Fil info

Les représentants de la grande distribution «se sont encore opposés, ce jour, à la publication de l’indicateur de coût de production des éleveurs, par l’interprofession Interbev», dénonce la FNB (éleveurs de bovins viande, FNSEA) dans un communiqué le 23 novembre. Contactée par Agra Presse, Interbev confirme ce vote négatif des deux organisations FCD (Fédération du commerce et de la distribution) et FCA (Fédération du commerce coopératif). La FNB demande donc au ministre de l’Agriculture de «durcir le ton» et de «faire respecter la loi» du 18 octobre, dite Egalim 2. Celle-ci va rendre obligatoire la contractualisation entre les agriculteurs et leurs premiers acheteurs, sur la base des indicateurs interprofessionnels de coût de production et de marché.

La méthode de calcul a été approuvée «à l’unanimité» le 22 mai 2019, rappelle la FNB. Devant le refus des distributeurs, l’association spécialisée publie les indicateurs de septembre, qui montrent une hausse de l’Ipampa (moyens de production) de 4,7% par rapport à 2020. Au premier semestre, les coûts de production s’élevaient à 5,10 €/kgéc pour les vaches allaitantes, 5,58 €/kgéc pour les génisses, 4,94 €/kgéc pour les jeunes bovins, et 3,38 €/kg vif broutard. Soit une hausse moyenne de 3,9 % en un an.

Didier Bouville

Le Parlement européen a définitivement validé le 23 novembre, à une large majorité, l’accord politique trouvé au mois de juin sur les trois textes (plans stratégiques, OCM et règlement horizontal) de la future Pac qui entrera en vigueur début 2023. Le groupe des Verts a voté contre de même qu’une partie des Sociaux-démocrates (Français et Allemands principalement) et la majorité de la Gauche. Tout en admettant que tout n’était pas parfait dans cette réforme (notamment concernant la redistribution des fonds vers les plus petites exploitations ou l’ambition environnementale), les rapporteurs parlementaires ont salué un compromis qui permet des avancées (passage vers une obligation de résultats, éco-régimes du premier pilier, renforcement des outils de gestion des marchés).

Prochaines étapes : le 2 décembre avec la validation de ces textes par les Etats membres de l’UE puis le 6 décembre pour leur publication au Journal officiel de l’UE. La législation secondaire urgente devrait ensuite être adoptée autour du 10 décembre pour une entrée en vigueur avant Noël de manière à ce que les États membres soient en mesure de présenter leurs projets de plans stratégiques nationaux avant la fin de l’année. La Commission européenne disposera alors de six mois pour les valider.

Didier Bouville

Le gouvernement va allouer environ 12 millions d’euros (M€) supplémentaires par an aux «dispositifs d’intervention financière» pour lutter contre le suicide et le mal-être des agriculteurs. C’est ce qu’a annoncé le cabinet de Julien Denormandie durant la présentation de la feuille de route interministérielle sur le sujet, lors d’un brief à la presse le 22 novembre. Cette enveloppe recouvre le doublement du budget consacré aux dispositifs d’accompagnement économique – aide au diagnostic de l’exploitation et aide à la relance (Area) – qui passe «de 3,5 à 7M€ par an»; et la hausse du budget dédié à l’aide au répit qui passe «de 3,5 à 5M€ par an».

Elle recouvre aussi l’augmentation du crédit d’impôt remplacement, le droit à un capital décès pour les ayants-droit d’exploitants, et le renforcement de l’aide financière simplifiée visant à améliorer les conditions de travail. Parmi les autres mesures phares, le gouvernement prévoit de créer «plus de 100 comités de pilotage» dans les départements «d’ici fin 2022», pour coordonner la mise en œuvre de la feuille de route «au plus proche du terrain». Il prévoit aussi de structurer et renforcer le réseau de sentinelles via les caisses locales de MSA et en lien avec les Agences régionales de santé.

Didier Bouville

À l’issue d’un Comité État-régions (CER) le 10 novembre, le gouvernement a validé la proposition qu’a faite l’association Régions de France de ventilation des aides européennes du Feader dont les Conseils régionaux auront la charge, les aides non surfaciques du second pilier (aides à l’installation, aides à l’investissement). La clé de répartition est essentiellement «historique», indique-t-on à Régions de France, c’est-à-dire qu’elle maintient la répartition actée sur la précédente programmation. Par ailleurs, elle suit peu ou prou le nombre d’exploitations par région. Alors que l’enveloppe globale (700 M€/an, en incluant les MAEC forfaitaires) est en augmentation de 10% par rapport à la précédente programmation, les Régions bénéficient chacune au minimum d’une augmentation de 1%, selon Régions de France. La région métropolitaine à bénéficier de la plus forte augmentation est l’Île-de-France, dont la dotation passe de 6 à 8 M€. Mais elle est encore la plus petite, derrière la Corse (9 M€). Les trois principales enveloppes vont à l’Auvergne-Rhône-Alpes (95 M€), à la Nouvelle-Aquitaine (81,42 M€) et à l’Occitanie(86,41 M€).

Eva DZ

Les Jeunes Agriculteurs vont mener une action pour «sensibiliser à la perte du foncier agricole» jeudi 25 novembre à la gare Saint-Lazare, à Paris, annonce le syndicat le 22 novembre. Les JA distribueront «1000 baguettes aux Franciliens, soit l’équivalent d’une minute de perte de foncier». «Du foncier agricole en moins, c’est du pain perdu», martèle le syndicat, qui prévoit aussi des actions «dans d’autres villes de France». Et de rappeler «qu’un hectare permet de produire en moyenne 25 000 baguettes par an». D’après JA, qui cite les chiffres de la FNSafer, 22 900 hectares de terres agricoles ont perdus en 2019. La loi Climat adoptée en juillet fixe un objectif de zéro artificialisation nette d’ici 2050. Cet objectif s’appliquera à l’échelle régionale par les Sdraddet, qui pourront le décliner de manière différenciée sur le territoire, avec un premier objectif de division par deux de l’artificialisation sur la première décennie.

