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Dans une lettre adressée le 24 mars au commissaire européen à l’Agriculture Janusz Wojciechowski, l’eurodéputée Anne Sander (démocrate-chrétienne) demande, pour faire face aux conséquences de l’épidémie de coronavirus, le déclenchement de l’article 222 du règlement OCM unique de la Pac permettant aux agriculteurs et à leurs organisations de constituer des cartels de crise pour mettre en place de manière concertée «une planification temporaire de la production, des retraits de produits du marché, de la distribution gratuite ou encore l’entreposage de produits communs». La parlementaire demande également à Bruxelles de lancer un programme d’aide au stockage privé notamment dans le secteur laitier et de l’élevage, en vue «de retirer suffisamment de produits du marché afin de stabiliser les prix, le temps de juguler la pandémie». La veille, le président de la commission de l’Agriculture du Parlement européen, Norbert Lins, avait lui aussi réclamé une série de mesures pour soutenir le secteur agricole : dérogations aux règles de la Pac, aides d’urgence, facilitation du transport.

Didier Bouville

Réunie le 24 mars en conseil d’administration, la Cnaoc, confédération des AOC viticoles appelle, avant toute chose, les professionnels à payer les factures de leurs fournisseurs. Qu’ils soient vignerons, négociants, restaurateurs ou cavistes, il importe que tous les débiteurs honorent leurs créances, au besoin en demandant à leurs banquiers de leur avancer une somme, sachant qu’ils bénéficient de la garantie de prêt par l’État à hauteur de 300 Mrds€. «Il faut absolument éviter d’ajouter une crise de trésorerie à une crise sanitaire», insiste Éric Tesson, directeur de la Cnaoc. L’organisation estime par ailleurs qu’il faudra des mesures d’aménagement du temps de travail en permettant d’en rallonger la durée hebdomadaire, rendre éligibles au chômage partiel des fonctions commerciales ou administratives chez les vignerons, exonérer des charges sociales. De même, elle souhaite la facilitation des arrangements entre employeurs pour la mise à disposition de personnel et que les reports d’échéances auprès des banques se fassent à coût zéro.

Didier Bouville

ZNT  les OPA mobilisés sur les chartes de voisinage

Dans un courrier adressé à son réseau, la FNSEA et les JA demandent aux FDSEA d’accélérer l’élaboration des chartes de voisinage. « Nous nous permettons de réinsister auprès de vous pour que vous mettiez en consultation votre charte dans chaque département tant que cela est encore possible, car les opérations de consultations pourraient être suspendues rapidement suite à la loi Urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19. C’est la seule façon de permettre aux agriculteurs d’accéder rapidement aux mesures de réductions de distances », déclarent Christiane Lambert et Samuel Vandaele, le président des JA dans un message commun. « Avec le début des semis de printemps, nous incitons les chambres à mettre les chartes en consultation au plus tôt, puisque à partir du lancement de la consultation, les agriculteurs ont accès aux mesures de réduction de distance », rappelle Sébastien Windsor, le président de l’APCA. En effet, une instruction ministérielle du 3 février 2020 prévoit que la mise en concertation publique de cette charte permettra aux agriculteurs qui utilisent du matériel anti-dérive, de réduire les distances de sécurité.

Didier Bouville

Interrogé sur la chaine de télévision Public Sénat le 24 mars, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a évoqué les éventuelles répercussions politiques de la pandémie de coronavirus sur les politiques agricoles et alimentaires. «Le Covid-19 va nous permettre de nous remettre en cause. (…) Il faudra que nous revoyions notre organisation sociale, économique, humaine et alimentaire.» Evoquant la question de l’autonomie protéique et du plan protéique annoncé par le gouvernement depuis plusieurs mois, le ministre «espère que cette situation va nous permettre d’accélérer tout cela». A l’inverse, il estime que la crise ne modifiera pas la position du gouvernement sur les traités, notamment en faveur de l’accord commercial avec le Canada (Ceta). «Ce n’est pas une question de traités internationaux. Nous savons très bien que [l’accord avec] le Mercosur ne sera pas signé et que les traités internationaux ne sont plus dans l’air du temps.»

Didier Bouville

La mise en consultation des chartes riverains, prévues par les textes ZNT, a débuté dans certains départements, soulevant déjà une certaine opposition. Comme dans les Landes, où le Modef a refusé de signer le document. «Avec le début des semis de printemps, nous incitons les chambres à mettre les chartes en consultation au plus tôt, puisque à partir du lancement de la consultation, les agriculteurs ont accès aux mesures de réduction de distance», rappelle Sébastien Windsor, président de l’APCA. Une trame de charte, rédigée dans le cadre du Contrat de solution, a été envoyée aux chambres d’agriculture mi-février. Concernant l’ensemble du dispositif ZNT, Sébastien Windsor considère aujourd’hui que «le temps d’information a été limité», conduisant à beaucoup d’interrogations de la part des agriculteurs sur sa mise en œuvre. «Nous essayons d’aider les agriculteurs à limiter l’impact et le coût de ces mesures, tout en avançant avec le ministère pour trouver demain des compensations économiques», précise le président des chambres.

