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Les députés des commissions de l’Environnement et de l’Agriculture du Parlement européen ont adopté à une large majorité le 10 septembre leur projet de rapport sur la stratégie De la ferme à la table, validant les 48 amendements de compromis qui avaient été préparés en amont du vote. Ils confirment l’objectif de réduction des engrais de 50% mais se contentent sur les pesticides de demander des objectifs contraignants de réduction sans fixer de chiffre. Les États membres devraient mettre en œuvre de tels objectifs lors de la révision de leurs plans stratégiques de la Pac, estiment-ils également.

Les parlementaires insistent aussi sur la politique commerciale de l’UE: à moins que les normes de production animale des pays tiers ne soient alignées sur celles de l’UE, les importations de produits animaux en provenance de ces pays ne devraient pas être autorisées, proposent-ils notamment pour ce qui est du bien-être animal. Les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) dénoncent une position qui remet «tout simplement en cause notre alimentation» citant en particulier les propositions sur l’avenir des produits phytosanitaires. Pour le Copa-Cogeca «le texte final contient quelques propositions et avancées intéressantes, notamment en ce qui concerne l’innovation, l’agriculture carbone ou le commerce. Cependant, un nombre limité de propositions mais aux conséquences très importantes franchissent les lignes rouges».

Didier Bouville

«Supprimer le rémunérascore», peut-on lire sur un document de travail interne à la Coopération agricole rendu public le 8 septembre par la FNPL (producteurs laitiers, FNSEA). Intitulé «Propositions d’amendements relatives à la proposition de loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs» (PPL Egalim 2) en lien avec l’examen du texte en première lecture au Sénat qui débute le 15 septembre, le document assure que la mise en place d’un tel dispositif serait «discriminant pour les coopératives».

«Le rémunérascore peut paraitre une bonne idée», convient Dominique Chargé, président de la Coopération agricole interrogé par Agra Presse. «Mais il pose des problèmes dans son application et cela pourrait se retourner contre les agriculteurs français», explique-t-il. L’organisation estime qu’un rémunérascore ne pourra pas prendre en compte les spécificités du modèle coopératif à savoir les compléments de prix en fin de campagne et autres ristournes en fonction des bénéfices de la coopérative. Seul le prix d’acompte payé au moment de livraison voire «au mieux les compléments de prix s’ils sont versés rapidement» pourront été intégrés dans le calcul de ce nouveau score, affirme la Coopération agricole.

Didier Bouville

«Le décret pour rendre obligatoire l’affichage de l’origine de toutes les viandes en restauration collective sera pris à la fin de l’année», a assuré le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, lors de son déplacement le 8 septembre au salon Restau’co dédié à la restauration collective en gestion directe. Si un délai d’adaptation sera laissé, «il faut que le plus vite possible en 2022 l’origine des viandes soient affichée», a-t-il prôné alors que l’obligation incombe aujourd’hui à la seule viande bovine.

Devant son auditoire il a convenu de «passer les détails du marathon légistique» qui permettra finalement de mettre en place cette mesure adoptée une première fois lors de la loi Egalim de novembre 2018 avant d’être éconduite par le conseil constitutionnel au motif de cavalier législatif. Cet affichage a ensuite été à nouveau adopté dans le cadre de la loi Etiquetage de juin 2020 sans toutefois pouvoir être mise en application à cause d’un défaut de notification à la Commission européenne. Selon Ouest France, cette annonce est permise par un récent «feu vert de la Commission».

Didier Bouville

Au regard des résultats actuels de la restauration collective dans l’atteinte des objectifs d’approvisionnement que lui impose la loi Egalim, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a admis, le 8 septembre lors du salon Restau’Co, qu’à la date butoir du 1er janvier 2022, «nous n’y serons pas». «Les changements demandés ne sont pas minimes, il ne s’agit pas juste d’atteindre un score mais d’une vraie révolution pour la restauration collective», avait justifié un peu plus tôt Cédric Prévost, sous-directeur de la politique de l’alimentation à la DGAL (ministère de l’Agriculture), assurant que le ministère n’aura pas le «même niveau d’exigence», selon les acteurs et notamment leur taille.

