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Dans un avis rendu public le 18 octobre, le Conseil national de la biodiversité (CNB) fait plusieurs recommandations liées à l’agriculture pour améliorer la stratégie nationale biodiversité (SNB). Pour atteindre les objectifs de réduction des produits phytosanitaires de la stratégie européenne De la ferme à la table (-50% d’utilisation des pesticides chimiques/risques associés et -50% d’utilisation des pesticides les plus dangereux d’ici 2030), le CNB préconise de «s’appuyer sur les indicateurs de risque harmonisés» de l’UE et sur les indicateurs du plan Ecophyto «dont le NODU et le QSA». Il recommande «d’intensifier et étendre» les mesures de protection des captages «dont la mise en place de zones soumises à contraintes environnementales (ZSCE) sur les captages sensibles». Sur la transition du secteur agricole, et bien que ce point fasse dissensus, le CNB recommande «majoritairement» de «réorienter en faveur de la biodiversité» le PSN «dès 2024» (Maec, écorégimes, aides à la bio, % d’IAE). Il suggère que la transmission d’exploitations «intègre la transition agro-écologique». Il propose enfin d’autoriser les projets photovoltaïques sur les terrains classés dégradés «après une analyse biodiversité».

Eva DZ

La première édition d’un observatoire économique et financier de la filière vinicole a été publiée le 16 octobre par les Vignerons coopérateurs et le HCCA (Haut conseil de la coopération agricole). Etabli sur la période 2017-2022, il montre un «retour à la profitabilité» des caves coops, après une série de crises liées à la météo, l’économie, la géopolitique. Les coopératives viticoles sont «en phase de convalescence», a souligné le président de la commission économique et financière du HCCA François Macé, lors d’un conseil de section à la Coopération agricole. Leur rentabilité opérationnelle, mesurée par le ratio entre Ebitda et chiffre d’affaires, atteint 5,68 % en 2021, un niveau plus élevé qu’en 2018. Mais les caves coops sortent d’un passage difficile en 2019 et 2020, y compris financièrement. Ces deux années d’investissement et d’endettement ont affaibli leur levier financier, qui a grimpé entre 11 et 12 (nombres d’années pour rembourser la dette) pour les structures de plus de 10 M€ de chiffre d’affaires, avant de descendre à 6,83 en 2021, soit un chiffre encore «trop important». «La situation pourrait se dégrader à nouveau en 2022, avec la forte augmentation du besoin en fonds de roulement», selon le rapport, en référence notamment à l’explosion des taux d’intérêt.

Didier Bouville

Un sixième magasin «Bienvenue à la ferme» ouvrira ses portes, le 19 octobre, à Bâlines (Eure) et neuf nouveaux points de vente devraient être lancés en 2024, dont deux au premier trimestre, informe un communiqué du réseau de magasins en circuits courts. Cinq magasins commercialisent déjà des produits fermiers sous cette enseigne liée aux Chambres d’agriculture. Les lancements prévus pour 2024 marquent «un coup d’accélérateur», déclare Patricia Sijilmassi, directrice de Fermes and Co, société créée en 2021 pour développer et animer le réseau de magasins Bienvenue à la ferme. Les porteurs du projet tablaient au départ sur une centaine de magasins en 2026 et, désormais, sur une trentaine. «Nous avons complétement revu nos objectifs, nous serons plutôt sur un rythme de sept à neuf ouvertures par an», explique Patricia Sijilmassi. «Il a fallu prouver nos résultats pour embarquer plus de magasins avec nous», indique la directrice. Les magasins du réseau se portent bien malgré la forte inflation. «Nous observons une hausse de chiffre d’affaires et des paniers moyens», affirme-t-elle. Un point de vente situé dans l’Orne a cependant dû fermer ses portes il y a quelques mois. «Le magasin n’a pas décollé comme prévu en raison de choix stratégiques de notre partenaire. Nous avons décidé d’arrêter d’un commun accord», précise Patricia Sijilmassi.

