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Les experts du Citepa (pollution climatique) ont publié, le 5 juin, le bilan prévisionnel des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France sur l’année 2022, marqué par une reprise de la trajectoire de baisse (-2,7% tous secteurs) après la reprise post-Covid de 2021. Dans le secteur agricole, les émissions «ne sont pas encore spécifiquement estimées» ; le Citepa a donc inscrit les émissions agricoles comme stables à 76,5 Mt CO2e. Toutefois, selon les experts, «plusieurs éléments nous permettent d’entrevoir une potentielle baisse attendue des émissions agricoles en 2022 qui seront visibles par la suite dans l’inventaire annuel national GES consolidé». L’an passé, les émissions 2021 avaient d’abord été annoncées en légère hausse, avant d’être révisées à la baisse (-1,7 pts), en grande partie à cause du cheptel de bovins (-1 pt), actuellement en pleine décapitalisation. Après avoir stagné de 1990 à 2005, les émissions de CO2e de la France sont tendanciellement en baisse depuis, tandis que celles de l’agriculture française sont en légère baisse depuis seulement 2015, selon une trajectoire proche de celle attendue par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), soit une baisse de 20% des émissions d’ici 2030 par rapport à 2015.

Eva DZ

Le ministre de l’économie a rencontré, ce 5 juin, les représentants de la filière bovine, auprès desquels il s’est dit «prêt à travailler», avec le ministre de l’agriculture, sur un «plan de relance» sectoriel. L’information a été dévoilée à Agra Presse à l’issue de la réunion par le président de la Fédération nationale bovine (FNB), Patrick Bénézit, et précisée en ces termes par le cabinet de Bruno Le Maire. Probablement pour en faire l’annonce, le ministre de l’économie serait également «prêt à aller sur une exploitation d’élevage bovins cet été», avec Marc Fesneau. Bruno Le Maire aurait aussi entendu favorablement la demande d’exclusion de la viande bovine des renégociations commerciales, à l’instar de ce qui a été annoncé il y a quelques semaines pour le lait. Enfin, le ministre aurait annoncé que la réécriture du décret sur les dénominations animales, suspendu par le Conseil d’État, serait achevée d’ici la fin du mois. Ces deux dernières informations n’ont pas pu être confirmées par le cabinet du ministre. Bruno Le Maire rencontrait les représentants de la filière quelques jours après son message sur Twitter vantant les bénéfices climatiques des imitations végétales de viande, et la parution d’un rapport de la Cour des comptes plaidant pour un accompagnement de la baisse du cheptel de bovins viande français.

Eva DZ

Lors d’un comité directeur le 31 mai, Jean-François Guihard a été réélu président d’Interbev, a annoncé l’interprofession bétail et viandes dans un communiqué le 2 juin. Artisan-boucher à Malestroit (Morbihan), M. Guihard est aussi président de la CFBCT (boucheries, charcuteries, traiteurs). Il avait succédé à Dominique Langlois à la tête d’Interbev en décembre 2021. Pour ce nouveau mandat de trois ans, le bureau d’Interbev comprend trois vice-présidents : Patrick Bénézit (FNB, éleveurs), Dominique Truffaut (FFCB, négociants) et Bruno Colin (la Coopération agricole). Quant à Jean-Paul Bigard (Culture Viande, abatteurs), il a été réélu comme trésorier. Les présidents des commissions d’Interbev ont aussi été désignés le 31 mai : Guillaume Gauthier (FNB) aux Enjeux sociétaux, Patrick Soury (FNO, éleveurs d’ovins) à la communication collective, Maxence Bigard (Culture Viande) au Commerce extérieur, Philippe Sellier (FNB) à la Bio et Raphaël Elnaggar (CNTF) aux produits tripiers. Du côté des présidents de section, Gérard Chabauty, éleveur dans les Deux-Sèvres et représentant de la Coopération agricole, prend la tête de la section caprine, succédant à Franck Moreau. Les autres présidents de section ont tous été réélus.

