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Olivier Dauger, élu de la FNSEA en charge de dossiers climat et biodiversité, salue l’accord «ambitieux» trouvé à la Cop15 de Montréal. «Les Cop sont souvent critiquées, mais elles restent le seul endroit où l’ensemble des pays peuvent discuter, pour espérer résoudre les problèmes de distorsion de concurrence», souligne l’élu syndical. La vision de l’agriculture portée par le texte serait même selon lui «positive», puisqu’elle marque la réconciliation des enjeux environnementaux avec l’innovation et la production. En matière de pesticides notamment, «le principe de la réduction du risque et non des quantités a été acté, permettant de s’attaquer aux véritables problèmes», souligne Olivier Dauger, saluant les efforts de la diplomatie française. L’enjeu pour la suite, prévient-il sera «de faire appliquer la décision de la Cop dans les accords commerciaux». Autre priorité pour faciliter la transition des fermes : assurer des négociations plus transversales. «Le climat et la biodiversité sont des sujets imbriqués, qui devraient pouvoir être discutés ensemble au niveau international», estime Olivier Dauger. Cette meilleure coordination serait aussi nécessaire selon lui au niveau national. Sur le climat, par exemple, «le MTE a récemment demandé aux filières de faire des propositions sur la décarbonation, pendant que la rue de Varenne avance sur la Stratégie nationale bas carbone».

Eva DZ

Le plan controversé du gouvernement néo-zélandais sur la taxation des émissions de gaz à effet de serre des ruminants ne passe toujours pas auprès des éleveurs, malgré plusieurs changements. La Nouvelle-Zélande entend lancer la première taxe sur les émissions de méthane et de protoxyde d’azote au monde, pour réduire le bilan de ses 6 millions de vaches et 26 millions de moutons. Selon la première version du plan, les éleveurs devront payer en fonction des émissions de leurs animaux, ce qui avait fait bondir la communauté agricole néo-zélandaise et provoqué des manifestations fin octobre. Les fermiers avaient demandé à la Première ministre, Jacinda Ardern, d’abandonner cet impôt, pointant le risque d’une augmentation des prix des denrées alimentaires. L’un des changements apportés le 21 décembre par le gouvernement inclut la possibilité de contrebalancer les émissions de carbone animales par le développement de la sylviculture sur les exploitations, afin de réduire la taxe. «Notre objectif commun est d’aider les fermiers à exporter plus, réduire leurs émissions et faire en sorte que notre secteur agricole reste compétitif», a déclaré Mme Ardern dans un communiqué. «La Nouvelle-Zélande est la seule à opter pour une réponse punitive», a critiqué dans un communiqué le président de la Fédération des fermiers néo-zélandais, Andrew Hoggard.

Eva DZ

Le prix du lait à la production «conserve encore une légère marge de progression» en France, tandis que les prix du lait en Europe du Nord, plus élevés qu’en France car «très fortement reliés aux prix des ingrédients», pourraient être amenés à baisser, indique l’Institut de l’élevage (Idele) dans la publication Tendances du mois de décembre. «Le prix des ingrédients ayant baissé, le prix du lait valorisé en beurre/poudre maigre baisse également tant sur le marché mondial que sur le marché européen», note l’Idele. D’après les informations de l’organisation du secteur laitier néerlandais (ZuivelNL), «la plupart des transformateurs (européens, ndlr) ont annoncé une stabilité des prix voir de nouvelles augmentations pour novembre et décembre 2022», indique l’Idele. «Néanmoins, il y a fort à parier qu’ils inverseront la tendance et les corrigeront à la baisse en début d’année 2023». Les éleveurs européens anticipent déjà cette baisse de prix en produisant plus de lait : la vente d’alimentation animale est à la hausse et la collecte est dynamique. Contrairement à certains voisins comme l’Irlande ou l’Allemagne, le prix du lait en France dépend largement de sa valorisation en grande distribution. La revalorisation du prix du lait payé aux producteurs français dépendra donc du résultat des négociations commerciales entre industriels et distributeurs qui prendront fin au 1er mars.

