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Lors de la dernière réunion du groupe de travail Installation et Transmission le 23 mai, des «mesures phares» ont émergé de la concertation sur le Pacte et la Loi d’orientation agricole (LOA), selon une synthèse des points de consensus remise aux participants. La proposition d’un guichet unique dans le parcours à l’installation fait l’unanimité. Il s’agit d’ouvrir aux exploitants et salariés des points d’accueil abordant aussi la transmission, la formation, et présentant la diversité des acteurs impliqués. Sur le volet Transmission, un consensus se dégage sur le besoin de développer les fonds de portage de foncier, d’avoir de nouveaux outils, notamment autour d’une transformation des GFA (groupements fonciers agricoles) selon le modèle des GFI (groupements forestiers d’investissement). Il est aussi question d’un diagnostic «transmissibilité» de l’exploitation. Sur la thématique Investissements, des évolutions fiscales sont réclamées au profit des cédants qui ont fait un effort dans les conditions de reprise (exonération des plus-values, etc.), mais aussi des repreneurs pour favoriser le remplacement ponctuel, les baux à long terme. Autre mesure phare: l’encouragement de dispositifs sociaux permettant d’améliorer la qualité de vie.

Didier Bouville

Dans un rapport publié le 22 mai, la Cour des comptes préconise de définir «une trajectoire d’évolution du cheptel» bovin français afin de «piloter sa nécessaire réduction», considérant que la baisse actuelle des troupeaux laitier et allaitant est trop «limitée» pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre de la France (réduction des émissions de méthane de 30% d’ici 2030). En ce qui concerne la filière allaitante, le rapport souligne que 28% des adultes consommeraient plus de viande rouge que les recommandations nutritionnelles (500 g par semaine), d’après l’Anses. La Cour en conclut qu’une «baisse raisonnable pourrait, de fait, facilement être absorbée par des comportements individuels plus vertueux». En plus d’une «réduction quantitative globale», le rapport préconise d’engager une réflexion sur l’adaptation de «la composition du cheptel et [des] systèmes de production aux besoins et aux attentes des consommateurs». Et ce en encourageant l’engraissement sur le territoire français. Elle rappelle, que la France, bien que premier producteur de bovins de l’UE, importe 20% de la viande qu’elle consomme, car son modèle est tourné vers l’export de jeunes bovins vifs. Enfin, la Cour donne des pistes pour renforcer la collaboration entre les filières lait et viande, via une «meilleure articulation» entre les deux filières et une «promotion de races mixtes».

Didier Bouville

Lors de la réunion du Conseil national de la transition écologique le 22 mai, la Première ministre Élisabeth Borne et son équipe du secrétariat de la Planification écologique ont pu présenter les grandes lignes d’un plan permettant de réduire les émissions françaises de gaz à effet de serre de 138 Mt d’ici 2030. Le gouvernement envisage en particulier de trouver environ 25 Mt à réduire dans le secteur agricole, soit 20% de l’effort national. Les principales économies seront à trouver grâce à de meilleures utilisations des engrais (-6 Mt), à la réduction tendancielle de l’élevage et à l’amélioration des pratiques (-5 Mt), ou encore grâce au développement des prairies (4 Mt), à égalité avec l’application du zéro artificialisation nette. Afin de «sécuriser» ces leviers, une réunion sera organisée avec les acteurs du monde agricole le 9 juin prochain. En parallèle, Matignon poursuivra le travail engagé avec les collectivités «sur la méthodologie de territorialisation» de ce cadre de planification écologique. Autant d’annonces qui ne représentent, pour Anne Bringaut, directrice des programmes du Réseau action climat, que «des amuse-bouches et un menu avec des projets de trajectoires». «Nous attendons toujours des mesures plus concrètes afin d’engager la transition écologique et juste nécessaire», souligne la militante.

