Aveyron | National | Par Jérémy Duprat

Une visite riche et concluante avec Julien Denormandie

Conclusion de la visite du ministre de l’Agriculture Julien Denormandie en Aveyron. Chez Séverine Barrau, que ce soit de la bouche du ministre lui-même ou des responsables du secteur agricole, la rencontre a été constructive.

Julien Denormandie n’est pas venu pour rien. « Un modèle agricole, nous l’observons ici en Aveyron, qui est fondé sur la qualité. La qualité de la production de ces produits issus du terroir, la qualité de ce qui forme une partie de notre identité. Le problème, c’est que la rémunération n’est pas à la hauteur du travail fourni par nos agriculteurs », a affirmé face aux journalistes le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie. Il était en visite, vendredi 24 septembre, sur la ferme de Séverine Barrau, fille de l’ancien secrétaire général de la FNSEA Dominique Barrau. Un rendez-vous d’un peu plus d’une heure, en compagnie du président de la FDSEA Laurent Saint-Affre, du président de la Chambre d’agriculture Jacques Molières, du président des JA Romain Déléris et de nombreux responsables du monde agricole.

Un temps mis à profit par tous les acteurs pour aborder les thématiques chères aux paysans aveyronnais. Dominique Barrau a ainsi exposé, devant un ministre à l’oreille attentive, prenant des notes, le fonctionnement de la marque de producteur de Mont Lait. Et l’a invité à soutenir cette démarche. « Mont Lait c’est une Egalim avant l’heure. Et aujourd’hui, nous travaillons à une charte qui gérerait les produits laitiers issus de la montagne, basée sur les principes de Mont Lait, pour que les éleveurs en montagne aient, eux aussi, leur part. Si j’ai une seule demande, Monsieur le ministre, ce serait de vous présenter la charte et d’obtenir votre soutien », a fait valoir Dominique Barrau. Une invitation à laquelle Julien Denormandie a répondu favorablement, posant quelques questions sur la démarche Mont Lait.

Le controversé nutriscore s’est également imposé sur la table des discussions. « Le nutriscore n’est pas adapté à un produit comme le Roquefort. Car il ne prend pas en compte les bienfaits du lait cru ou des effets négatifs des adjuvants. Comment le faire et comment en tenir compte ? La question est difficile, mais elle est posée. Comment prendre en compte un cahier des charges qui repose sur la tradition et le respect du territoire ? Le nutriscore oppose des produits ultra-transformés à des productions naturelles », s’est inquiété le président de la Confédération générale de Roquefort Jérôme Faramond. Le ministre comprend la problématique, mais nuance les propos. « Ce nutriscore est demandé par le consommateur, toujours plus friand de transparence. Et au bout de la chaîne, c’est lui le donneur d’ordre. Peut-être que certains produits doivent être exclus du nutriscore. C’est pour cela que nous avons formé un groupe de travail avec les Italiens et les Espagnols : le sujet doit être européen », a argué Julien Denormandie. « Difficile de faire mieux en terme de transparence que l’IGP et l’AOP », s’étonne Jérôme Faramond.

Après les mots, les actes

Enfin, dernier sujet du triptyque présenté au ministre de l’Agriculture, le volet bio (lire cet article paru sur le site de lavolontepaysanne.fr) présenté par David Argentier, membre de la mission AB de la Chambre d’agriculture. Julien Denormandie s’est montré déterminé. « Nous n’y sommes pas. Il va nous falloir trouver un point d’atterrissage, car nous ne sommes pas bon sur ce sujet pour le moment. Nous en avons récemment parlé avec l’INAO. Je vous invite à faire remonter vos suggestions à mes équipes et je vous promets de revoir la copie avant la fin du mois d’octobre», assure le ministre de l’Agriculture.

Pour conclure la séquence, Jacques Molières a offert à Julien Denormandie un couteau Laguiole gravé au nom du ministre. « Puisse-t-il vous permettre de vous défendre face au ministère de l’Écologie », a plaisanté le président de la Chambre d’Agriculture, provoquant des nombreux rires dans l’assemblée. Outre la plaisanterie, Julien Denormandie a apprécié cette rencontre. « Ce sont ces déplacements qui sont les plus utiles. Ce sont de vraies réunions de travail. J’ai pu observer votre passion du travail bien fait. Et je crois que nous partageons cette qualité, car moi aussi, j’ai beaucoup travaillé pour préparer cette rencontre », a estimé le ministre. Et de la bouche de tous les responsables agricole présents, la rencontre a été concluante. « Notre démarche lui parle. Le ministre propose une vision de l’agriculture qui est animée par les convictions », a jugé Dominique Barrau. « Il sait de quoi il parle. Maintenant, c’est devant le mur qu’on juge le maçon. Et dans la fournaise parisienne, ce n’est jamais facile », a quant à lui ironisé Jacques Molières.

Jérémy Duprat

Toutes les actualités

Sur le même sujet

Le dialogue continu et la volonté de l’UNELL et de Lactalis France d’aboutir à un terrain d’entente leur ont permis de trouver un accord sur le prix du lait payé aux producteurs pour le 1er trimestre 2024. Le prix pour les mois de janvier, février et mars est ainsi fixé à 425 €/1000L prix de base 38-32, soit 440 €/ 1000L en 41-33. Depuis plusieurs semaines, FDSEA et JA en Aveyron maintenaient la pression sur Lactalis pour obtenir un prix du lait rémunérateur pour les producteurs. L’organisation de producteurs comme l’entreprise saluent chacune cet accord partagé : « Après plusieurs semaines de tensions et d’incertitudes, il doit permettre d’apporter de la sérénité pour construire l’avenir », espèrent-elles.En parallèle, l’UNELL et Lactalis France…