«Tout le monde ne sera pas prêt», confirme Sylvie Dauriat, président de Restau’co, réseau interprofessionnel de la restauration collective en gestion directe. Outre la crise du Covid, une autre difficulté s’est ajoutée: la nouvelle loi Climat du 22 août qui amende la loi Egalim et ses objectifs d’approvisionnement des cantines de 50% en produits dits durables et de qualité dont 20% de bio. «Certains ajouts sont simples d’autres plus complexes, décrypte Sylvie Dauriat. Être prêt dans quatre mois et demi sur quelque chose qui n’est pas finalisé, c’est compliqué».

Didier Bouville

«Nous prévoyons une hausse du prix du lait payé aux producteurs adhérents des coopératives de 13 à 15 euros les 1000 litres sur 2021», a révélé Damien Lacombe le 7 septembre lors de la conférence de rentrée de la Coopération laitière dont il est le président. Les producteurs se réjouiraient bien de cette annonce si les charges de production n’avaient pas explosé dans leurs exploitations. Les coopératives les estiment entre 15 et 18 euros les 1000 litres selon les exploitations. «La hausse des prix va à peine couvrir cette hausse», déplore Damien Lacombe.

«Il est nécessaire de revaloriser le prix sur les exploitations, assène-t-il. Mais aussi au niveau de la transformation». En effet le maillon industriel fait également face à d’importantes hausses de charges (+50% sur le plastique, +54% sur le polystyrène par rapport à l’année précédente). «Nous demandons aux distributeurs 5 à 7% de hausse des tarifs pour combler la hausse des charges sur toute la chaîne de valeur», indique le président de la Coopération laitière. «C’est un message que nous passons chaque année lors de négociations commerciales avec la grande distribution, admet-il. Mais cette année, c’est un absolu nécessité!»

Didier Bouville

Le commissaire européen Janusz Wojciechowski a admis, en marge de la réunion informelle des ministres de l’Agriculture de l’UE, du 5 au 7 septembre en Slovénie, qu’il s’attendait à ce que les «négociations soient ardues, autour des mêmes points d’achoppement: ampleur des paiements redistributifs, écorégimes, part du bio…». Des négociations non seulement ardues mais aussi extrêmement serrées. Les eurodéputés de la commission de l’Agriculture doivent valider le 9 septembre l’accord trouvé avec les États membres sur les trois règlements de la future Pac avant un vote définitif en plénière probablement lors de la deuxième session du mois de novembre pour une publication au JO fin novembre ou début décembre.

Les actes délégués et d’exécution des règlements ne pourront donc être adoptés qu’une fois ces formalités accomplies. La Commission européenne a donc proposé, de commencer à préparer des textes en amont sans quoi ils ne seront pas prêts avant la fin de l’année échéance à laquelle les Vingt-sept doivent avoir rendu leurs projets de plans stratégiques nationaux à Bruxelles. Certains États membres s’attendent déjà à des retards et ont demandé s’il y aurait une certaine flexibilité concernant la date limite du 31 décembre . A ce stade la Commission ne veut pas en entendre parler.

Didier Bouville

Dans le cadre de la concertation sur la déclinaison française de la Pac, le Plan stratégique national (PSN), le cabinet du ministre de l’Agriculture a convié les parties prenantes à une réunion le 9 septembre. La DGPE (ministère de l’Agriculture) et Régions de France doivent présenter la version de ce PSN qui avait été transmise à l’Autorité environnementale fin juillet. Les parties prenantes demandaient que ce document leur soit communiqué pour y trouver la réponse à de nombreux points de détail (p. ex. définition d’une bande tampon, largeur de fossés…), qui n’avaient pas été abordés par Julien Denormandie lors de la présentation de ces orientations mi-juillet.

