Aveyron | Par La rédaction
La CUMA d’Alpuech – La Terrisse se place sur la deuxième marche du podium du Challenge parrainé par le Crédit Agricole NMP, en créant un service de piégeage des taupes et rats taupiers grâce à l’embauche d’une salariée à temps plein.
La CUMA, qui couvre une partie de la commune d’Argences en Aubrac, a fêté ses 40 ans l’année dernière. Elle rassemble une soixantaine d’adhérents autour de 35 services, dont la gestion des effluents, l’entretien des haies et clôtures, ou encore du matériel de semis pour régénérer les prairies dégradées par les ravageurs. «Nous créons un nouveau service tous les ans», déclare Lionel Viguier le président. «Notre objectif est de mettre à disposition du matériel performant pour pallier le manque de main-d’œuvre de plus en plus contraignant sur nos exploitations».

En 2022, le secteur a été ravagé par la sécheresse combinée à une invasion de rats taupiers. «Nous avons atteint 80 % de perte de récolte cette année-là, et avons subi deux années compliquées par la suite», relate Lionel Viguier. C’est pourquoi la création d’un service de gestion des populations de taupes et de rats a trouvé rapidement un écho favorable auprès des adhérents. «Pour un temps plein, nous avons évalué une capacité de piégeage sur 20 fermes, soit un peu moins de 2000 hectares. Nous avons trouvé les volontaires très facilement !».
Au départ le poste devait être réparti comme suit : 70 % du temps consacré au piégeage, 30 % en mise à disposition sur les fermes. «En réalité, la priorité est donnée à l’activité de piégeage. Le complément de main-d’œuvre intervient surtout lorsque la météo est défavorable». Chaque adhérent s’est engagé sur au moins un jour de mise à disposition. Le piégeage est facturé au temps réel passé chez chacun.
Prendre de vitesse l’installation des rats
Ainsi en octobre 2024, Aurélie Rondreux, salariée agricole depuis quelques années sur le secteur, a démarré l’activité. Après trois jours de formation auprès du piégeur de la CUMA de Sainte Geneviève, et de multiples rencontres avec Alain Robert, fort de 10 ans d’expérience dans le piégeage, exerçant dans le secteur des sources de Volvic, elle a rapidement été opérationnelle.
«Ma première motivation a été de travailler pour un collectif. Sur la maîtrise des populations de ravageurs, nous agissons en réseau : piégeurs, agriculteurs et scientifiques. De la surveillance à l’analyse des populations, nous sommes en perpétuelle expérimentation». La mission première d’Aurélie Rondreux est d’empêcher en amont l’installation des colonies de rats taupiers. «Il faut agir sur les taupes car le rat emprunte ses galeries pour se déployer».
La salariée a aussi été formée pour utiliser du PH3 si nécessaire. De l’avis du responsable du service, Philippe Entraygues, la jeune femme a toutes les qualités pour le poste. «Elle est très autonome, et a un très bon sens de l’orientation, primordial pour se repérer dans un parcellaire où toutes les prairies se ressemblent ! Elle est aussi très rigoureuse et tient un carnet d’interventions très précis». Aurélie Rondreux intervient sur demande des adhérents, comme l’explique Lionel Viguier. «Au printemps on passe la herse pour mettre au jour les foyers. On annonce alors les parcelles à piéger. La priorité est donnée aux prairies de fauche. A la suite des premières interventions d‘Aurélie, nous avons déjà constaté une amélioration de la propreté du foin et une moindre usure du matériel !».
Un projet de territoire multi-acteurs
Le développement du piégeage est promu par le Parc naturel régional de l’Aubrac qui octroie des aides financières. «Il y a 4 ans, la CUMA de Sainte Geneviève a été la première à créer un temps plein sous l’impulsion du Parc», évoque Lionel Viguier. «En 2024, deux CUMA ont répondu au nouvel appel à projets : la nôtre et celle de Montpeyroux, qui a créé un poste à mi-temps». Le PNR participe au financement du salarié pendant 3 ans. «Grâce à l’aide du Parc nous facturons aux adhérents 15 € de l’heure au lieu de 22 €. En plus, et sans limitation de temps, les adhérents ont souscrit un contrat de lutte avec la FDGDON. Cela leur permet d’être indemnisés à hauteur de 75 % du coût de la salariée».
La FDCUMA de l’Aveyron accompagne la gestion administrative du poste. «Nous travaillons aussi avec les autres CUMA locales. Aurélie partage d’ailleurs son secteur avec Laurent Felgines, le piégeur de la CUMA de Sainte Geneviève. Nous étudions aujourd’hui la possibilité d’accroître le périmètre d’action pour intégrer de nouveaux adhérents», envisage le président.
Bérangère Carel