L’activité du site pourrait croître les années suivantes. «L’outil a été dimensionné pour pouvoir assurer au maximum la transformation de denrées destinées à la conception de 20 millions de repas», précise un communiqué du département. Le projet représente un investissement global de 48 M€. La plateforme emploierait près de 80 personnes.

Eva DZ

L’association France Brebis Laitière (FBL) demande aux pouvoirs publics de débloquer une «aide exceptionnelle» à destination des éleveurs de la filière, en difficulté face à la baisse de leurs revenus, a appris Agra Presse auprès de l’organisation qui réunit les producteurs, les coopératives et les industriels privés. L’association à vocation interprofessionnelle avait adressé une demande d’aide au ministère de l’agriculture en octobre, pour le moment restée sans réponse. À l’occasion de son assemblée générale organisée le 20 avril, elle réitère son appel. Dans les principaux bassins laitiers, l’Occitanie et les Pyrénées-Atlantiques, le revenu des exploitants a diminué de 27%, selon l’Idele. «L’enjeu est de maintenir les exploitations et d’assurer le renouvellement des générations», insiste l’animateur de FBL, Sébastien Bouyssière. Les prix du lait et des agneaux ont augmenté (2,3% et 8,3%), moins que les charges (17,7% pour l’indice Ipampa sur la campagne 2021/2022). «On peut s’attendre à ce que les coûts de production augmentent encore en 2023», explique Sébastien Bouyssière. Des hausses d’environ 10% du prix du lait ont été négociées pour la campagne 2022/2023. Positionnée sur des produits «plaisir», la filière a fortement souffert des arbitrages de consommation (-7% en volume pour les fromages).

Eva DZ

Alors que les importations de viande bovine sont majoritairement destinées à la restauration, la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) dénonce le 20 avril «des « ballons d’essai » de l’ensemble de la grande distribution sur un approvisionnement à l’import». Dans son communiqué, l’association spécialisée cite notamment Carrefour. Le président de la FNB Patrick Bénézit appelle les distributeurs à «donner impérativement un signal positif aux producteurs». Et de menacer : «Nous saurons leur faire entendre [le message des éleveurs] en direct à brève échéance». Pour le syndicat, «toute baisse de prix au producteur» serait «totalement artificielle et injustifiable au regard de la conjoncture». Comme le rappelle la FNB, la production française a reculé en 2022, tandis que la consommation est restée stable, ce qui a soutenu les prix à la production (et profité aux importations). En hausse constante ces derniers mois, le PMP (prix moyen pondéré national entrée abattoir) relevé par FranceAgriMer s’est récemment dégradé. Cet indicateur a perdu 7 ct€ en deux semaines pour s’établir à 5,33 €/kg en semaine 15 (du 10 avril). Un recul que la revue des Marchés attribue à un déficit de demande (inflation, vacances scolaires, météo défavorable aux barbecues).

Eva DZ

Les hausses de charges liées aux matières premières «plombent les revenus [à hauteur de] -15 à -45%» en ovins lait et viande, alerte la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA) dans un communiqué du 20 avril. Les cours de l’agneau et du lait ont bien progressé de 8,3% et de 2,3% sur un an, souligne le syndicat. Mais les charges ont dans le même temps augmenté de 18,5% en ovins viande et de 17,7 % en brebis laitières, selon les indices Ipampa. La situation, craint la FNO, risque même de ne pas s’améliorer en 2023, avec une sécheresse qui a «affecté les stocks de fourrages dans de nombreuses régions», ainsi qu’une «situation économique morose qui pourrait [affecter] la consommation». Les producteurs, alertent les représentants syndicaux, rappellent «l’importance de l’application de la loi Egalim 2». Parallèlement, «un soutien couplé et fort dans le cadre de la Pac reste indispensable pour assurer la pérennité de cette production aux aménités [avérées] pour l’environnement et la biodiversité», insiste le communiqué. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, 34 000 exploitations posséderaient des ovins en France. La Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie concentrent à elles deux plus de la moitié du cheptel.

Didier Bouville

Nommé pour deux ans depuis le 1er avril, le nouveau coordinateur national interministériel du plan de lutte contre le mal-être en agriculture, Olivier Damaisin, a évoqué ses priorités d’action pour les mois à venir, lors de la 2e édition de la journée mal-être qui s’est tenue à la CCMSA le 20 avril. L’ancien député a indiqué sa volonté «d’aller sur le terrain, à la rencontre des gens». Il veut «mettre en place avec tous les coordinateurs départementaux» le «système d’alerte» créé par son prédécesseur Daniel Lenoir, en tenant compte des «spécificités» des territoires. L’enjeu est de «réagir plus vite» quand il y a des «remontées d’urgence», a-t-il souligné. Une autre priorité pour «ce semestre» est d’avancer sur le chantier n°7 du plan, intitulé «Accompagnement des transitions agricoles (transmission, attractivité, métiers agricoles…)», a indiqué à Agra Presse l’adjointe au coordinateur national Anne-Marie Soubielle. «Il faut qu’on puisse mettre de la prévention aux risques psycho-sociaux dans les propositions qui sont faites dans le cadre du pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricole», a-t-elle souligné. D’autre part, un chantier supplémentaire (n°6) a été ajouté «en octobre» au plan interministériel. Intitulé «Conciliation vie personnelle et familiale», il couvre des enjeux tels que «la parentalité», «les addictions», «les violences intra-familiales» ou encore «la lutte contre la précarité» notamment chez les salariés (problématique du logement saisonnier, des crèches..), a précisé Anne-Marie Soubielle.