Didier Bouville

Le ministère de l’Economie a détaillé, dans un communiqué paru le 24 mars, son dispositif de 300 milliards d’euros de prêts bancaires garantis par l’Etat, comme annoncé par le président de la République le 16 mars. Le dispositif concerne «les entreprises de toute taille, quelle que soit la forme juridique de l’entreprise» (y compris les exploitants agricoles), «à l’exception des SCI, des établissements de crédit et des sociétés de financement». Il est ouvert dès le 25 mars et «jusqu’au 31 décembre prochain» auprès des banques elles-mêmes. Le prêt pourra représenter «jusqu’à trois mois de chiffre d’affaires 2019 ou deux années de masse salariale pour les entreprises innovantes ou créées depuis le 1er janvier 2019». Ensuite, «aucun remboursement ne sera exigé la première année» et l’entreprise «pourra choisir d’amortir le prêt sur une durée maximale de cinq ans». Le même jour, la MSA a annoncé l’application d’une autre mesure annoncée par le président de la République, le report des cotisations: «Le prélèvement des cotisations peut être reporté sans pénalité pour les exploitants et les chefs d’entreprise dont l’échéance de paiement est fixée entre le 12 et le 31 mars», annonce la Sécu agricole. Pour les exploitants mensualisés, aucun prélèvement ne sera effectué par la MSA, mais il reste «possible de régler les cotisations dues par virement». Pour les exploitants non mensualisés, «la date limite de paiement de l’appel provisionnel est décalée jusqu’à nouvel ordre.»

Didier Bouville

Au même titre que d’autres produits de première nécessité, les Français se sont rués sur les œufs depuis l’annonce du confinement lié au coronavirus: «Les magasins ont augmenté leurs commandes aux centres d’emballage d’environ 60% la semaine dernière (semaine du 16 mars, NDLR)», explique Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO (interprofession), à Agra Presse le 23 mars. D’après lui, les distributeurs prévoient des hausses de «15 à 20%» cette semaine. Ce niveau de consommation ne pose pas de souci d’approvisionnement même s’il se maintient, d’après le CNPO: «On a réussi à tenir le choc à +60% malgré un peu d’absentéisme». De leur côté, les entreprises spécialisées dans les ovoproduits pour la restauration (œufs durs écaillés, omelettes, etc.) «ont souffert», constate M. Chaumet: «Certaines ont perdu 80% de leur chiffre d’affaires.» Les ovoproduits déjà fabriqués au moment de la fermeture des restaurants sont perdus et doivent être détruits, car leur DLC est très courte. Quant aux œufs qui entrent dans le circuit, ils peuvent être basculés vers l’industrie, qui bénéficie d’une «demande soutenue en pâtisseries, viennoiseries et pâtes». Un report qui ne compense pas les volumes perdus en RHD.

Didier Bouville

Loi d’urgence : les députés rejettent le plan de relance en faveur du climat

Dans le cadre de l’examen de la loi sur les mesures d’urgence liées au Covd-19 à l’Assemblée nationale, un amendement prévoyant un «grand plan de relance et transformation de notre société en faveur du climat, de la biodiversité et de la justice sociale» a été déposé par 35 députés, emmenés par Matthieu Orphelin (Liberté et Territoires, Maine-et-Loire). Rejeté par la majorité tard dans la nuit du samedi sans être défendu, l’amendement prévoyait que le gouvernement remette une version de ce grand plan au Parlement six mois après l’adoption de la loi. Le plan aurait été centré sur trois objectifs: relancer l’économie, renforcer le système de santé et assurer une trajectoire compatible avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Le texte souhaitait également associer les citoyens à la construction et au suivi de ce plan. Dans les prochaines semaines, les députés, ainsi que les associations, organiseront d’autres actions pour que la résolution de la crise du coronavirus ne se fasse pas au détriment de l’environnement.

Didier Bouville

A la suite du report du congrès de la FNSEA initialement prévu les 31 mars, 1er et 2 avril à Niort, à cause de l’épidémie de Coronavirus, l’Assemblée générale statutaire de la FNSEA, qui procédera à l’élection de son nouveau conseil d’administration, se tiendra le 18 juin 2020. Le 1er juillet, le nouveau conseil se réunira et élira son bureau. Dans une interview accordée à Actuagri, il y a quelques jours, Christiane Lambert a annoncé qu’elle était candidate à un nouveau mandat. Quant au rapport d’orientation sur le thème du changement climatique qui devait être discuté lors du Congrès de Niort, il sera mis à l’ordre du jour d’une réunion de délégués le 10 septembre 2020 qui aura également à se prononcer sur le projet FNSEA 2025.

Didier Bouville

Les Français se sont précipités comme jamais sur les produits de grande consommation lors de la semaine qui a précédé le confinement contre l’épidémie de nouveau coronavirus, confirme le 21 mars le cabinet Nielsen dans une étude. Sur la semaine du 9 au 15 mars, les ventes ont bondi au total de 38% en valeur par rapport à la même semaine de 2019, «une progression jamais vue jusqu’ici», selon cette étude de référence. Les produits alimentaires non périssables (comme les pâtes) et les produits d’hygiène ont rencontré le plus de succès. «Lors de cette semaine atypique, le chiffre d’affaires a dépassé 2,7 milliards d’euros alors qu’en moyenne le chiffre d’affaires hebdomadaire est de l’ordre de 2 milliards d’euros», observe Nielsen. Dans le détail, certains produits ont vu leur vente exploser, comme les gants de ménage (+362%), la farine (+206%) ou les pâtes (+196%). Mais «l’ensemble des rayons en a profité, même les alcools (+7%) et les glaces (+9%) qui avaient jusqu’ici peu profité des achats de précaution», relève l’étude. Pour la semaine qui vient de s’écouler, Nielsen ne dispose pas encore de chiffres mais prédit «des temps forts très différents».

Didier Bouville