National | Par Actuagri
La consommation d’antibiotiques est restée conforme à l’objectif en 2024. Avec des bémols selon les espèces.

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L’Agence nationale de santé sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu public, le 18 novembre, son rapport annuel sur l’antibiorésistance en santé animale. Toutes espèces confondues, l’exposition aux antibiotiques mesurée par l’Animal Level of Exposure to Antimicrobials (ALEA)* diminue marginalement de 0,4 % entre 2023 et 2024 pour se situer à 0,307, soit très près de l’objectif de 0,3 inscrit dans le programme Ecoantibio 3 (2023-2028). Cependant, l’exposition aux antibiotiques évolue selon les espèces : + 3,1 % pour les bovins, + 6,7 % pour les lapins, – 0,7 % pour les porcs, – 11,7 % pour les volailles.
«La baisse de l’exposition en 2024 pour les volailles s’explique principalement par une diminution de l’exposition à la colistine et aux pénicillines. Pour les bovins, l’augmentation en un an de l’exposition est principalement liée à une hausse des ventes d’injectables contenant des macrolides, pénicillines ou aminoglycosides, et des poudres et solutions orales de tétracyclines», précise l’Anses. L’exposition globale est quasi stable depuis 2021, après qu’elle a chuté de 49 % au cours de la décennie précédente : – 15 % chez les bovins, – 65 % chez le porc, – 71 % dans la volaille. «L’arrivée sur un palier se confirme cette année. Une bonne partie de ce qui pouvait être fait a été fait», analyse Franck Foures, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Toutefois, «on n’est pas au bout du chemin», ajoute-t-il, en accord avec Jean-Yves Madec, directeur scientifique de l’axe transversal antibiorésistance à l’Anses. «Ce que l’on fait ne se voit plus de façon aussi visible. Aujourd’hui, c’est plus ciselé. Pour franchir une nouvelle étape en termes de biosécurité des fermes laitières, par exemple, il faudrait qu’elles cessent d’être des moulins ouverts à toutes sortes de publics, ce qui constitue un facteur important de dissémination des bactéries», explique-t-il en substance.
L’Anses a deux autres bonnes nouvelles à partager. D’une part, les antibiotiques dits critiques, utilisés en dernier recours en médecine humaine ou animale, ne représentent plus que 1,2 % des antibiotiques prescrits par les vétérinaires. C’est ainsi que l’exposition des animaux aux fluoroquinolones, aux céphalosporines de 3e ou 4e génération et à la colistine a chuté de 81 % à 95 % entre 2011 et 2024. Par ailleurs, «la multirésistance baisse chez les animaux de production», note Jean-Yves Madec. Entre 2023 et 2024, celle-ci passe de 39 % à 35 % en bovin, de 27 % à 22 % en porc, de 16 % à 14 % en volaille. «C’est bien la preuve que la diminution des usages, ça marche».
Par espèce
Le niveau d’exposition aux antibiotiques des bovins a augmenté de 3,1 % en 2024 (+ 1,2 % pour les injectables, + 9,7 % pour les traitements oraux). La répartition du tonnage d’antibiotiques vendus en 2024 est la suivante : 54 % pour les injectables, 39 % pour les poudres et solutions orales, 5 % pour les intra-mammaires et intra-utérins, et 2 % pour les médicaments topiques (appliqués sur la peau). Le nombre de traitements intra-mammaires est estimé en 2024 à 1,13 par vache laitière. «Cet indicateur a diminué de 31,5 % par rapport à 2011. Une augmentation de 5,6 % est observée sur la dernière année mais cet indicateur est relativement fluctuant d’une année sur l’autre», relativise l’Anses. En porc, le niveau d’exposition aux antibiotiques en 2024 est resté proche de celui estimé pour 2023 (l’ALEA diminue de 0,7 %). «L’exposition par voie orale a diminué de 2,9 % en un an, mais l’exposition par voie parentérale a augmenté de 3,6 %», précise l’Anses.
La répartition du tonnage d’antibiotiques destinés aux porcs en 2024 est la suivante : 83,4 % pour les poudres et solutions orales, 16,1 % pour les injectables, 0,43 % pour les prémélanges médicamenteux** et 0,07 % pour les médicaments topiques. En volaille, le niveau d’exposition aux antibiotiques a baissé de 11,7 % en 2024. La répartition du tonnage d’antibiotiques vendus a été la suivante : 96,24 % pour les poudres et solutions orales, 3,75 % pour les prémélanges médicamenteux, 0,01 % pour les injectables. «En 2024, le niveau d’exposition aux tétracyclines est proche de celui estimé en 2023 alors que l’exposition aux pénicillines a diminué de 8,5 % en un an. Une baisse importante de l’exposition à la colistine est observée (- 21,7 % en un an)», note l’Anses.
(*) L’ALEA compare les poids d’animaux vifs traités rapportés à la masse de population animale susceptible de recevoir des antibiotiques.
(**) L’exposition aux antibiotiques via les prémélanges médicamenteux (incorporés dans l’aliment) a diminué de 99,5 % depuis 2011, toutes espèces confondues, selon l’Anses.
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