Fil info

Dans un rapport paru le 28 novembre sur les forces et faiblesses des organismes de gestion (ODG) des signes de qualité et d’origine (Siqo), le CGAAER (ministère de l’Agriculture) estime que les filières Labels rouges «gagneraient» à pouvoir «mettre en place des contingentements de rendement et des mécanismes de réserves individuelle ou collective», comme cela est déjà permis aux indications et appellations protégées (IGP/AOP). Pour ce faire, la réglementation nationale devrait être «complétée», indiquent les auteurs, selon qui les ODG gérant les Labels rouges «souhaiteraient que cette possibilité leur soit ouverte». La définition d’indicateurs de prix ou de répartition de la valeur «semble plus difficile à mettre en œuvre», aux yeux des deux ingénieurs généraux, en raison «d’obstacles réglementaires liés au maintien des conditions de concurrence». Pour mettre en œuvre ces outils de régulation, les ODG devraient toutefois faire des progrès dans deux domaines: les outils statistiques de connaissance des marchés et des prix; les projections «en terme de volumes, prix et partage de la valeur». La France recense 436 cahiers des charges Label rouge homologués pour 1,65 milliard d’euros de chiffre d’affaires, essentiellement dans le secteur des viandes.

Didier Bouville

Le Parlement européen et le Conseil de l’UE sont parvenus, dans la nuit du 28 au 29 novembre à un accord sur la directive sur les émissions industrielles. Le texte ne sera pas étendu, comme le proposait initialement la Commission européenne, aux élevages bovins. La Commission réexaminera les règles en 2026 pour évaluer si le champ d’application de la législation doit inclure les bovins ainsi qu’une clause de réciprocité pour garantir que les producteurs de pays-tiers répondent à des exigences similaires lorsqu’ils exportent vers l’UE. Dans leur compromis, les colégislateurs ont ajusté certains seuils d’entrée dans le dispositif : 350 UGB (unité gros bovins) pour les porcs, 280 UGB pour les volailles (300 pour les poules pondeuses) et 380 UGB pour les élevages mixtes. Les exploitations agricoles extensives et bio sont exclus du champ d’application de la directive. Les exploitations agricoles qui entrent dans le dispositifs doivent demander un permis aux autorités nationales et avoir recours aux « meilleures techniques disponibles » pour limiter leur impact. Ces nouvelles règles s’appliqueront progressivement, à partir de 2030. Pour les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca), cet accord est «loin d’apporter un soulagement» et suscite au contraire «un sentiment d’incompréhension et d’inquiétude chez de nombreux éleveurs» de porcs et de volaille (poules pondeuses en particulier qui seront les plus touchés).

Didier Bouville

Selon un projet de texte qui circule concernant le projet de règlement sur le transport animal (dont la publication est attendue le 6 décembre), la Commission européenne devrait proposer de limiter le temps de transport des animaux vers leur lieu d’abatage à 9 heures pour les bovins, ovins, caprins et porcins. Pour les animaux non sevrés, cette limite serait abaissée à 8 heures. La limite fixée pour le transport à des fins autres que l’abattage serait, elle, de «21 heures avec une période de repos d’au moins une heure après dix heures de voyage». Après ces 21 heures, les animaux devraient être déchargés et gardés 24 heures à un poste de contrôle avant de pouvoir ensuite être transportés pendant 21 heures supplémentaires vers leur destination finale. Pour les volailles et lapins des limites spécifiques sont également proposées (entre 10 et 24 h). Aucune interdiction d’exportation d’animaux vivants vers les pays tiers n’est prévue. Mais Bruxelles propose que les opérateurs s’assurent que le transport vers ces pays soit conforme à la réglementation pendant toute la durée du voyage. D’autres dispositions sont prévues concernant l’espace alloué aux animaux, les conditions pour éviter une exposition à des températures extrêmes, le transport par bateau ou encore le suivi en temps réel des véhicules de transport. Une période de transition cinq ans serait accordée aux professionnels pour se préparer à ces nouvelles règles.

