National | Par La rédaction

La décapitalisation plombe la filière bovine

La France manque d’animaux de boucherie. On dénombre 600 000 vaches en moins depuis 2016 et la pénurie pourrait s’accentuer. Aussi, les cours devraient être durablement élevés.

Crédit photo : iStock-cinoby

En deux ans, le marché français et européen de la viande bovine s’est métamorphosé. Les hausses des cours surprennent par leur ampleur. En semaine 43, la vache U côte 4,89 €/kg et la vache O, 3,58 €/kg.
Après deux années caniculaires en 2019 et 2020 et quatre ans de baisse des effectifs d’animaux, faute de demande et de prix rémunérateurs, c’est maintenant cette même demande, entre temps devenue déficitaire, qui fait flamber les cours de la viande bovine puisque l’offre ne suit plus. L’anticipation d’abattages d’animaux, observée ces dernières semaines, accentuera dans les mois à venir la pénurie de viande.

La France très compétitive

La Pologne n’est plus un concurrent de la France. Les cours de la viande battent sans cesse de nouveaux records. Semaine 43, les prix des jeunes bovins R et O sont quasiment équivalents à ceux observés dans l’Hexagone (4,17 €/kg). De plus, les coûts de transport renchérissent considérablement les prix de la viande importée par ses clients. Dans ces conditions, la France est devenue très compétitive et la qualité des carcasses produites est particulièrement appréciée. Ses éleveurs ne redoutent plus, comme par le passé, la concurrence extra-européenne. Les grands bassins d’élevage font régulièrement face à des conditions climatiques défavorables. Ce qui affecte immanquablement l’offre mondiale d’animaux. Côté demande, la donne a aussi changé. Pendant la crise sanitaire, les Français ont redécouvert la viande bovine française. Depuis le début de l’année, les importations sont inférieures de 10 % à leur niveau de 2019. Les Français se font livrer, par des restaurateurs, 14 % des plats qu’ils consomment (+100 % en un an). Ils exigent d’eux que leurs plats soient préparés à base de viande issue d’animaux élevés en France. Le haché prend de plus en plus d’importance (61 % du jeune bovin lait, 31 % du jeune bovin viande). A l’export, les ventes françaises de viande sont supérieures de 5 % à leur niveau de 2019. L’Allemagne est un débouché porteur. Les Allemands consommant moins de viande porcine, se reportent sur la viande française très réputée. Les pays du Benelux sont aussi devenus des clients importants de la France. Mais ces deux dernières années, les ventes de viande française déclinent en Grèce et en Italie. Elles régressent aussi vers l’Espagne ainsi que vers l’Algérie. Cependant, elles ont progressé de 22 % vers les autres pays méditerranéens (+7 % par rapport à 2019).

Un million de têtes en moins ?

Malgré cette embellie, le mouvement de décapitalisation observé en France se poursuit (- 600 000 vaches laitières et allaitantes depuis 2016) et s’étend à toute l’Europe. La France est le seul pays continental à avoir un troupeau allaitant conséquent (3,9 millions de vaches environ). Mais chaque année, plus de 310 000 veaux de huit jours sont exportés. Dans les étables, les places vides ne manquent pas. Bien que les prix soient appelés à rester élevés, les producteurs très affectés par des années de crise, ne sont pas tentés de garder et d’élever davantage de veaux. Or les conditions sont devenues favorables pour créer de la valeur ajoutée dans leurs ateliers. La production de fourrages est abondante cette année.
L’entrée en application de la loi Egalim, et la nouvelle demande de viande labellisée ou bio qu’elle suscitera, pourraient peut-être inciter les éleveurs à revoir leurs positions. Une relance de la production d’animaux contredirait alors les sombres perspectives présentées par l’Idele le 9 novembre. D’ici 2031, les effectifs de bovins lait et viande diminueraient d’un million de têtes. Ce serait autant de veaux en moins qui naîtraient pour produire de la viande ! Quoi qu’il en soit, il faut deux à trois ans pour faire naitre et élever un bovin labellisé ou pas. 

La rédaction

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