Selon les médias libanais, de plus en plus d’urbains commencent à fuir les villes pour se réfugier à la campagne, lassés d’une crise économique qui n’en finit pas. En effet, depuis plus d’un an et demi, les Libanais n’ont plus accès à leur compte en banque. Certains ont vu les économies de toute une vie être bloquées et ne pensent « ne jamais les récupérer ». Beaucoup fuient les coupures massives de courant et les répercussions que cela pourrait avoir sur leur qualité de vie.
Interrogé par le quotidien L’Orient-Le jour, un propriétaire de plusieurs appartements à Broummana (environ 15 km à l’est de Beyrouth) raconte être totalement dépassé par la demande. Il loue des appartements à la saison et d’autres sur la plateforme Airbnb. « A Broummana, les coupures ne se font pas encore sentir, rien à voir avec la situation de Beyrouth. Quand j’ai ajouté sur mon listing ‘électricité 24/24’, j’ai reçu des dizaines de demandes en quelques heures. Les gens sont désespérés et veulent absolument sortir de la capitale », explique-t-il. Surtout, les néoruraux espèrent profiter d’un espace plus large pour pouvoir cultiver la terre et ainsi faire des économies. L’effondrement de la livre libanaise a rendu les biens de premières nécessités, comme le lait ou la viande, très chers. Le prix des légumes a explosé. L’exode rural représente pour de nombreux Libanais le seul moyen de se nourrir sans se ruiner. Pour beaucoup quelques salades, concombres et tomates cultivés sur quelques mètres carrés représentent des dépenses budgétaires en moins. Le taux d’inflation au Liban s’est hissé à hauteur de 84,3 % en 2020 et devrait atteindre les 100 % en 2021. Quant au taux de chômage déjà de 37 %, il devrait atteindre les 41,4 % au terme de l’année 2021. Il reste à savoir si cet exode urbain et ce retour à la terre seront pérennes.
Eva DZ