Didier Bouville

Promesse d’Emmanuel Macron le 9 novembre 2022 aux Terres de Jim, le Pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricoles n’ont toujours pas vu le jour, suscitant la colère chez Jeunes agriculteurs. Si les discussions avec l’exécutif «s’accélèrent depuis quelques jours», le président Arnaud Gaillot a jugé le 28 novembre «très regrettable» que Matignon et l’Elysée montrent «une telle négligence du travail» de concertation effectué dans les territoires. Selon lui, les services de l’Etat «depuis des mois, refusent de travailler» à l’écriture des textes. Résultat, la loi ne cesse d’être reportée et le pacte doit encore connaître des arbitrages: «Ce n’est pas tolérable», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse au salon Sitevi. «Si la loi d’orientation ne voit pas le jour, à l’Assemblée nationale, avant le Salon de l’agriculture, ça sera compliqué pour le président de la République de venir y déambuler», a lancé Arnaud Gaillot. «Il est temps de conclure», d’après lui. Et le syndicaliste de conclure: «Je commence à avoir des questions sur la volonté du président de la République de concrétiser» son annonce faite aux Terres de Jim.

Didier Bouville

Dans une note parue le 28 novembre, France Stratégie – institution rattachée à Matignon – constate que l’artificialisation réalisée sur les vingt dernières années s’est concentrée à 80% sur des sols agricoles, alors qu’ils ne représentent que 49% de l’ensemble des espaces naturels, agricoles et forestiers. France Stratégie avance trois explications: des villes historiquement construites à proximité des bonnes terres agricoles; des espaces naturels davantage protégés, limitant la constructibilité; et enfin la «faible rentabilité de l’agriculture et le faible coût du foncier agricole». France Stratégie estime qu’en moyenne, le prix d’un terrain agricole devenu constructible est «multiplié par près de 65». L’artificialisation est «intensément nourrie par l’habitat», rappelle France Stratégie. Entre 2011 et 2021 «63% du flux est lié à la construction de logements» en France métropolitaine. Au total, ce sont 231 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers qui ont été consommés. Les bourgs ruraux et les communes rurales à habitat dispersé y ont participé pour «près de 60%» des surfaces, alors qu’elles n’ont accueilli que 38% de la croissance des ménages.

Didier Bouville

Comme annoncé au Salon des maires par la Première ministre, le gouvernement a publié, ce 28 novembre au Journal officiel, trois décrets d’application des objectifs de zéro artificialisation nette (Zan) fixés dans la loi Climat. Ils fixent la nomenclature de l’artificialisation, les conditions de territorialisation de l’objectif et le fonctionnement de la commission de conciliation. Le décret portant sur la territorialisation apporte une précision concernant le secteur agricole. Il permet aux collectivités publiques de réserver une part d’artificialisation des sols pour les «projets de construction ou d’extension de construction ou installations nécessaires aux exploitations agricoles». Ces projets, précise le texte, doivent toutefois «contribuer aux objectifs et orientations prévus dans le schéma directeur régional des exploitations agricoles». En juin, les députés avaient déjà adopté une mesure de «souplesse» pour le «droit à construire» des petites communes rurales, avec la garantie de disposer pendant dix ans d’une surface minimale d’un hectare pour se développer. Introduit par le Sénat, le dispositif visait à rassurer les élus locaux face à l’objectif de long terme de Zan, qui vise à ne plus bétonner les sols à l’horizon 2050, à moins de «renaturer» des surfaces équivalentes.

Didier Bouville

Les services d’ATM avicole (animaux trouvés morts) ont annoncé la confirmation, le 27 novembre, du premier cas d’influenza aviaire en élevage pour la saison 2023-2024, dans une exploitation de dindes située à Grand-Champ (Morbihan), près de Vannes. Les zones de protection (3 km) et de surveillance (10 km) sont «en place», et l’abattage des volailles est prévu mardi 28 novembre, précise ATM. Par ailleurs, avant ce cas, la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne indiquait dès le 24 novembre sur son site web que «la DGAL (ministère de l’Agriculture, NDLR) nous informe de sa décision de passer la France en niveau de risque modéré». Cette élévation du niveau de risque dépend d’un arrêté ministériel, qui devait «paraître ce dimanche» (26 novembre, NDLR), selon la chambre. Lundi 27 novembre, aucun texte en ce sens n’était encore paru au Journal officiel. Selon la chambre consulaire, cette décision interviendrait à la suite de «la confirmation d’un cas en faune sauvage au niveau du lac de Madine (dans la région Grand Est, NDLR) et à une suspicion dans le delta du Rhône». S’y ajoute «la situation évolutive dans plusieurs pays d’Europe» (Pays-Bas notamment). Et la chambre d’ajouter que «la DGAL annonce un passage probable en risque élevé à court terme si les cas se multiplient». Depuis le début de la saison 2023-2024, le 1er août, la France compte dix cas en faune sauvage, selon la plateforme ESA.