Didier Bouville

Trois des principales régions viticoles de France, la Champagne, la Bourgogne et le Beaujolais, se sont associées pour lancer le 17 octobre la plus grande serre bioclimatique et hermétique aux insectes en France, destinée à faciliter la production de plants de vigne résistants. La future serre, baptisée Qanopée, d’une superficie de 4 500 m2 et implantée dans la commune des Blancs-Coteaux (Marne), en plein cœur du vignoble champenois dans la réputée Côte des Blancs, doit être mise en service en juin 2024. Face au changement climatique et à l’émergence de nouvelles maladies qui font mourir les plants de vigne, cette serre doit permettre de «sécuriser l’approvisionnement des pieds de vigne pour les vignobles de Champagne, de Bourgogne, du Jura et du Beaujolais», a souligné le président de l’association Qanopée, Thiébault Huber, par ailleurs président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne. La bioserre, a-t-il ajouté, sera un « lieu de prémultiplication », cette étape essentielle consistant à produire les composants du pied de vigne: greffons, porte-greffes, qui seront ensuite associés par les pépiniéristes. Les premiers plants seront disponibles en 2027. Ils seront ainsi développés en milieu confiné et hors-sol, à l’abri des vecteurs de maladies, alors que la prémultiplication se faisait jusqu’à présent en plein champ, exposée aux champignons, virus ou insectes et aux aléas climatiques.

Didier Bouville

En 2023, la filière céréales CRC (culture raisonnée contrôlée) a enregistré une hausse de sa production de 18% par rapport à l’année passée, rapporte un communiqué de presse du 16 octobre. En tout, ce sont 638 000 tonnes de céréales qui ont été produites selon son cahier des charges, soit «environ 10% des céréales françaises écrasées par la meunerie française», selon CRC. Quant au rendement moyen à l’hectare, il a progressé de 9% par rapport à la récolte précédente. Dans le détail, 626 953 t de blé tendre ont été récoltées, en plus de 2040 t de blé dur et de 9041 t de seigle. «En dix ans seulement, la filière CRC a vu le nombre de producteurs engagés dans sa démarche, ses surfaces emblavées et ses volumes de céréales récoltées multipliés par trois», se réjouit par ailleurs la filière. Ce qui témoigne d’une «vraie reconnaissance» de la part des acteurs de la boulangerie viennoiserie pâtisserie, estime Marc Bonnet, directeur général de la filière CRC. Née en 1989, la filière CRC s’est engagée à produire des céréales françaises cultivées selon des pratiques agricoles «favorables à la biodiversité» et stockées sans traitement après récolte. Aujourd’hui, elle compte 130 entreprises adhérentes – organismes stockeurs, meuniers, industriels distributeurs – et près de 3500 agriculteurs.

Didier Bouville

Si les importants retards d’instruction et de paiement de la précédente programmation Pac 2014-2020 ont été résorbés il y a déjà quelques années pour les aides destinées aux agriculteurs, ce n’est pas encore le cas des aides des programmes Leader (développement rural) du second pilier de la Pac, généralement souscrits par des communautés de communes ou des parcs naturels régionaux. Seulement 85% des fonds 2014-2020 sont engagés et 49% sont payés, a rapporté le secrétaire général de Leader France, lors d’une conférence de presse le 16 octobre, à l’issue de l’assemblée générale de la fédération des programmes Leader. «En 2018, le programme n’avait toujours pas avancé, et il devait être bouclé en 2020, témoigne l’élu local. Depuis, la situation s’est améliorée, mais nous sommes toujours le 21e pays européen dans l’avancement des paiements, et le retard pris, jusqu’à trois ans, a mis en difficulté des porteurs de projet.» En cause, le changement de fonctionnement induit par la régionalisation du 2d pilier, mais pas seulement, selon l’élu. Un parangonnage des différentes organisations administratives en Europe va être lancé pour identifier des pistes d’amélioration. Pour cette période, les programmes doivent être réglés avant 2015 et engagés avant fin 2024.

