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UPRA Lacaune : le progrès génétique continue d’avancer
29 juillet 2021
UPRA Lacaune : le progrès génétique continue d’avancer
Le progrès génétique dans la race Lacaune se poursuit, l’UPRA l’a démontré lors de son assemblée générale, jeudi 22 juillet. Le travail mené collectivement depuis toujours, autour des schémas de sélection lait et viande, porte ses fruits.
«Nous avons toujours travaillé de manière collective, au sein de l’UPRA avec les deux entreprises de sélection et avec les instituts de recherche et les résultats nous prouvent que nous avons raison !», se réjouit Ioan Romieu, président de l’UPRA Lacaune. L’éleveur sélectionneur installé à La Cavalerie tient à souligner l’importance du collectif : «en préservant la dynamique collective, le progrès génétique de la race est constant. Certes il faut du temps mais en se mettant en route tous ensemble, on avance mieux». C’est grâce à cette dynamique que la Lacaune est la première race ovine de France avec une progression de sa génétique affichée de 30% par an.
Un progrès génétique constant
Les chiffres présentés lors de l’assemblée générale montrent en effet la performance de la race Lacaune, sollicitée au sein du rayon de Roquefort mais aussi à l’échelle nationale et internationale. La race Lacaune peut aussi avancer grâce à la stabilité. Le Contrôle laitier officiel (CLO) rassemble 369 éleveurs sélectionneurs qui affichent une courbe ascendante dans le progrès génétique : +4 litres de lait par brebis et par an (en 2020 : 339 litres par brebis en moyenne sur 174 jours de traite contre 330 litres en 2019). Avec l’appui de la Confédération générale de Roquefort, d’UNOTEC et de la Chambre d’agriculture du Tarn, les pointages relevés par l’UPRA Lacaune révèlent une évolution constante des mamelles qui facilite la traite et la tétée des agneaux. D’ailleurs un nouveau critère est à l’étude pour intégrer l’index ISOL en plus de la morphologie des mamelles, les cellules somatiques, la quantité de lait et les taux TP et TB : la position du trayon vers l’avant de l’animal pour faciliter la tétée des agneaux et la traite. Plus de 80% des brebis sont intégrées dans l’ISOL, un chiffre en augmentation.
Le progrès, certes avec un petit temps de retard par rapport aux sélectionneurs, s’affiche aussi chez les éleveurs utilisateurs à travers le Contrôle laitier simplifié (CLS). 1014 éleveurs de l’Aveyron, du Tarn, de l’Hérault, de Lozère, du Gard et du Tarn et Garonne adhèrent au CLS via les différents organismes de contrôles. Le progrès génétique se diffuse bien grâce aux IA et aux achats de béliers. Là encore la stabilité est de mise en nombre de brebis et en volumes de lait. Les performances constatées en sélection se retrouvent environ 5 ans plus tard chez les éleveurs utilisateurs tant dans la quantité de lait que dans la qualité mesurées.
Une génétique qui s’exporte
Le taux de refus est aussi un élément de mesure du progrès génétique : des défauts sont constatés chez 10% des jeunes agnelles. Un passage obligé pour maintenir le standard de la race, son identité et sa performance, selon les responsables de l’UPRA Lacaune. Du côté des béliers, c’est encore la stabilité ! 3217 béliers ont été reconnus soit au sein des centres d’élevage, soit en vue de l’export qui a battu tous les records en 2020. «Nous gardons la génétique en priorité pour notre bassin de Roquefort mais à travers notre structure GENELEX, nous avons la possibilité d’exporter notre génétique Lacaune, de plus en plus prisée, en France et à travers le monde», explique Ioan Romieu. Il constate un gros engouement pour le lait de brebis en France comme à l’étranger. La Lacaune est connue au niveau international sur différents territoires, sa rusticité fait des émules au Brésil, en Irlande, en Espagne, en Nouvelle-Zélande, en Russie... Avec des demandes aussi bien en béliers qu’en insémination. Et 2021 s’annonce encore une belle année en matière d’export.
Les nombreuses conversions en Agriculture Biologique dans les troupeaux de brebis laitières ont quelque peu diminué le nombre d’IA. Parallèlement des travaux de recherche sont en cours sur les inséminations sur chaleurs naturelles au sein du Contrôle Laitier Officiel avec des éleveurs volontaires.
Depuis 2015, tous les béliers entrant en centre ou chez les éleveurs sélectionneurs sont en sélection génomique livrant des informations précieuses sur la capacité génétique des animaux, sur leur performance. De fait, la sélection porte sur des béliers encore meilleurs, ce qui fait gagner du temps sur l’utilisation et accélère le progrès génétique.
Dans le schéma de sélection lait, l’objectif est d’intégrer prochainement dans l’ISOL, la longévité fonctionnelle des brebis, leur capacité à rester productive plus longtemps dans le troupeau sans pour autant dégrader ce critère. Des travaux sont en cours avec l’Institut de l’élevage sur des repères. De même, des recherches sont en cours pour intégrer les éleveurs en Agriculture Biologique dans la base de données au niveau de la sélection.
La population de brebis intégrée au schéma de sélection viande est en hausse chez les 46 éleveurs sélectionneurs (Ovi-Test et GID Lacaune). Le taux de refus de qualification est relativement faible (8,4%) sur les mêmes standards qu’en filière laitière. Deux notes de conformation évaluent l’état général de l’animal (morphologie au sein d’un troupeau ou d’un lot). Là aussi du fait des conversions en AB ou du choix de la monte naturelle, le nombre d’IA est en baisse. D’ici 2021-2022, la génomique devrait se mettre en place dans l’attente d’un outil fiable pour lire les puces Ovigen.
De façon générale, le suivi sanitaire des animaux des schémas de sélection est à l’identique. L’UPRA Lacaune assure aussi le suivi des races à petits effectifs sur sa zone : Raïole, Caussenarde des Garrigues et Rouge du Rousillon.
Des projets en cours
Si le progrès génétique continue pour la race Lacaune, c’est aussi parce que les travaux de recherche avancent. Plusieurs projets sont sur le feu : la création d’un dossier de demande de GIEE sur les brebis sélectionnées en chaleur naturelle avec la participation des éleveurs AB en vue d’une intégration dans le schéma de sélection.
A l’échelle nationale voire européenne, l’UPRA Lacaune participe à plusieurs projets de recherche comme le programme SMARTER. Ce projet vise à caractériser les déterminations génétiques dans la résilience ou l’adaptabilité à travers les génotypages femelles en lait (repro, alimentation, gestion globale de l’élevage...). Une étudiante de l’ENSAT va travailler dès cet automne avec l’UPRA sur le génotypage des femelles en lien avec l’INRAE et l’Institut de l’élevage.
Autres projets en cours : Présage dont l’objectif est de créer au niveau national, un observatoire des anomalies génétiques en petits ruminants et le RZUE (règlement zootechnique européen) qui réunit l’ensemble des programmes de sélection lait et viande.
En clôture de son assemblée générale, l’UPRA Lacaune a présenté les travaux en cours sur l’amélioration de la qualité des peaux et leur valorisation. Elle avait invité divers intervenants du milieu de la ganterie, de la tannerie et de l’INRAE pour échanger sur les facteurs d’élevage et pourquoi pas les facteurs génétiques, qui peuvent impacter la peau et le cuir des agneaux en vue de leur valorisation. La demande de cette filière haut de gamme est en développement, l’UPRA Lacaune est prête à s’associer à la création d’une filière de valorisation de cette matière première locale.
Eva DZ