La ministre italienne de l’Agriculture a plaidé le 14 avril pour la régularisation de 600.000 clandestins pour faire repartir l’économie durement touchée par l’épidémie de coronavirus, déclenchant de vives critiques de l’extrême droite. «Cela suffit l’hypocrisie, et la tête dans le sable», a souligné Teresa Bellanova, qui appartient à Italia Viva, le mouvement centriste fondé par l’ex-chef du gouvernement Matteo Renzi, dans une lettre au quotidien Il Foglio. «Aucune installation informelle, aucun travailleur au noir», a plaidé la ministre, en déplorant qu’«on s’obstine à ne pas voir (ces clandestins), pour ne s’en rappeler que lorsque l’irréparable nous y contraint». Plusieurs centaines de milliers de travailleurs agricoles étrangers sont exposés en Italie à un risque de travail irrégulier et d’exploitation, selon les syndicats. Une partie d’entre eux sont soumis au «caporalato», forme moderne d’esclavage où des intermédiaires siphonnent une «grande partie des maigres salaires versés». La Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini s’est immédiatement insurgée contre la proposition de Mme Bellanova. «Mais comment peut-on penser à régulariser un large continent de clandestins, dont on ne connaît rien, pas même les conditions de santé, pour pouvoir compenser le manque de main-d’oeuvre dans nos élevages, dans nos campagnes?», ont dénoncé plusieurs sénateurs de la Ligue.
Didier Bouville