Didier Bouville

Ni la révision de la législation sur le bien-être animal ni la proposition de législation sur les systèmes alimentaires durables ne figurent au projet de programme de travail 2024 que la Commission européenne doit présenter le 17 octobre. Ce calendrier fixe les derniers dossiers sur lesquels Bruxelles compte avancer avant les élections européennes du mois de juin. Sur le bien-être animal – comme l’avait déjà laissé plané le nouveau vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic au moment de sa nomination –, la vaste révision de la législation en place est reportée et seule une proposition sur le transport des animaux sera présentée, probablement le 6 décembre. Par contre, concernant les autres dossiers, une initiative non-législative sur la résilience de la ressource en eau sera bien présentée au premier semestre 2024. Pour le reste, les travaux de la Commission européenne en matière agricole viseront principalement à simplifier la législation en place et à réduire le nombre de rapports que les États membres sont tenus de présenter (mesure de protection contre les parasites des plantes, Posei, contrôle de l’ESB…). Enfin, des bilans de santé de la directive Nitrates et de la mise en œuvre du principe pollueur-payeur seront lancés.

Didier Bouville

Le lancement du plan subventionné d’arrachage de vignes dans le Bordelais est retardé dans l’attente d’un feu vert de la Commission européenne, ont annoncé le 12 octobre l’interprofession et la préfecture de Gironde, où plus d’un millier de viticulteurs en difficulté sont candidats. Cet arrachage dit sanitaire pourrait débuter «courant automne-hiver», après un «dépôt final de la demande» pendant le mois de «novembre», selon un calendrier remanié. «Des échanges sont en cours» entre le ministère de l’Agriculture et Bruxelles dans «un schéma classique de notification d’une aide d’Etat», indiquent la préfecture et l’interprofession, «l’Etat et le CIVB (étant) mobilisés pour une mise en oeuvre la plus rapide possible». «Ce report crée du désespoir mais il ne crée pas de situations compliquées parce que les arrachages se font souvent sur octobre ou novembre, en période non végétative, et dans tous les cas les paiements (de la prime) ne seraient pas intervenus avant janvier ou février», estime Stéphane Gabard, président du syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, interrogé par l’AFP. «Le risque, c’est qu’à force de réduire la période (d’arrachage), est-ce qu’on aura suffisamment d’entreprises capables d’arracher les vignes?»

Didier Bouville

Outre le vote sur le glyphosate, les experts des Etats membres ont décidé, le 13 octobre à Bruxelles, de ne pas renouveler (comme le proposait la Commission européenne) l’autorisation de mise sur le marché de trois produits phytosanitaires: le S-metolachlor, le benthiavalicarb et le metiram. L’autorisation de mise sur le marché du S-metolachlor qui avait été temporairement prolongée au mois de juin expirera donc le 15 novembre 2024. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait, dans un avis publié en février, proposé de ne pas accorder de ré-autorisation à cet herbicide principalement utilisé sur le maïs et le tournesol, compte tenu de préoccupations quant à son impact sur l’environnement. Le metiram et le benthiavalicarb, tous deux utilisés comme fongicides contre le mildiou, verront leurs licences expirer respectivement le 31 janvier 2024 et le 15 novembre 2024. Pour ces deux molécules des propriétés de perturbation endocrinienne ont été identifiées. Les Etats membres ont par contre validé le renouvellement de l’autorisation de l’éthephon, utilisé comme régulateur de croissance en céréales (dont l’autorisation expirait le 15 novembre 2024).

Didier Bouville

«La France attend que la proposition de la Commission [européenne] converge vers l’idée d’une ré-homologation [du glyphosate] sous condition d’usage», a indiqué le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau le 13 octobre. Dans un exercice de questions-réponses avec l’AFP, le locataire de la Rue de Varenne a expliqué les attentes de la France qui, quelques instants plus tôt, s’est abstenue lors du vote concernant la ré-homologation pour 10 ans proposée par l’exécutif européen. «On demande éventuellement une durée moindre [de ré-homologation]; le remplacement [du glyphosate] là où il y a des alternatives crédibles, techniquement possibles et économiquement viables; et le maintien pour les zones montagneuses et pour l’agriculture de conservation des sols», a expliqué Marc Fesneau. La France veut aussi «continuer à poser sur la table la question des usages non-agricoles, dans les parcs et jardins», vu qu’elle a réussi à les diminuer ces dernières années. Même constat du côté du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu qui salue tout de même l’introduction de limites maximales d’utilisation par hectare. «Cela ne suffit pas. La proposition de la Commission est toujours moins disante par rapport aux mesures mises en place en France», a déclaré M. Béchu le 13 octobre. Il a promis de rencontrer «dès lundi» ses homologues européens «pour faire entendre notre position et trouver des alliés».

Didier Bouville