Le document qui sera présenté reste une «version de travail, non définitive», prévient-on à Régions de France. De son côté, l’institution doit dévoiler un «socle» de dispositions que chaque Conseil régional pourra mobiliser au titre des mesures non-surfaciques du 2d pilier de la Pac (DJA, aide à l’investissement). Mais la maquette finalisée des mesures adoptées par l’ensemble des régions françaises (pour 700 M€ de fonds européens) ne sera pas connue avant fin novembre, explique-t-on à Régions de France. Le ministère doit également présenter ce qu’il reste à arbitrer avant la remise du document à Bruxelles d’ici la fin de l’année. Il s’agit principalement de définir les notions de jeune agriculteur ou d’agriculteur actif.

Didier Bouville

Le groupement des producteurs de pommes de terre du nord-ouest de l’UE (NEPG) a annoncé le 3 septembre une récolte «moyenne» en 2021, marquée par «un été humide et des problèmes de qualité». Sa zone, comprenant l’Allemagne, la Belgique, la France et les Pays-Bas, présente des rendements «à peu près égaux à ceux de l’année dernière, c’est-à-dire 45 t/ha, et légèrement supérieurs à la moyenne quinquennale», selon un communiqué. La production attendue est d’«environ 22,4 Mt», un niveau «similaire à la moyenne des cinq dernières années», mais inférieur à 2020 après une baisse des surfaces.

«Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur les questions de qualité (pourriture, cœurs creux, crevasses, faibles matières sèches dans certains cas), mais aussi [sur] les conditions de récolte et de stockage», affirme le NEPG, qui souligne des problèmes de mildiou. Côté industrie, «depuis la fin du printemps et tout au long de l’été, les transformateurs ont travaillé à pleine capacité». «Les ventes totales de produits de pommes de terre transformés européens ont augmenté de 13% en comparant la saison 2020-21 à celle de 2019-20», poursuit le communiqué. Les exportations de l’UE à 27 apparaissent «très bonnes en juin (+63% par rapport à juin 2020).»

Didier Bouville

Le chèque alimentaire pour les plus précaires sera mis en oeuvre «pas avant 2022», a indiqué le ministre de l’Economie Bruno Le Maire au micro de Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFMTV, le 6 septembre. Annoncée par Emmanuel Macron en décembre 2020, la création de ce chèque a été entérinée par la loi Climat, parue au Journal officiel le 24 août. Or le texte prévoit que le gouvernement remette au Parlement deux rapports en vue de la mise en oeuvre: le premier, deux mois après promulgation de la loi sur, «les modalités et délais d’instauration» du chèque alimentation durable; le second, dans les six mois suivant la promulgation de la loi, sur «les personnes bénéficiaires, les produits éligibles, la valeur faciale, la durée, les modalités d’évaluation et de suivi, les modalités de distribution» notamment. «Nous aurons [le] premier rapport mi-octobre» et «[le] rapport définitif de propositions au début du mois de janvier 2022», a précisé Bruno Le Maire.

Didier Bouville

Les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) ont lancé le 6 septembre une campagne sur les réseaux sociaux (#DumpTheAntidumping) afin de faire pression sur la Commission européenne pour qu’elle mette fin aux droits anti-dumping définitifs qu’elle impose depuis 2019 aux importations d’urée et de nitrate d’ammonium en solution originaires de Russie, Trinité-et-Tobago et des États-Unis. Pour le Copa-Cogeca ces taxes participent à l’envolée actuelle des prix des engrais, même si d’autres facteurs jouent aussi un rôle: une demande mondiale en hausse, une augmentation des prix du gaz et du fret maritime, ainsi qu’une concurrence insuffisante sur le marché européen.

«Cette barrière inutile à l’importation a pour conséquence une faible concurrence et des pénuries, qui permettent ainsi aux fournisseurs européens de spéculer de façon inouïe. Ainsi, non seulement les prix explosent mais, de surcroît, il est devenu impossible de trouver de la marchandise», déplore le Copa-Cogeca, qui a déposé une demande de suspension des droits antidumping en avril 2021. Une requête que la Commission est en train d’analyser. D’après le Copa-Cogeca, les prix de la solution de nitrate d’ammonium et d’urée «ont doublé depuis 2017-2018, la période de référence pour la décision anti-dumping». Et de déplorer que «les agriculteurs déboursent plus de 210 millions d’euros par an pour une taxe qui va directement dans la poche des producteurs d’engrais européens».

Didier Bouville