Aveyron | Par Bérangère Carel
Pour sa première participation, la CUMA de Mauriac se place juste au pied du podium avec un service innovant et encore inédit en CUMA aveyronnaise : un sécateur hydraulique pour l’entretien des haies.
Créée en 1976 sur la commune de Saint Laurent de Lévézou, la CUMA de Mauriac rayonne sur un périmètre de 10 kilomètres autour du village, et compte 17 adhérents dont 13 exploitations particulièrement impliquées dans la CUMA. «En plein cœur du Lévézou, notre CUMA a la spécificité de rassembler des fermes essentiellement en production bovins lait et viande. Nous avons un seul adhérent en ovins», commente Olivier Portes le président. La CUMA est aussi marquée par la jeunesse de ses membres, comme en témoigne Anthony Balard, le trésorier.

«Nous avons bénéficié d’une vague d’installations sur les 10 dernières années qui fait que la moyenne d’âge de nos adhérents n’atteint pas 40 ans aujourd’hui». Cette petite CUMA a tout d’une grande, offrant une grande diversité de services. «Nos services phares sont l’ensileuse, avec une machine conduite par les adhérents, l’épandeur à chaux qui rassemble 16 exploitations, et bien sûr l’épareuse», poursuit le président. La CUMA de Mauriac possède aussi des bennes et rouleaux, un pulvérisateur, un gyrobroyeur, une fendeuse à bois, sans oublier deux enrubanneuses tractées. Les outils sont hébergés dans un hangar qui appartient à la CUMA. «Pour le travail du sol, nous adhérons à la CUMA de Curan, ainsi qu’à celle de Castelnau pour le broyeur de pierres», précise Olivier Portes.
Les haies, une ressource à sauvegarder

Pour sa première participation au Challenge, la CUMA de Mauriac a présenté la création d’un nouveau service pour l’entretien des haies à l’aide d’un sécateur hydraulique. «Nous sommes la première CUMA aveyronnaise à avoir un tel outil !», commente Anthony Balard qui gère le service. Le projet a commencé à se former fin 2022, suite à des réunions dans le cadre du dispositif public de paiement pour services environnementaux (PSE), qui octroie des aides pour la certification des haies. «On nous a alors expliqué que l’utilisation du rotor est interdit sur des haies certifiées car cela abîme trop le végétal», relate Olivier Portes. «Sans forcément sauter le pas de la certification, nous avons tous été particulièrement sensibilisés à cette problématique de préservation de la santé de nos haies». En effet, là où l’épareuse équipée d’un rotor a tendance à «mâcher» le végétal, le sécateur opère une coupe nette.
«Les arbres sont moins abîmés et on limite les portes d’entrée aux maladies», précise Anthony Balard. «Le passage du sécateur prend plus de temps mais permet de couper des branches plus larges, jusqu’à 10 centimètres de diamètre». Une autre alternative au rotor serait l’utilisation d’une épareuse à scie circulaire, plus répandue chez les entrepreneurs de travaux agricoles. Cette option a été écartée par les responsables car trop compliquée à utiliser en CUMA, avec de multiples utilisateurs. «Le sécateur est aussi facile à manipuler que le rotor», assure Anthony Balard. Romain Vidal adhère au service et partage son expérience avec l’outil. «On voit tout de suite que les coupes sont plus nettes, le travail est beaucoup plus propre. Par contre le sécateur ne travaille pas au ras du sol, il faut compléter avec un passage de rotor ou de gyrobroyeur. Même si on y passe un peu plus de temps, on a la satisfaction immédiate de préserver nos haies».
Grâce à la conservation du bras de l’épareuse, âgée de huit ans et tout juste finie de payer, l’investissement dans le sécateur hydraulique Khun, à hauteur de 13 800 euros, n’a pas fait augmenter le prix du service, et a permis de conserver l’existant. «Les 10 adhérents à l’épareuse sont de fait adhérents au sécateur, et peuvent utiliser les deux outils selon leurs besoins», explique le trésorier et responsable du service. «Il suffit de quatre boulons à démonter pour passer du rotor au sécateur».
Bérangère Carel