Eva DZ

Président du Cnaol (AOP laitières), administrateur de la FNPL (éleveurs laitiers, FNSEA) et du Cniel (interprofession), l’éleveur cantalien Michel Lacoste est décédé le 21 novembre, rapportent les trois organisations dans un communiqué. «Michel a toujours été un homme de conviction, un syndicaliste, un collègue, un ami qui s’est battu depuis ses jeunes années au sein de JA pour défendre le monde agricole solidaire auquel il croyait», déclarent le Cnaol, la FNPL et le Cniel.

Eva DZ

Constatant que l’épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) «s’intensifie», l’Organisation mondiale de la sanité animale (OIE) appelle à une «surveillance accrue», d’après un communiqué du 19 novembre. «Durant la période à haut risque pour l’influenza aviaire, d’octobre à avril, les États doivent accroître leurs efforts de surveillance, mettre en place des mesures de biosécurité strictes et assurer un signalement des foyers dans les temps», martèle l’OIE. D’après elle, «environ 16 000 cas d’IAHP en faune sauvage et domestique ont déjà été reportés en octobre». L’OIE rappelle les mesures recommandées: «isoler les oiseaux malades et sains», «désinfecter les bâtiments d’élevage» et «éviter les contacts «directs et indirects entre oiseaux domestiques et sauvages». Sans oublier la «planification des mises en place» de volailles et des «programmes de surveillance des animaux sauvages». Depuis le 1er mai, la maladie a été signalée dans 41 pays, en Afrique, Asie et Europe, précise l’OIE. Alors que des cas ont été confirmés dans quatre pays limitrophes (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Italie), la France est passée en risque «élevé» début novembre.

Eva DZ

La Commission européenne a lancé une enquête pour déterminer l’impact des droits anti-dumping que l’UE impose de manière définitive depuis 2019 aux importations d’urée et de nitrate d’ammonium en solution originaires de Russie, Trinité-et-Tobago et des États-Unis. «Un premier pas» que les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) saluent dans un communiqué du 19 novembre. Le Copa-Cogeca appelle depuis des mois la Commission européenne à mettre fin à ces droits (allant de 16 à 32 %) qui participent à l’envolée des prix des engrais dans l’UE. Selon ses estimations, depuis le début de l’année, les prix des engrais azotés ont triplé et représentent désormais 55% des coûts des intrants pour les producteurs européens de grandes cultures. Le Copa-Cogeca exhorte donc Bruxelles à agir promptement car la «situation est de plus en plus intenable au sein des exploitations».

Eva DZ

Alors que la castration à vif des porcelets sera interdite début 2022, un arrêté paru au Journal officiel le 19 novembre précise dans quels cas les éleveurs pourront continuer cette opération, avec prise en charge de la douleur. La castration sera désormais uniquement possible pour les signes de qualité, ou si elle «répond à une exigence de qualité de la personne à laquelle est transférée la propriété du porc par l’éleveur». Dans ce deuxième cas, la contractualisation sera obligatoire à partir du 1er janvier 2022 (décret du 30 octobre pris en application de la loi Egalim 2), et cette exigence de qualité devra figurer dans le contrat. Via les indicateurs de coût de production, qui intègreront le surcoût lié à la castration avec anesthésie, «cet arrêté permet de sécuriser les éleveurs sur le plan économique», indique le cabinet du ministre de l’Agriculture à la presse le 19 novembre. Le ministère a allégé la procédure par rapport au texte soumis aux parties prenantes en septembre. Au lieu de l’attestation délivrée par les préfets initialement prévue, les acteurs devront seulement pouvoir démontrer qu’ils respectent la réglementation «sur demande des services de contrôle».

Eva DZ

Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, interrogé le 17 novembre au Sénat par Pierre Cuypers (LR, Seine-et-Marne) sur la flambée des prix des engrais, a signalé «des discussions en cours» à Bruxelles sur les tarifs douaniers européens. Une demande auprès de la Commission européenne a été faite, «avec plusieurs collègues européens», pour «réétudier la question de ces tarifs douaniers», a-t-il indiqué. Les importations européennes d’engrais azotés sont soumises à des taxes anti-dumping jusqu’à près de 43 €/t sur la solution azotée venant de Russie, des États-Unis, de Trinité-et-Tobago, et à un droit de douane de 6,5%. A l’échelle internationale, les tensions sur le marché des engrais peuvent se traduire par «une crise alimentaire au niveau mondial de très grande ampleur», s’est inquiété Julien Denormandie, précisant avoir sollicité la FAO «en ce début de semaine». Le syndicalisme majoritaire – au niveau français (FNSEA et associations spécialisées) comme européen (Copa-Cogeca) – réclame la suspension de ces taxes anti-dumping. Ces derniers mois, les prix des engrais azotés ont flambé, suivant ceux du gaz. Les taxes aux frontières européennes viennent encore alourdir la facture, selon les professionnels. «Le surcoût pour l’agriculture française pourrait atteindre 4 milliards d’euros», alertaient les associations spécialisées de grandes cultures de la FNSEA (AGPB, AGPM, CGB, Fop) dans un communiqué le 21 octobre.

Eva DZ