Didier Bouville

La décarbonation de l’économie française «va appeler à un supplément d’investissement», confirme un rapport publié par l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz, estimant selon l’AFP les besoins à 66 milliards d’euros par an. Les prochaines années sont qualifiées par ce document de «décennie de toutes les difficultés» avec des besoins massifs pour financer les nouvelles mobilités, l’industrie verte ou l’isolation des bâtiments, ou encore pour compenser l’effondrement du puits de carbone forestier français. Pour financer les efforts, les experts proposent un impôt «exceptionnel et massif» sur les contribuables les plus riches, en plus de recourir à l’endettement. «Le gouvernement doit trancher sur la répartition des actions dans le temps, sur l’ampleur du soutien aux ménages et sur l’accompagnement de la transition en matière de marché du travail et de compétences: cela demande une planification sur trente ans», détaille Jean Pisani-Ferry dans une interview accordée à nos confrères du Monde (article payant). Saluant un rapport d’une «grande utilité», Matignon confirme que «le défi est très grand». «C’est pour cela que nous mettons en œuvre la planification écologique», rappelle-t-on dans l’entourage d’Élisabeth Borne.

Didier Bouville

Le bilan humain des inondations qui frappent l’Emilie-Romagne, riche région agricole et touristique du nord de l’Italie, s’est encore aggravé le 19 mai, passant à 14 morts, sur fond de polémique autour de l’inaction des pouvoirs publics. «Nous reconstruirons tout. Mais la filière agroalimentaire et maraîchère a besoin d’être indemnisée à 100%. Nous avons eu la sécheresse, le gel, et maintenant ces inondations dramatiques», a rappelé le président de la région, Stefano Bonaccini. L’Italie connaît un mois de mai pluvieux et frais mais un véritable déluge s’est abattu ces derniers jours sur l’Emilie-Romagne: d’immenses superficies agricoles ont été noyées sous les eaux, ravageant champs de céréales, maraîchages, fourrage pour le bétail, des villages entiers ont été lavés par les crues boueuses, des ponts se sont effondrés et 400 routes se sont affaissées, des glissements de terrain ont creusé le relief. Les dégâts se compteraient en milliards d’euros, auxquels s’ajoutent deux milliards estimés après les inondations ayant déjà frappé la région au début du mois. «Cinq mille exploitations agricoles ont fini sous l’eau: des serres, des pépinières, des étables dont les bêtes sont noyées, des dizaines de milliers d’hectares inondés de vigne, de kiwis, de poires, de pommes, de légumes et de céréales», a détaillé la Coldiretti (syndicat agricole), le 18 mai.

Didier Bouville

La Première ministre Elisabeth Borne doit dévoiler le 22 mai son plan d’actions pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France, et demander «à tout le monde de faire sa part», des particuliers aux gros pollueurs. Matignon a indiqué le 20 mai que la cheffe du gouvernement allait présider lundi une réunion de travail du Conseil national de la transition écologique, une instance de dialogue réunissant ONG, syndicats, patronat, parlementaires… «L’objectif (…) sera de faire un point d’étape sur l’avancement de la planification écologique, dont la Première ministre est en charge». Plus précisément, selon une source à Matignon, Mme Borne présentera le «plan d’actions» du gouvernement pour réduire les émissions secteur par secteur (industrie, transport, bâtiments, agriculture, énergie, déchets). L’annonce interviendra une dizaine de jours après que, dans l’affaire dite de Grande Synthe, le Conseil d’État a demandé au gouvernement de «prendre toutes mesures supplémentaires utiles pour assurer la cohérence du rythme de diminution des émissions de gaz à effet de serre» avec la trajectoire fixée par décret dans la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Se basant sur des rapports des ONG et du Haut Conseil pour le Climat, le Conseil d’État souligne notamment pour le secteur agricole que «le plan stratégique national n’est pas suffisamment abondé et ne permettrait en l’état, au mieux, que d’atteindre la moitié des objectifs du secteur d’ici 2030».

Didier Bouville

Le ministre de l’Economie a inauguré le 17 mai la nouvelle usine de la société HappyVore (ex-Les Nouveaux fermiers), spécialisée dans les alternatives végétales à la viande. En choisissant cette société, déjà en conflit avec plusieurs filières, et en mettant en avant les atouts climatiques de ses produits sur les réseaux sociaux, Bruno Le Maire a provoqué des réactions agacées de la filière viande. En effet, sur Twitter, l’ancien ministre de l’Agriculture a déclaré que «Happyvore est l’exemple parfait de ce que nous voulons construire avec le projet de loi Industrie Verte : développer une activité économique tout protégeant la planète.» Puis il a ajouté: «Le saviez-vous ? 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales.» Dans une réponse sur Twitter, le président d’Interbev, Jean-François Guihard accuse le ministre de «dénigrer nos filières animales» et met notamment en avant ses «500 000 emplois» ainsi que son«maillage territorial essentiel à notre pays !» En 2022, plusieurs interprofessions des filières viande, dont Interbev, s’étaient déjà plaints des Nouveaux Fermiers auprès du Premier ministre. Elles dénonçaient «une stratégie visant à profiter de l’image culinaire de la viande – en usurpant le terme « fermier » pourtant protégé juridiquement, ainsi que tous les « codes » de la viande – pour finalement dénigrer les produits des filières françaises d’élevage.»