Eva DZ

Dans un rapport portant sur l’évolution des revenus agricoles, finalisé au printemps et publié récemment, le CGAAER (ministère de l’agriculture) fait plusieurs propositions pour faire face à une hausse attendue des charges (intrants, primes d’assurances) et des aléas (climatiques, géopolitiques et sanitaires) sur les 30 ans à venir. Les auteurs proposent notamment de mieux étudier la «diversité des systèmes agricoles», «renforcer la formation» des agriculteurs, mieux les informer sur les pistes de diversification, mieux harmoniser les réglementations… La cinquième recommandation est plus ambitieuse : le CGAAER «invite à explorer les différentes possibilités de reconception d’un système de régulation des marchés en vue de la nouvelle programmation de la Pac post 2027». Pour les auteurs, «les très fortes fluctuations des prix mondiaux ne peuvent que générer de grandes tensions dans la chaîne de valeur en l’absence de dispositif de régulation et dans un marché européen ouvert». Durant les trois dernières décennies, la PAC a été marquée par le retrait continu des outils de régulation des marchés, avec comme dernières grandes étapes la fin des quotas laitiers, puis sucriers.

Eva DZ

Au lendemain de l’annonce faite au conseil d’administration de la FNSEA de sa candidature à la succession de Christiane Lambert à la présidence, l’actuel premier vice-président Arnaud Rousseau a adressé un courrier aux élus du syndicat majoritaire, daté du 16 décembre. Il leur annonce officiellement sa candidature et présente en trois «mots-clés» son projet: «ambition, conviction et action». Son ambition est que «l’agriculture soit considérée comme la clé de voûte de notre souveraineté alimentaire et énergétique» et une solution pour «les défis climatiques et l’aménagement du territoire». Sa conviction est qu’il faut «sortir d’une posture de citadelle assiégée» en portant «la voix d’une agriculture offensive». Et l’action qu’il propose est «une FNSEA qui se rassemble autour du goût d’entreprendre». En outre, Arnaud Rousseau veut «une FNSEA plus proche du terrain, plus à l’écoute de sa pluralité». Pour ce faire, il promet «une nouvelle gouvernance, modernisée, pour anticiper, débattre, proposer, construire des alliance, convaincre la société». Cette gouvernance doit par ailleurs «s’ancrer davantage dans les territoires», plaide-t-il.

Eva DZ

Le ministre de l’agriculture Marc Fesneau a créé un «groupe de travail flash» pour aboutir rapidement au décret fixant les modalités de recours des agriculteurs en cas de désaccord sur l’évaluation des pertes de récolte par système indiciel, annonce un communiqué le 19 décembre. Ce nouveau groupe de travail devra remettre ses conclusions «d’ici fin janvier». Il devra faire des préconisations pour «renforcer dans la durée la confiance des acteurs dans l’approche indicielle», notamment le secteur des prairies qui critique depuis de longs mois la fiabilité de ce système de calcul des pertes grâce à l’imagerie satellitaire. La nouvelle cellule de travail devra aussi rendre des propositions sur «les modalités de réévaluation» devant figurer dans le décret, sachant que le système indiciel «doit demeurer le socle de l’indemnisation». Une première réunion devrait avoir lieu dès cette semaine, selon le cabinet du ministre de l’agriculture.

Eva DZ

Après d’intenses négociations pour juguler la flambée des prix du gaz, les ministres de l’énergie de l’UE ont finalement approuvé le 19 décembre, sur la base des propositions de la Commission européenne, un mécanisme temporaire permettant de plafonner les prix de gros du gaz à partir de 180 €/MWh. Cet instrument vise à plafonner pour un an, à partir du 15 février 2023, les prix des contrats mensuels (pour livraison le mois suivant) sur le marché gazier néerlandais TTF utilisé comme référence dans la majorité des transactions des opérateurs dans l’UE. Il se mettra automatiquement en place dès que les prix dépasseront 180 €/MWh pendant trois jours ouvrables consécutifs, et à condition qu’ils soient au moins supérieurs de 35 € au prix mondial moyen du gaz naturel liquéfié (GNL) pendant cette même période. Il s’agit d’un mécanisme de dernier recours qui peut être suspendu à tout moment, notamment si la demande de gaz augmente de 15% en un mois ou de 10% en deux mois ; si les importations de GNL diminuent de manière significative ; ou si le volume négocié sur le TTF baisse de manière significative par rapport à la même période de l’année précédente. Avant adoption formelle par le Conseil, l’Autorité européenne des marchés financiers et l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie publieront un rapport préliminaire sur les données concernant l’introduction du mécanisme de correction du marché d’ici le 23 janvier 2023.