Eva DZ

Si le risque du virus H5N1 pour l’humain reste faible, le nombre croissant de cas parmi les mammifères est jugé préoccupant, selon des spécialistes interrogés par l’AFP. «Quelque chose s’est passé» mi-2021 qui l’a rendu beaucoup plus infectieux, selon Richard Webby, spécialiste des pathologies aviaires de l’OMS. Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, il a notamment infecté un furet avec l’une des nouvelles souches de grippe aviaire, y trouvant une quantité «énorme» et inattendue de virus dans son cerveau, traduction d’une maladie plus grave qu’avec les souches précédentes, a-t-il dit à l’AFP. La détection de la maladie chez un nombre croissant de mammifères, dont des espèces nouvelles, est «un signe vraiment préoccupant», selon Richard Webby. Le Chili a annoncé que près de 9 000 lions de mer, manchots, loutres, marsouins et dauphins sont morts de la grippe aviaire sur sa côte nord depuis début 2023. La plupart auraient contracté le virus en mangeant des oiseaux infectés. «Les récentes transmissions à des mammifères doivent être surveillées de près», a prévenu en février le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Eva DZ

Dans le cadre du prochain Plan loup, la simplification des tirs de défense est en passe d’être «acquise», indique Claude Font, élu référent sur le dossier pour la FNO (éleveurs d’ovins, FNSEA) à Agra Presse le 2 juin. Cette annonce a été faite par Jean-Paul Celet, préfet référent sur la politique du loup, lors des Assises de la prédation du Caf loup. Tous les arbitrages du Plan loup «ne sont pas faits», prévient toutefois le préfet, cité par l’AFP, alors qu’un nouvel arrêté est attendu dans les prochains mois. Le Caf loup souhaite fusionner les actuels tirs de défense simple et de défense renforcée, donnant accès pour les éleveurs ayant mis en place des mesures de protection à des tirs pratiqués par cinq tireurs (avec lunette de visée nocturne), dès la première prédation et avec une validité de cinq ans. Si le principe semble acquis, «le diable se cache dans les détails», prévient Claude Font, car «le nombre de tireurs n’est pas garanti». Organisées les 1er et 2 juin à Chorges (Hautes-Alpes), les Assises de la prédation ont rassemblé des éleveurs de 53 départements. Invitée pour conclure les travaux, la secrétaire d’État à l’écologie Bérangère Couillard n’a pas fait le déplacement. Une absence «mal perçue», déplore Claude Font.

Eva DZ

Comme c’est le cas sur la période 2017-2021, l’agriculture s’est placée en 2022 à la deuxième place, derrière la santé, des secteurs ayant fait l’objet du plus grand nombre d’activités de lobbying, selon le dernier rapport de la HATVP (transparence de la vie publique). Ainsi, 7% des activités déclarées ont concerné l’«agriculture», contre 7,8% pour le «système de santé et médico-social», auquel on peut adjoindre 3,6% liées aux «soins et maladies». La Haute autorité rappelle que le secteur agricole a été particulièrement mobilisé en 2022 autour de la discussion de la proposition de loi Egalim 2. Du côté de la santé, ce sont les conclusions du Ségur de la santé ou les nouvelles lois relatives à l’état d’urgence sanitaire qui ont concentré les efforts de lobbying. Nouveauté de l’année pour le secteur agricole : le réseau des Chambres d’agriculture est désormais inclus dans la définition des représentants d’intérêt. Par exemple, la Chambre d’agriculture du Loiret a déclaré quatre activités en 2022, tournées vers l’administration centrale (arrêtés sécheresse), la préfecture («renouvellement des générations») et des élus locaux («souveraineté alimentaire»).

Eva DZ

Du 2 au 30 juin, les aviculteurs peuvent déposer sur le site de FranceAgriMer leur demande de solde pour les indemnisations couvrant les pertes économiques liées à l’influenza aviaire après la levée des restrictions sanitaires (dispositif «I3»). Accordée exceptionnellement en 2022 «compte tenu des effets de l’influenza aviaire (…) sur le maillon sélection-accouvage», cette enveloppe de 56 M€ «vise à compenser, en partie, les défauts d’approvisionnement majeurs», rappelle l’organisme public. Elle s’adresse aux éleveurs de volailles (y compris gaveurs ou sous intégration) affectés par des zones réglementées mises en place «entre le 26 novembre 2021 et le 15 septembre 2022 inclus», et ayant repris leur production «au plus tard le 31 mars 2023». Comme le rappelle FranceAgriMer, «l’État prend en charge à hauteur de 50% les pertes post-restrictions sanitaires, sur une durée cumulée maximale de 120 jours». Par ailleurs, le dispositif I3 vise aussi à couvrir l’impact des «mesures prises au sein des zones à risque pour limiter les densités de volaille lors des périodes à risque épizootique élevé» (plan Adour). Dans ce cas, les producteurs seront indemnisés à 100% «pour les jours de vide prolongé constatés sur la période du 16 septembre 2022 au 31 mars 2023 inclus».

