Fil info

«Je veux que la présidence française de l’Union européenne porte une initiative forte de sortie accélérée des pesticides», a annoncé Emmanuel Macron en inaugurant le congrès mondial de l’UICN à Marseille le 3 septembre. «Ce n’est qu’au niveau européen que nous y arriverons», a poursuivi le président, soulignant la nécessité de développer la recherche tout en soutenant les agriculteurs. Les aides du Plan de relance, a annoncé le président, seront donc complétées «dans le cadre de France 2030 par un plan massif d’investissement pour accompagner nos agriculteurs».

Aucun changement de ligne sur les pesticides, rassure-t-on cependant dans l’entourage du président comme au cabinet du ministre de l’agriculture. Comme le résume Julien Denormandie auprès d’Agra Presse: «Si nous voulons avancer rapidement dans les transitions, il faut évidemment un accompagnement, comme nous le faisons avec le plan de relance et France 2030. Et ce que dit aussi le président, c’est qu’il faut absolument porter ces sujets au niveau européen, au risque de nous exposer à une concurrence déloyale». Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, confie avoir été surprise par le terme de «sortie» employé par le président: «Emmanuel Macron est le premier président à parler de cette façon. Mais c’est aussi le premier à nous avoir dit qu’il interdirait le glyphosate, pour revenir en arrière trois ans plus tard».

Didier Bouville

Alors que plusieurs états, dont la France, proposent de rehausser l’objectif international de surface d’aires protégées de 17 à 30 %, Bruno Oberle, directeur général de l’UICN, estime auprès d’Agra Presse que cette ambition «nécessitera de lancer une discussion avec les agriculteurs». «Nous pouvions atteindre la cible actuelle d’Aïchi de 17% sans toucher aux terres agricoles, et beaucoup de pays l’ont fait. Mais atteindre 30% supposera qu’une partie de ces surfaces soit agricoles», estime le directeur général. Il s’agira donc pour lui de «discuter avec les agriculteurs pour déterminer les

pratiques qui seront acceptées dans ces surfaces, qui deviendront des aires protégées capables de produire également de la nourriture». Comme il le rappelle, «les preuves scientifiques montrent que l’agriculture pourrait être directement ou indirectement responsable de 80% de la perte de biodiversité», en raison des épandages de pesticides et des utilisations d’engrais. Espérant cependant resserrer les liens entre défenseurs de la nature et agriculteurs, les deux communautés doivent donc selon lui demander «aux industriels qui fournissent les intrants, et à ceux de la transformation, de soutenir les pratiques agricoles durables».

Didier Bouville

Malgré la fermeture du site depuis le 1er janvier, la ferme des 1000 vaches (Picardie) était encore au centre d’une audience, ce 3 septembre, au Conseil d’Etat, dont l’issue – attendue dans un mois – devrait apporter une conclusion définitive au litige qui l’opposait à l’administration depuis 2015, et constituer le dernier épisode de ce feuilleton politico-juridique débuté en 2010. Le litige examiné par le Conseil d’Etat porte sur le fondement des porteurs de projet à avoir pris pour un accord tacite le silence de l’administration à une demande de regroupement de cheptels soumise en 2015. Cette opération leur avait permis de faire passer le cheptel de 500 à 880 vaches.

Pour le rapporteur public – dont les conclusions sont le plus souvent suivies par le Conseil d’Etat -, le silence de l’administration ne valait accord tacite, quand bien même ce silence avait excédé le délai de deux mois fixé par la loi de 2000 sur les relations avec l’administration. Le rapporteur public invoque les spécificités de la Police des installations classées pour l’environnement (protection de l’environnement, dialogue suivi entre les exploitants et l’administration). Selon lui, le Conseil d’Etat peut ainsi étendre au cas des regroupements une décision similaire prise en 1995 sur les demandes d’autorisation ICPE. Le rapporteur public demande donc au Conseil d’Etat de confirmer les arrêtés de mise en demeure de revenir à 500 vaches et les sanctions prononcées pour leur non-respect.