Didier Bouville

Avec 68% des niveaux des nappes sous les normales mensuelles en avril (75% en mars 2023), la situation demeure «peu satisfaisante» dans une grande partie du pays, a indiqué le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) dans un communiqué de presse du 17 mai. «La situation en début de printemps est plus déficitaire que l’année dernière», où seulement 58 % des nappes étaient sous les normales en avril, souligne-t-il. «Durant l’automne et l’hiver, les pluies ont été peu efficaces pour la recharge des nappes», souligne le BRGM. «En mars et en avril 2023, le cumul des précipitations a été excédentaire sur une grande partie du territoire», ajoute-t-il avant de préciser que l’effet bénéfique sur les tendances est «hétérogène», selon le cumul et la réactivité de la nappe. Ainsi, la situation s’est «améliorée considérablement sur les nappes du Massif armoricain, du littoral de la Manche et du Grand-Est. «Ailleurs, les pluies ont eu peu d’effet sur les tendances et l’état des nappes» souligne le BRGM, qui précise que dans le sud de la France, les pluies infiltrées en profondeur «ont été insuffisantes voire inexistantes». En l’absence de précipitations suffisantes, la vidange devrait se généraliser à l’ensemble des nappes courant mai.

Eva DZ

En France, la part de personnes déclarant ne pas pouvoir manger à leur faim est passée de 12 à 16% en cinq mois entre juillet et novembre 2022, révèle une enquête du Crédoc (centre de recherche rattaché au ministère de l’économie). Ce pourcentage avait augmenté de 3% entre 2016 et 2022, passant de 9 à 12%. Autre signe de la hausse de la précarité alimentaire : 45% des Français déclarent avoir assez à manger, mais ne pas avoir accès à tous les aliments qu’ils souhaiteraient en terme de qualité. Leur nombre est en hausse de 3% par rapport à 2016. L’inflation est le premier facteur avancé pour expliquer cette hausse de la précarité alimentaire : les trois quarts des personnes interrogées expliquent en effet que leur situation est liée à un manque d’argent. D’autres facteurs peuvent également entrer en jeu comme des difficultés à se déplacer pour aller faire ses courses, accentuées par la hausse des prix des transports en commun ou de l’essence. Les jeunes adultes (moins de 40 ans) sont ceux qui ont le plus de mal à se nourrir en quantité suffisante. Un jeune adulte sur quatre ne mange pas à sa faim. Les femmes sont plus exposées que les hommes (18% contre 14% pour les hommes).

Eva DZ

En déplacement le 17 mai, Marc Fesneau a annoncé un nouveau plan d’aide au secteur bio «équivalent à 200 M€ de soutien sous diverses formes» selon son entourage. Le ministre accordera 60 M€ supplémentaires d’aides d’urgence, en complément des 10 M€ annoncés au salon de l’agriculture. Alors que la première enveloppe est distribuée selon des critères hétérogènes en fonction des départements, cette nouvelle aide devrait faire cette fois l’objet de critères «définis en centrale». En complément, l’État s’engage à «faire respecter les seuils prévus par Egalim dans ses établissements», pour un montant additionnel de commande bio évalué à 120 M€ annuels. Pour encourager la demande, la Rue de Varenne versera par ailleurs 500 000 € à l’Agence bio pour la campagne Bioréflexe, en plus d’une autre campagne financée par France 2030 à hauteur de 3 M€. «C’est une bonne nouvelle que le gouvernement ait mesuré la détresse des producteurs bio», réagit Henri Bies-Peré, vice-président de la FNSEA, rappelant que les interprofessions avaient chiffré les besoins entre 100 et 150 M€. Le président de la Fnab Philippe Camburet salue de même la «réponse» ministérielle, tout en estimant que les enveloppes «ne compenseront pas les pertes dues au plan stratégique national».

Eva DZ