Aveyron | Par Jérémy Duprat
La FDSEA, sa section agriculture biologique ont rencontré les parlementaires aveyronnais avec la mission agriculture biologique de la CA et les JA. Un rendez-vous qui s’inscrit dans le cadre de la campagne de communication lancée par la FDSEA pour défendre l’AB.
Une rencontre qui visait à alerter les représentants de l’État sur la situation périlleuse du bio. Mais aussi de comprendre la position de Paris sur l’agriculture biologique. «Nous voulions nous assurer que l’État ne se désengage pas de la bio. Unanimement les 3 parlementaires nous ont assuré que non. Cela passe par exemple par l’enveloppe d’aides aux agriculteurs bio de 10 millions. Et une seconde de 60 millions qui va se mettre en oeuvre. Les modalités de celle-ci sont encore floues et le fléchage sera nécessairement plus compliqué puisque les critères sont nationaux. Finalement, le retour que j’ai de ces discussions, c’est que la bio est soutenue à Paris et que nous arriverons à surmonter la crise de l’inflation et de la défiance envers la bio», explique Florence Bouyssou, co-présidente de la section AB. La FDSEA a également appuyé une mise en œuvre urgente de la loi EGALIM, notamment des 20% de produits bio dans les cantines pour soutenir les agriculteurs bio.
Un échange bienvenu avec les parlementaires. «Au-delà des mesures et des aides, il était important d’obtenir le soutien des élus. Les perspectives qu’ils nous ont présentées et l’écoute dont ils ont fait preuve a été positive. Nous avons défendu le bio comme une chance pour l’agriculture, avec un cahier des charges très restrictif et contrôlé. Ils ont conscience de cela. Le défi, c’est justement de reconstruire la confiance en l’agriculture biologique en mettant en avant les bénéfices de celle-ci. Nous avons aussi discuté avec les parlementaires de divers moyens de lier la bio au local. Car c’est l’un des points qui nous revient souvent. La bio française ce n’est pas la bio de pays d’Amérique du Sud ou d’Australie. Le consommateur ne s’y retrouve plus et perd confiance. Il nous faut créer une identité autour de l’agriculture biologique au niveau français, si ce n’est au niveau régional», défendent Florence Bouyssou, Nicolas Bosc, co-président de la section, et David Argentier, élu au bureau de la Chambre d’agriculture et responsable de la Mission bio.
Si le consommateur s’y perd dans le label «bio», c’est bien entendu parce qu’il est dilué dans une pléthore de produits de différentes marques. «Si la bio s’est développée à l’origine via des marques spécialisées, l’arrivée sur le marché des grandes marques de l’industrie agroalimentaire ou des marques distributeurs a certainement contribué à diluer la promesse initiale et à limiter la capacité de réassurance du bio. En témoignent les 61 % de Français qui considèrent que le bio est avant tout du marketing», affirme le baromètre de l’Agence bio présenté lors du SIA, qui conclut à une corrélation marquée entre défiance envers le bio et manque d’informations sur son cahier des charges.
Mais c’est aussi à cause de l’inflation qui pousse les consommateurs à se rabattre sur les premiers prix. «C’est également une discussion que nous avons eu avec les parlementaires. Nous avons défendu la fin de la méthode de calcul des marges de la grande distribution qui s’effectue en pourcentage. Car nécessairement, augmenter de 10% un produit à 10 euros et un produit à 5 euros, ne donne pas la même augmentation en valeur absolue. Donc sur des produits plus chers comme en bio, les augmentations des GMS sont plus impactantes. Pourtant, transformer 1 litre de lait bio et 1 litre de lait conventionnel coûte sensiblement le même prix. Pareil pour la mise en rayon : qu’est ce qui justifie une marge plus importante sur les produits bio ? Rien, si ce n’est ce système de marge en pourcentage», mettent en avant les 3 éleveurs.
Jérémy Duprat