Eva DZ

Le texte visant à faciliter la mise en œuvre du «zéro artificialisation nette» (ZAN) des sols sera examiné le 21 juin à l’Assemblée nationale, et un accord parlementaire se dessine, a déclaré le 1er juin le ministre de la transition écologique. Une proposition de loi (PPL) visant à «corriger» la loi Climat de 2021 a été votée en première lecture mi-mars au Sénat, mais Christophe Béchu avait jugé que les dispositions adoptées ouvraient «trop largement la porte» à l’artificialisation. «Nous avons inscrit un texte sur le Zan, le débat aura lieu le 21 juin à l’Assemblée nationale», a-t-il déclaré le 1er juin en marge des Assises de l’Association des petites villes de France (APVF) à Millau. «Il y a un chemin qui est en train de se dessiner pour faire en sorte qu’on ait idéalement avant la mi-juillet un dispositif complet applicable, loi et décret», a-t-il ajouté. Une partie du texte sera présentée par décret, notamment la «nomenclature» – c’est-à-dire la définition de ce qu’est un espace naturel, agricole ou forestier –, tandis que l’autre partie fera l’objet d’un débat législatif. Les députés discuteront notamment de la «garantie rurale», c’est-à-dire d’une surface minimale artificialisable réclamée par les communes rurales.

Eva DZ

Le député Les Républicains (LR) des Bouches-du-Rhône Stéphane Le Rudulier a déposé, le 30 mai, une proposition de loi (PPL) pour favoriser la construction d’habitations destinées aux chefs d’exploitation en zone agricole. Dans une récente question écrite au gouvernement, restée jusqu’ici sans réponse, le député demandait une évolution de la loi concernant l’un des trois régimes de création d’habitation en zones agricoles, les deux premiers étant le changement de destination de bâtiments agricoles, et l’autre l’extension d’un bâtiment d’habitation. Egalement fondé sur le code de l’urbanisme et construit par la jurisprudence, la troisième voie admet la construction d’un logement neuf pour un agriculteur à trois conditions, explique le député : «réalité de l’activité agricole ; nécessité d’une présence rapprochée et permanente du chef d’exploitation ; adéquation et proportionnalité du projet de logement avec l’exploitation agricole». Actuellement, le deuxième critère jurisprudentiel empêcherait «presque la totalité des activités agricoles» et créerait des distorsions selon les filières. Le député souhaite lever ces barrières sans «porter atteinte de manière disproportionnée au principe d’inconstructibilité des zones AMF (agricoles, naturelles ou forestières).

Eva DZ

Les cours du porc vont de record en record depuis plusieurs mois, face à une baisse de l’offre et une hausse des prix de l’aliment, indique le 31 mai le service statistique du ministère français de l’agriculture. Le cours moyen du porc s’est élevé en avril à 2,52 euros le kilo de carcasse à l’entrée de l’abattoir, «soit un niveau inédit», précise Agreste dans une note de conjoncture. «Il est en hausse de 35,4% sur un an et de 54,7% par rapport à la moyenne 2018-2022», poursuit le service. Les cours du porc, qui étaient de 1,43 euro le kilo de carcasse en janvier 2022, grimpent quasiment sans discontinuer depuis un an et demi – à l’exception d’un fléchissement à l’automne dernier. Ils avaient déjà franchi la barre symbolique des 2 euros le kilo en août 2022. «La baisse de l’offre porcine européenne ainsi que l’augmentation des coûts de production sont les principales causes de cette envolée des prix», souligne Agreste dans une autre note également publiée le 31 mai. «Conséquence de la contraction du cheptel français de truies», les abattages ont encore reculé au mois d’avril (-4,9% sur un an). La France est le troisième producteur de porcs en Europe, derrière l’Espagne et l’Allemagne. Elle exporte des morceaux peu consommés par les Français (poitrines, abats…) mais importe des jambons pour fabriquer du jambon blanc et est aussi friande de charcuteries italiennes et espagnoles.

Eva DZ