Aveyron | Par La rédaction
La réunion annuelle de la commission «Petits Ruminants» du GDS Aveyron s’est déroulée jeudi 2 février en présence de nombreux acteurs techniques des filières ovines et caprines du département. En introduction, Bernard Lacombe a rendu hommage à l’implication sans faille de Philippe Verlaguet qui a récemment cédé sa place de responsable ovin à Franck Vieilledent et Bérangère Carel. Maxime Peyssi est toujours responsable du volet caprin de la commission. La réunion technique a démarré par un bilan de la dernière campagne de prophylaxie.
La commission Petits ruminants du GDS Aveyron s’est déroulée début février (photo FODSA GDS Aveyron).
Border Disease : sécuriser l’engraissement des agneaux
Concernant la Border Disease en élevage laitier, le dépistage est double : une analyse sérologique sanguine systématique, au moment de la prophylaxie, et une analyse du lait de tank avant la mise à la reproduction et l’allotement des agneaux pour l’engraissement. Sur la campagne 2021/2022, 38 % des cheptels laitiers ont réalisé l’analyse du lait. «Ce n’est pas assez», déplore Bernard Lacombe. «D’autant que chaque élevage reçoit tous les ans un kit de prélèvement à la charge du GDS de l’Aveyron. Nous devons mobiliser les engraisseurs qui pourraient exiger cette analyse pour sécuriser leurs ateliers».
Autre cible de cette campagne, le suivi Visna Maëdi. Pierre-Alexandre Heckly, vétérinaire conseil à Races de France a fait le point sur les qualifications de cheptels. «En France, 50% des cheptels qualifiés sont en race Lacaune. La qualification est importante pour les sélectionneurs mais nous sommes confrontés à des difficultés de suivi de cette maladie liées à la faible disponibilité des kits et une sérothèque à remettre à jour. En cas de présence du virus, la seule solution est le renouvellement du troupeau. Il n’y a pas de traitement et aucun vaccin n’est envisageable». En Aveyron, la dernière campagne de tests en sondage a été plutôt encourageante avec 99% des 376 cheptels testés négatifs.
Alerte sur la résistance aux antiparasitaires
Depuis quelques années les phénomènes de résistance aux anthelminthiques augmentent, avec une prédominance concernant les benzimidazoles, et plus récemment les lactones macrocycliques, dont l’éprinomectine. «Ces phénomènes sont alarmants pour les élevages de petits ruminants laitiers qui n’ont pas d’autres alternatives pendant la période de lactation», avoue Céline Pouget, vétérinaire conseil du GDS 12. En Aveyron des défauts d’efficacité de l’éprinomectine ont déjà été détectés. Face à ce phénomène, des réflexes thérapeutiques sont à adopter : proscrire les traitements systématiques en réalisant des coprologies et des analyses d’état corporel, alterner les molécules entre lactation et tarissement, privilégier la voie injectable en s’assurant du bon dosage. La prévention reste toujours essentielle et peut passer par un assainissement du pâturage, via l’allongement des rotations ou le pâturage inter espèces. La sélection génétique d’animaux résistants peut aussi être une solution. Les responsables du GDS alertent les éleveurs sur la nécessité de communiquer dès l’apparition d’une résistance auprès de leur vétérinaire. En effet, une résistance, cela peut aussi se transmettre aux autres élevages.
Abreuvement : halte au stress
Le GDS a conduit une étude sur la qualité de l’abreuvement en bâtiment sur un panel d’élevages ovin lait en Aveyron. Le résultat est sans appel : seulement un quart des élevages a une offre en eau adaptée aux besoins des brebis. Les problématiques rencontrées concernent des abreuvoirs sous dimensionnés et souvent combinés à un trop faible débit. Selon Céline Pouget : «Si l’accès à l’eau n’est pas optimum la brebis ne va pas faire d’effort pour s’abreuver. Elle va plutôt puiser de l’eau dans son rumen. Ce qui n’est pas sans impact physiologique, et peut ainsi altérer la production de lait». Cette étude sensibilise les éleveurs sur l’abreuvement, de plus en plus impactant avec le réchauffement climatique. «L’état d’hydratation de la brebis peut facilement être évalué par la densité urinaire», conseille la vétérinaire. «Nous avons démontré une corrélation entre la densité urinaire et le Brix, utilisé pour mesurer la qualité du colostrum par les éleveurs eux-mêmes».
Un nouveau protocole contre le mycoplasme en caprin
Le dépistage du mycoplasme, responsable du syndrome d’Agalactie Contagieuse caprine, causant des mammites, des problèmes respiratoires ou encore de l’arthrose, pourrait connaître un nouveau tournant. En effet une analyse du lait de tank permet aujourd’hui d’évaluer la pression d’infection au sein d’un cheptel. Pour cela il faut prélever le lait idéalement dans le premier mois suivant la mise bas. L’échantillon doit être conservé au froid jusqu’à l’analyse. Le GDS et ses partenaires techniques réfléchissent à la mise en place la plus pratique et la moins contraignante de ce protocole chez les éleveurs.
Enfin, l’origine des avortements fait toujours l’objet d’un suivi particulier grâce à la performance des kits de diagnostic. On remarque que la diversité des causes est en augmentation. Des cas d’avortement liés à la présence de Campylobacter ont été détectés en 2021 et 2022 sur le département. Cet agent pathogène est donc à présent systématiquement ajouté au kit de dépistage. La cause des avortements précoces d’agnelles fait toujours l’objet d’un programme de recherche portant sur des tests d’inoculation, l’élargissement à d’autres bassins et à d’autres espèces. Le GDS rappelle qu’il est absolument inutile d’administrer des antibiotiques ou des antiparasitaires pour lutter contre ce phénomène.
BC