Eva DZ

Un accord mondial rénové sur la biodiversité a été adopté par la conférence des parties qui se tenait à Montréal (Cop15) dans la nuit du 18 au 19 décembre. «Un accord historique», s’est félicité le ministre français de la transition écologique Christophe Béchu, saluant notamment le langage retenu sur les pesticides et la réduction des subventions néfastes. Car, en plus d’un objectif de 30% d’aires protégées, le texte prévoit une réduction «au moins de moitié» des pertes de nutriments dans l’environnement et «du risque général des pesticides et des produits chimiques hautement dangereux». Les subventions néfastes à la biodiversité devront également être identifiées par chaque pays d’ici 2025 et réduites de 500 milliards de dollars d’ici 2030. La France et l’Union européenne ont eu gain de cause en faisant inscrire l’agroécologie aux côtés de «l’intensification durable» parmi les pratiques permettant d’atteindre «la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires». Comme dans le cadre des négociations climatiques, le financement associé à ce nouveau cadre a fait l’objet de longs débats. La décision finale, dans une rédaction proposée par la Chine, envisage d’atteindre «au moins 20 milliards de dollars» d’aide internationale annuelle pour la biodiversité d’ici 2025, et «au moins 30 milliards d’ici 2030».

Eva DZ

À la suite de l’annulation par le Conseil d’État du décret du 8 octobre 2021 lié à la loi Agec, le gouvernement a mis en consultation, du 15 décembre au 12 janvier, la nouvelle liste des fruits et légumes exemptés de l’interdiction d’être emballés dans du plastique. Une nouvelle mouture «plus restreinte», affirment les pouvoirs publics: n’y apparaissent plus une douzaine de fruits (cerises, raisins, pêches, nectarines, abricots) et de légumes (tomates à côtes, allongées et cerises; légumes primeurs tels que pommes de terre, carottes, oignons et navets; salade; haricots verts, brocolis, asperges et choux de Bruxelles). Ces produits pourraient toutefois continuer à être emballés dans du plastique jusqu’au 31 décembre 2023 «afin de permettre l’écoulement des stocks d’emballages». Les produits qui restent exemptés de l’interdiction le seraient désormais de manière permanente – le Conseil d’État avait invalidé le caractère temporaire des exemptions. Il s’agit surtout de légumes feuilles (mâche, jeunes pousses, herbes aromatiques, épinards et oseilles), de petits fruits (framboises, fraises, mûres, etc.) ou encore des endives, champignons et petites carottes. Ces produits pourront continuer à être présentés dans des emballages en plastique, car ils présentent «un risque de détérioration lors de leur vente en vrac».

Eva DZ

Comme l’année précédente, un montant total de 185,9 M€ sera alloué en 2023 à la promotion des produits agroalimentaires de l’UE à l’intérieur et à l’extérieur de l’UE, a annoncé le 16 décembre la Commission européenne. Le financement pour les programmes simples (portés par une seule organisation) s’élèvera à 89 M€ (41,1 M€ dédiés au marché intérieur et 42,9 M€ consacrés aux pays tiers*) alors que pour les programmes multiples (portés par plusieurs organisations de différents États membres), le cofinancement de l’UE s’élèvera à 87,4 M € (42,2 M€ dédiés au marché intérieur et 40,2 M€ consacrés aux pays tiers), soit un montant total de 176,4 M€. Le programme de travail 2023 «se focalisera spécifiquement sur les produits et les pratiques agricoles qui soutiennent les objectifs du Green deal, tels que les produits biologiques, les fruits et légumes, l’agriculture durable et le bien-être animal», souligne Bruxelles.

Comme en 2021 et 2022, l’accent sera donc, une nouvelle fois, mis sur des campagnes conformes aux ambitions de la stratégie De la ferme à la table, du Plan européen pour vaincre le cancer et du Plan d’action pour l’agriculture biologique. Les appels à propositions pour les prochaines campagnes 2023 seront ouverts en janvier par l’Agence exécutive pour la recherche européenne.

*Chine, Japon, Corée du Sud, Singapour, Amérique du Nord, Nouvelle-Zélande, Australie et Royaume-Uni.

Eva DZ