110 députés ont déposé une demande en faveur d’une suspension provisoire du Ceta tant que cet accord n’a pas fait l’objet d’une ratification définitive par l’Assemblée nationale et le Sénat. Déjà examiné en urgence par l’Assemblée nationale, en session extraordinaire l’été dernier, il n’a toujours pas été présenté par le Gouvernement au Sénat où les chances de rejet sont particulièrement fortes. Néanmoins, en attendant, l’accord continue de s’appliquer « à titre provisoire » (sans aucun délai venant préciser le terme « provisoire ») et les importations européennes de viandes canadiennes, même si elles restent encore modestes, augmentent très rapidement. De 500 tonnes en 2017, date de l’application de l’accord provisoire, elles sont passées à 1300 t en 2018 pour dépasser 1100 t au premier semestre 2019. En outre, depuis cette date, le Gouvernement n’a été en mesure d’apporter aucune garantie sur la protection des normes de production européennes. Le débat à l’Assemblée Nationale a, notamment, mis en lumière le fait que les viandes canadiennes importées dans le cadre du Ceta pouvaient, sans restriction, être issues de bovins nourris aux farines animales. Comme le souligne la Fédération nationale bovine qui se félicite de cette initiative des députés, seule la non-ratification du Ceta par le Parlement français est, en théorie, de nature à stopper l’application provisoire de cet accord. Si le Sénat n’est pas consulté sur le sujet, cette non-ratification ne pourra jamais intervenir…
Didier Bouville


