Dans une étude parue le 14 août dans la revue scientifique Earth’s Future, les chercheurs de l’université Yale (Etats-Unis) ont estimé pour la première fois la quantité de CO2 pouvant être séquestrée à travers le monde grâce aux techniques d’«altération forcée» de roche via les sols agricoles. Cette technique méconnue de séquestration consiste à épandre des roches siliceuses riches en calcium ou magnésium, comme le basalte, sous forme pulvérisée, sur des sols agricoles. La dégradation de la roche est ainsi accélérée, qui convertit du CO2 atmosphérique en ions bicarbonates qui, une fois lessivés, seraient transformés et stockés au fond des océans sous forme de minéraux carbonatés, pour une durée théorique d’environ 100 000 ans, expliquent les chercheurs. Selon leur estimation, basée sur l’épandage de 10 tonnes de basalte par hectare et par an, la technique permettrait de séquestrer environ 215 GtCO2 entre 2006-2080. Un potentiel significatif, puisque dans ses scénarios de limitation du réchauffement à 1,5°C à 2100, le Giec mise à hauteur de 100 à 1000 GtCO2 sur les techniques de séquestration du carbone. Les coûts seraient similaires à ceux d’autres techniques comme l’enfouissement de CO2 ou le biochar, mais supérieurs à ceux du stockage sous forme organique dans les sols, ou de la reforestation/renaturation.
Didier Bouville