Didier Bouville

La recherche d’une méthode pour évaluer la valeur de l’exploitation lors de la transmission sera le thème du congrès des fermiers, qui se tiendra le 9 septembre à Paris, ont indiqué les dirigeants de la Section nationale des fermiers et métayers de la FNSEA (SNFM) le 2 septembre. «Trop de cessions se basent sur la seule valeur patrimoniale, or il faut tenir compte aussi de la valeur économique de l’exploitation», a expliqué Bertrand Lapalus, président de la section. La SNFM cherche à limiter l’inflation des fermes, en tentant de corréler davantage leur valeur à la rentabilité de leur exploitation (valeur économique), plutôt qu’à celle de leur seule détention ou habitation (valeur patrimoniale, résidence). «On a beaucoup de cessions qui sont assises sur la valeur patrimoniale. Du fait de la crise sanitaire, on note une recrudescence des achats de citadins qui veulent se mettre au vert. En vendant un appartement de 80 mètres carrés pour le prix d’une parcelle de 500 000 €, des jeunes agriculteurs ne peuvent pas suivre et ne peuvent donc pas s’installer», a résumé Bertrand Lapalus.

Eva DZ

Lors de son congrès qui se tiendra du 21 au 23 septembre à Niort (Deux-Sèvres), la FNSEA présentera le projet de «rénovation de son organisation», a annoncé sa présidente Christiane Lambert. Baptisé @FNSEA 2025, ce chantier lancé en 2019 débouchera sur «des propositions en termes de méthodologie de travail, de gouvernance et d’orientation politique». A cette occasion, «nous dévoilerons la raison d’être de la FNSEA», précise Christiane Lambert. Par ailleurs, le ministre de l’agriculture sera présent pour la journée de clôture le 23 septembre. Le congrès sera aussi placé sous le signe de la ruralité, partant du constat que «dans les trois quarts des communes, les agriculteurs sont les premiers employeurs», d’après la présidente de la FNSEA. Le syndicat a proposé aux acteurs économiques de cosigner une «plateforme de propositions pour une ruralité vivante et dynamique». Le sujet sera débattu à Niort avec le sociologue Jean Viard, le président de la CPME (petites et moyennes entreprises) François Asselin, ainsi que Dominique Bussereau (ancien président des Départements de France et ancien ministre de l’agriculture).

Eva DZ

«C’est inacceptable que les agriculteurs soient les seuls à supporter les augmentations de charges», a lancé le secrétaire général de la FNSEA Jérôme Despey quelques jours après que Michel-Edouard Leclerc a dénoncé une «spéculation» sur les prix des matières premières. «Les négociations commerciales qui commencent s’annoncent difficiles», a renchéri Christiane Lambert. Et la présidente de la FNSEA de citer l’exemple des volailles, dont le coût de production «au niveau de la filière» est en hausse de 12,5% sous l’effet de la flambée des céréales, des emballages (plastique, carton), des huiles et de l’énergie. «En face, les distributeurs répondent que ce ne sera pas plus de 2% [de hausse]», affirme-t-elle. Le 27 août, Michel-Edouard Leclerc avait promis sur BFMTV de «castagner les multinationales» et de «ne pas laisser passer les hausses spéculatives». «Non, monsieur Leclerc, la hausse des charges n’a rien d’une spéculation de la part des producteurs de lait», rétorque la FNPL (producteurs de lait, FNSEA), évoquant une «flambée des prix des aliments, de l’énergie, des engrais et des services sans précédent depuis 2010». D’après l’association spécialisée, le coût de production (Ipampa) du lait de vache a augmenté 8,1% sur un an «quand le prix du lait n’a progressé que de 1,5%».