Didier Bouville

La secrétaire d’État à la Biodiversité Sarah El Haïry a annoncé un durcissement de l’encadrement des activités humaines en zones de protection forte (cœurs de Parcs nationaux, réserves naturelles, réserves biologiques, espaces littoraux…) dans le cadre de la stratégie nationale biodiversité (SNB), présentée dans sa version finale à Matignon le 27 novembre. «On veut, d’une certaine manière, une inversion de la charge de la preuve», a indiqué Sarah El Haïry, précisant qu’actuellement seules les activités minières sont «automatiquement interdites» dans ces zones. «Plutôt que d’avoir des activités qui sont autorisées, sauf à démontrer qu’elles ont un impact significatif [sur la biodiversité], on voudrait voir s’il est possible d’avoir une liste d’activités humaines qu’on pourrait interdire automatiquement, sauf à démontrer qu’elles n’ont pas d’impact sur le territoire en question», a précisé son cabinet lors d’un débrief à la presse. Si la liste des interdictions n’a pas encore été établie, l’entourage de Mme El Haïry «ne pense pas» que l’agriculture y figurera, car il y a «énormément d’activités agricoles qui sont parfaitement compatibles avec la biodiversité» comme «la bio, l’agroforesterie [ou encore] l’élevage pastoral».

Didier Bouville

Les négociations interinstitutionnelles sur la révision de la directive Émissions industrielles (IED), qui devraient être finalisées le 28 novembre à l’issue d’un ultime trilogue, se pencheront sur le traitement à réserver à l’élevage. Dans une tribune commune publiée la veille de la réunion, les eurodéputés Benoît Lutgen (rapporteur pour avis pour la commission de l’Agriculture, droite), Jérémy Decerle (centre) et Paolo De Castro (social-démocrate) alertent sur les conséquences d’une inclusion de l’élevage bovin dans le dispositif. «Avec pour seul et unique objectif de réduire les émissions, la directive appliquée au bétail pourrait nécessiter des solutions issues de la grande industrie: des animaux dans des étables fermées et des dispositifs pour purifier l’air de ces étables», préviennent-ils, avec pour conséquence «toujours plus de concentration et de standardisation». Dans ce dossier, le Parlement européen s’est prononcé pour le statu quo: maintien de l’élevage bovin en dehors du champ d’application de la directive, pas de changement des seuils à partir desquels les élevages de volailles et de porcs entrent dans le dispositif. Les États membres se sont, eux, mis d’accord sur des seuils d’entrée pour les élevages de bovins et de porcs fixés à 350 UGB (unités gros bovin), pour ceux de volailles à 280 UGB et pour les exploitations mixtes à 350 UGB, avec des exemptions prévues pour l’élevage extensif. La présidence espagnole du Conseil, qui mène les discussions, insiste pour que l’élevage bovin soit inclus d’une manière ou d’une autre dans le futur dispositif.

Didier Bouville

La Commission européenne a publié, le 24 novembre, des lignes directrices sur les nouvelles règles d’étiquetage des vins qui avaient été convenues dans le cadre du règlement OCM de la Pac. Ce règlement OCM publié en décembre 2021, impose à compter du 8 décembre 2023, l’étiquetage obligatoire de la liste des ingrédients et de la déclaration nutritionnelle des vins et produits vitivinicoles aromatisés mais laisse la possibilité aux producteurs de présenter ces informations par voie électronique en revoyant, via un QR code, vers un site internet. Mais pour le Comité européen des entreprises vitivinicoles (CEEV) une modification urgente de ces lignes directrices est nécessaire pour éviter la destruction de centaines de millions d’étiquettes de vins déjà imprimées ou présentes dans les rayons. Le CEEV semble découvrir, en effet, que la Commission européenne a décidé d’une nouvelle interprétation de la législation «stipulant que la présentation d’un QR code doit être claire pour les consommateurs quant à son contenu, et que le QR code doit être identifié sur l’étiquette avec le terme “ingrédients”». La Commission européenne assure que ces lignes directrices ont fait l’objet de discussions avec des experts des États membres. Le CEEV qui dénonce une «interprétation purement bureaucratique», rétorque que les grands pays producteurs (France, Espagne, Italie, Portugal) ont déjà fait part de leur préoccupations à ce sujet.

Didier Bouville