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Association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux La force du collectif et des citoyens
02 septembre 2021
Association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux La force du collectif et des citoyens
Truelles et bétonneuse, taille de pierres et solivage : du 30 août au 10 septembre, les ouvriers du chantier ne chôment pas. (crédit photo : Association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux)
Un riche réseau d’associations. Un facteur important pour la préservation du patrimoine, notamment pour l’Association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux, où bénévoles venus de toute la France et professionnels se retrouvent.
Un chantier atypique
Fédérer les habitants autour du patrimoine ; en l’occurrence une tour, celle du Viala-du-Pas-de-Jaux, construite en 1430 par les hospitaliers, au centre de quelques hameaux et mas. 30 mètres de hauteur pour surveiller les environs, stocker le grain et abriter les paysans en cas d’attaque. Aujourd’hui, les rôles sont inversés : la tour est protégée par des individus dédiés à sa préservation. «Nous avons lancé un nouveau chantier qui vise à rénover la dernière maison achetée par l’association, un ancien logis des hospitaliers. À la révolution, elle est devenue, avec la tour, un bien national. Le logis a donc été aménagé en maison selon les standards de l’époque. Aujourd’hui, il va redevenir ce qu’il était à l’époque des hospitaliers», explique Nicole Chaudesaigues, présidente de l’association de la Tour du Viala-du-Pas-de-Jaux.
Depuis le 30 août, bénévoles et professionnels s’activent. «Ils viennent de toute la France et sont encadrés par les Amis du château de Montaigut. L’association restaure des monuments partout en Aveyron. Et sa particularité est de permettre des chantiers de réinsertion pour des personnes en difficulté», dévoile Nicole Chaudesaigues. Au menu, taille de pierres, maçonnerie et solivage. Mais également moments de convivialité et randonnées. Chaque jour, à partir de 16h30, les ouvriers découvrent la région et ses richesses. Tout ce beau monde loge dans le gîte d’étape et de séjour, à côté du chantier. Un autre bâtiment rénové par l’association de la Tour et les Amis du château de Montaigut.
Une tâche titanesque
«Ce sont vraiment des moments privilégiés. Et c’est amusant comme certains paient pour venir travailler sur le chantier et d’autres sont payés. Tous ces gens se retrouvent autour d’une passion commune pour préserver le patrimoine et le travail de nos ancêtres», partage Nicole Chaudesaigues. Car cette tour a connu des déboires. «La voûte s’effondre en 1955. Elle démolit sur son chemin plusieurs étages, des cheminées et quelques pans de murs extérieurs. Le danger était d’assister à l’effondrement de l’ensemble de la structure au fil des ans. C’est pour cela que l’association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux est créée à l’initiative des Amis du château de Montaigut et de Sauvegarde du Rouergue», contextualise Nicole Chaudesaigues. Le sauvetage commence en 1985 et va se poursuivre pendant 10 ans. D’abord par un déblayage des débris. Puis par la consolidation des murs au 3ème et au 5ème étage grâce à la réalisation de dalles en béton armé autoporteuses.
Puis vient la restauration à proprement parler. Les visiteurs peuvent comprendre l’ampleur de la tâche qui attendait les bénévoles à partir de 1995. Un film est projeté aux curieux au premier étage du logis. Les images retracent l’ensemble des travaux, d’une tour en ruine jusqu’à la reconstruction de la toiture en lauze. «La restauration n’a pu se faire que grâce aux historiens et à l’architecte des bâtiments de France. Nous avons la chance d’avoir mis la main sur de nombreux documents qui décrivent de manière très précise l’état et la restauration de la tour à chaque époque. Les hospitaliers écrivaient des rapports lors de chaque visite prieuriale», explique Nicole Chaudesaigues.
Se serrer les coudes
Si la sauvegarde de la tour a pu voir le jour, c’est bien grâce à cette toile de collectifs qui existent encore aujourd’hui. «L’association de la Tour fait partie de ce réseau formidable qu’est l’Union sauvegarde du Rouergue. Elle regroupe plus de 70 associations aveyronnaises, mais pas exclusivement. Et en même temps, nous faisons partie des 20 châteaux de la Route des seigneurs du Rouergue. C’est la force du collectif : pouvoir nous regrouper et exister ensemble. Seuls, nous n’en serions pas là», fait valoir Nicole Chaudesaigues.
Car la présidente de l’Association de la Tour-du-Viala-du-Pas-de-Jaux regrette quelque peu l’engouement des années 90. «C’est à cette époque, grâce au Conseil général notamment, que le circuit templier et hospitalier est créé. Et avec lui, le Conservatoire Larzac templier et hospitalier. Aujourd’hui, ce mouvement s’estompe et le conservatoire n’existe plus. Il faudrait redonner de l’élan à ce mouvement. Je regrette beaucoup la disparition du conservatoire. C’était un élément fédérateur et de coordination», déplore Nicole Chaudesaigues.
Jérémy Duprat