Eva DZ

Dans un communiqué du 1er septembre, l’association professionnelle des produits laitiers frais, Syndifrais, s’inquiète de l’impact « des hausses de prix constatées dans de nombreux domaines ». C’est notamment le cas des matériaux d’emballage qu’ils soient plastiques ou cartonnés, mais aussi des coûts de l’énergie et des fruits qui entrent, en partie, dans la composition des yaourts. « Le prix du sucre est également orienté à la hausse et a augmenté de plus de 30 % en 1 an et 50 % en 2 ans », souligne l’association professionnelle qui pointe aussi le renchérissement des carburants.

« Les impacts des hausses sont donc loin d’être négligeables (de +30 à +50 %) », ajoute-t-il. Le président de Syndifrais, Patrick Falconnier « appelle solennellement la distribution à une écoute constructive pour assurer la pérennité des acteurs de la chaine de valeur. Pour maintenir l’équilibre économique, nous estimons qu’une hausse de 4 à 6 % des prix est nécessaire ». Les négociations annuelles devraient s’ouvrir dans les prochaines semaines.

Didier Bouville

« L’indice des prix d’achat des moyens de production agricole (ipampa) du lait de vache est à + 8,1 % sur un an quand le prix du lait n’a progressé que de 1,5 % (…) Cette explosion des charges vient mettre en évidence l’impérieuse nécessité du respect entier et immédiat de la loi EGAlim de 2018 (…) La colère gronde dans les campagnes, il y a urgence à agir », a déclaré la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) le 1er septembre dans un communiqué de presse.

Très inquiète, l’association spécialisée de la FNSEA alerte le ministre sur la situation des « trésoreries des fermes laitières », dont l’état remet « en question la pérennité du métier pour un grand nombre d’éleveurs. Certains osent s’exprimer sur leur situation, leur épuisement et le ras-le-bol face au manque de perspectives et de rémunération. Plusieurs déclenchements de l’aide a? la prévention des suicides la semaine dernière pour le seul département de la Dordogne témoignent de la situation », insiste la FNPL. Cette dernière appelle « maintenant les pouvoirs publics a? exiger de tous les opérateurs de l’aval laitier un droit de suite sur l’application de la loi EGAlim ».

Didier Bouville

A partir de début septembre, Jérôme Simon assurera la direction des Jeunes agriculteurs (JA), indique le président du syndicat Samuel Vandaele à Agra Presse le 31 août. Il remplace Claire Cannesson, directrice depuis deux ans et partie pour raisons personnelles. Âgé de 35 ans, M. Simon est directeur général adjoint du syndicat depuis septembre 2020. Diplômé de l’Ensat (Agro Toulouse), Jérôme Simon est entré chez les JA en 2011, où il a occupé les postes de conseiller Productions végétales, puis de responsable du service Economique et international.

Didier Bouville

La start-up américaine Eat Just, qui développe des similis de viande à partir de cellules animales, prévoit de construire un site important au Qatar pour mettre pied au Moyen-Orient et accélérer la production à grande échelle. La société est la première au monde à avoir reçu, fin 2020 à Singapour, l’autorisation de commercialiser des morceaux de poulet fabriqués artificiellement, actuellement vendus uniquement dans des restaurants. Il faut désormais passer à l’étape supérieure et cultiver cette viande dans des volumes beaucoup plus importants, affirme à l’AFP Josh Tetrick, le patron de Eat Just.

En plus de sites prévus aux Etats-Unis et à Singapour, l’entreprise a annoncé le 31 août avoir passé un partenariat avec le fonds Doha Venture Capital (DVC) et les autorités qataris pour construire une usine sur une zone franche avec un accès au port de Hamad, qui devrait coûter plus de 200 millions de dollars, selon M. Tetrick. Seules les autorités singapouriennes ont pour l’instant accordé leur feu vert à un aliment de ce type. Les autorités qataris pourraient accorder «très bientôt» leur feu vert à la commercialisation de viande artificielle par Eat Just et ont déjà accordé une licence pour exporter le produit, assure M. Tetrick. En fonction des choix d’ingénierie retenus, la production à grande échelle – à hauteur de dizaines de millions de kilos de viande – pourrait y débuter d’ici un an ou demi ou trois ans, ajoute-t-il.

Didier Bouville