Didier Bouville

Des «précisions juridiques» ont été ajoutées, ce 20 avril, dans les autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits à base de phosphure d’aluminium utilisés pour la fumigation des céréales, indique l’Anses à Agra Presse. L’agence sanitaire y «rappelle l’existence de la possibilité de traitement pour l’exportation par la phosphine au contact direct des grains» dans le cadre du règlement européen de 2005 sur les limites de résidus de pesticides. «Il ne s’agit pas d’une modification des modalités d’utilisation évaluées et fixées dans l’AMM, insiste l’agence. Il s’agit d’une clarification qui permettra de sécuriser les utilisateurs dans leur relation avec les services de contrôle chargés de délivrer les certificats phytosanitaires pour l’exportation.» En octobre, le principal fabricant, l’indien UPL, avait déposé un dossier et obtenu un feu vert de l’Anses, mais pour un usage sans contact direct avec le grain (en sachet, ou à distance). Problème: les cahiers des charges de plusieurs clients africains, comme l’Algérie ou le Maroc requièrent des fumigations avec contact direct. Les exportateurs français craignaient de ne plus pouvoir exporter de céréales vers ces destinations à partir du 24 avril, échéance de la précédente AMM. Selon l’Anses, «la possibilité d’exportation n’a jamais été remise en cause».

Didier Bouville

En réponse à la décision de la Pologne, de la Hongrie, de la Slovaquie et de la Bulgarie d’interdire les importations de produits agricoles ukrainiens bon marché accusés de déstabiliser les marchés nationaux, la présidente de la Commission européenne, a indiqué le 19 avril dans une lettre adressée aux dirigeants de ces pays, que Bruxelles préparait un second paquet de soutien financier d’un montant de 100 M€ en leur faveur (un montant réhaussé par rapport aux 75 M€ qu’elle envisageait de mettre sur la table depuis une semaine). Ces pays situés en première ligne pourront compléter cette aide communautaire jusqu’à 200 % avec des fonds nationaux. En parallèle, Bruxelles activera également dans les prochains jours une mesure de sauvegarde d’urgence conformément au règlement sur les mesures commerciales autonomes qui consistera à autoriser dans ces pays, uniquement le transit de certaines importations de produits agricoles ukrainiens (blé, maïs, tournesol et colza) destinées aux autres États membres de l’UE et aux pays tiers (Afrique du Nord, Moyen Orient, Asie). «Étant donné son caractère exceptionnel, cette mesure ne sera pas soumise à l’approbation des États membres et sera appliquée jusqu’au 30 juin, le temps de réduire les stocks de céréales bloqués dans les silos», a expliqué un haut fonctionnaire de l’UE. Avant d’ajouter que «cette réponse européenne impose à la Pologne, à la Hongrie, à la Slovaquie et à la Bulgarie de retirer immédiatement leur interdiction prise unilatéralement, d’importer des produits agricoles ukrainiens».

Eva DZ

«Changer le statut du loup sera un processus long, sur lequel tous les États membres ne sont pas encore d’accord», a souligné le ministre de l’agriculture à l’occasion d’un échange avec la presse le 18 avril. En juillet 2022, alors que la profession agricole bloquait des ronds-points sur le trajet du tour de France dans les Pyrénées, le Président de la République se serait engagé à «faire évoluer le statut du loup au niveau européen», selon des propos rapportés par les syndicats agricoles. Estimant que la population de canidés était «hors de danger d’extinction», Marc Fesneau avait confirmé en août suivant au Sénat qu’il avait «entamé» un travail sur ce dossier avec ces collègues européens, et notamment le ministre autrichien. La Rue de Varenne miserait actuellement sur «le document d’orientation de la directive Habitats», qui traduit opérationnellement la protection des espèces. Figurant dans les annexes IV et II de la directive, le loup fait partie des espèces dont la mise à mort ou la «perturbation» intentionnelle sont strictement interdites, sauf dérogation permettant de «prévenir des dommages importants». «Faire évoluer le statut ne réglera pas tout, et risque de nous faire revenir sur la pente inverse. Or l’éradication n’est pas le bon combat. La question centrale est celle de la compatibilité et de l’acceptabilité du loup», prévient le ministre.

Eva DZ

Alors que le dernier cas d’influenza aviaire en élevage remonte au 14 mars, le ministère de l’agriculture a décidé «d’alléger certains des dispositifs de prévention et de surveillance renforcés», annonce-t-il dans un communiqué le 19 avril. Première mesure : dans les zones indemnes, les palmipèdes «pourront être autorisés à sortir en parcours extérieur réduit» en cas de fortes chaleurs. D’après une instruction technique parue le 18 avril, cette autorisation sera accordée au niveau départemental si deux conditions sont remplies : une température maximale supérieure à 22°C pendant trois jours consécutifs, et une «prévision sur sept jours présentant une moyenne des températures maximales journalières supérieure à 18°C». Deuxième mesure : dans les ZCT FS* des Pays de la Loire, de la Bretagne et des Deux-Sèvres, «la surveillance des palmipèdes est allégée» (prélèvements hebdomadaires au lieu de deux fois par semaine, fin des chiffonnettes d’environnement obligatoires). «La vigilance de tous les acteurs doit être maintenue», rappelle la Rue de Varenne: le niveau de risque influenza restant au stade «élevé», la mise à l’abri des volailles reste la règle sur l’ensemble du territoire métropolitain.

*Zones de contrôle temporaire liées à la faune sauvage

Eva DZ