Aveyron | Par Bérangère Carel

CUMA du Bassin : des lisiers mieux valorisés

La CUMA du Bassin revient dans le Challenge, après deux médailles d’or en 2021 et 2023, avec l’achat d’une tonne à lisier équipée de pendillards à patins, du matériel pile dans la mouvance agro-écologique.

Guillaume Cerles, président, et Gaël Domergue, vice président de la CUMA du bassin, présentent la nouvelle tonne à lisier équipée de pendillards à patins.

En 2021 la CUMA du Bassin, créée en 1980 autour d’un service ensileuse avec chauffeur pour les adhérents des CUMA Côteaux d’Almont, Plateau d’Almont et Vallée de Flagnac, a accueilli la fusion de ces trois CUMA. Elle regroupe aujourd’hui 24 adhérents répartis sur un large périmètre comprenant les communes d’Almont-les-Junies, Flagnac, Livinhac, Decazeville. «On va même au-delà pour certains services comme la mini-pelle, mais notre noyau dur se concentre sur une vingtaine de fermes», confie Guillaume Cerles, le tout nouveau président.

Les adhérents sont essentiellement et équitablement répartis dans les deux filières bovins lait et bovins viande. Le service phare de cette CUMA reste l’ensileuse. «Nous l’avons renouvelée cette année. Elle est équipée d’un pick-up de trois mètres de large et d’un bec à maïs de six rangs», évoque le président. Pour optimiser la fenaison, la CUMA du Bassin possède aussi une faucheuse-conditionneuse à tapis regroupeurs d’andains, deux faucheuses à plat, avant et arrière, ainsi qu’un andaineur à tapis. Des presses à balles rondes et carrées complètent ce matériel de récolte. Avec deux tracteurs de 130 et 150 chevaux, la CUMA propose aussi un large panel d’outils de travail du sol, de semis, d’épandages.

Un épandeur pour limiter les émissions d’azote

En 2024 la CUMA du Bassin a investi dans une nouvelle tonne à lisier de 12 000 litres équipée de pendillards à patins, système qui commence tout juste à se développer. «Avec quelques adhérents qui passaient en tout lisier, nous nous sommes intéressés aux systèmes qui permettaient de limiter la perte en azote au moment de l’épandage», relate Guillaume Cerles. «En outre, ce nouveau système réduit les odeurs et accélère le retour des animaux au pâturage.

Enfin, nous avons souhaité anticiper d’éventuelles contraintes réglementaires en matière d’épandage». La rampe équipée de patins est un compromis entre les pendillards simples et l’enfouisseur. Par un effet léger sur le sol, les patins permettent de moins souiller l’herbe et ainsi de remettre les bêtes au pâturage plus tôt. En diminuant le temps de contact entre le lisier et l’air, la rampe à patins limite la volatilisation de l’ammoniac et donc la perte d’azote.

Le dispositif est d’ailleurs reconnu par les pouvoirs publics comme un élément favorisant la réduction des émissions, de 30 à 60 % par rapport à un épandage par buse. Malgré tous ces atouts, le projet a rencontré quelques réticences au début. «L’épandage avec ce type d’outil est plus technique et nécessite un lisier bien préparé, peu pailleux et régulièrement malaxé, car le système peut se boucher. Il faut d’ailleurs être rigoureux sur l’entretien, et surtout le nettoyage, pour prévenir aussi la rouille dans le broyeur intégré à la rampe», explique Gaël Domergue, vice-président de la CUMA. «Il faut aussi plus de puissance car le système alourdit la tonne à lisier».

Après deux ans de réflexion, le matériel, de la marque Pichon, a été acheté fin 2024 pour un montant de 67 500 euros, amorti sur 15 ans. «Aujourd’hui 15 fermes adhèrent au service d’épandage des lisiers, qui comporte en tout trois tonnes qui ont épandu 14 785 m3 l’an dernier. Au final, que l’adhérent utilise la rampe de pendillards ou non, c’est le même tarif», évoque Gaël Domergue. «Nous sommes sûrs qu’avec le temps, le nouveau système va séduire de plus en plus d’adhérents !».

Bérangère Carel

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