Aveyron | National | Par Didier Bouville

La Confédération générale de Roquefort fête ses 90 ans !

Dans les années 1880-90, les affineurs se sont réunis pour créer une marque «Société», ils communiquent ensemble sur le Roquefort en étant présents notamment lors des Expositions universelles dans plusieurs villes du monde, suscitant ainsi la curiosité autour de leur fromage persillé et «un peu piquant» ! Source Sylvie Vabre, historienne et auteure de «Le sacre du Roquefort» : l’émergence d’une industrie agroalimentaire : fin XVIIIème siècle-1925.

Interview de Jérôme Faramond, vice-président de la Confédération générale de Roquefort (notre photo).

– Comment s’illustre l’esprit du collectif cultivé par la Confédération Générale de Roquefort ?

«Le collectif est l’essence même de notre Confédération : il a guidé notre création depuis 1930, réunissant producteurs de lait et fabricants de Roquefort afin de lutter ensemble pour pérenniser notre AOP et la sécuriser au sein de notre territoire. C’est forte de ce sens du collectif que la Confédération Générale de Roquefort construit ses missions depuis 90 ans. Des missions visant à faire vivre une filière à travers la qualité et notamment celle de notre lait cru. Nous avons mis au service de tous, des aides, des moyens, des outils de recherche pour garantir une production de qualité au lait cru. La Confédération a d’ailleurs acquis une excellente réputation dans ce domaine sanitaire et son savoir-faire en la matière est reconnu nationalement. Cet objectif commun entraîne la solidarité entre les différents acteurs.

– Quels sont ses engagements historiques en matière sociale et d’environnement ?

Le Roquefort ne peut se faire que sur un territoire spécifique et sa qualité est une plus-value pour toute cette région. Le Roquefort génère ainsi une véritable dynamique sociale. Quant à nos éleveurs, ils respectent le cahier des charges exigeant de notre AOP et donc contribuent tout naturelle- ment à entretenir nos paysages et la biodiversité. Ce cahier des charges est ancien, il s’est construit sur une agriculture traditionnelle qui offre une place centrale au bien-être animal. Pour nos éleveurs, il est ainsi tout naturel de sortir les brebis, de préférer le pâturage à la bergerie, de nourrir les animaux avec ce qui est cultivé et récolté à la ferme. Mais nous ne nous endormons pas sur nos lauriers. En parallèle à nos contrôles réguliers et stricts, nous avons récemment organisé des réunions entre éleveurs pour parler de nos pratiques d’élevage et s’engager dans une démarche encore plus vertueuse. Contre toute attente, ces rendez-vous se sont transformés en partages d’expériences positives ! Il faut en conclure que nos éleveurs sont fiers de leur travail et cela rejaillit sur leurs troupeaux et donc sur l’environnement.

– L’ancrage territorial est-il une priorité ?

Notre ancrage territorial est essentiel car notre zone de production est strictement délimitée par le cahier des charges de l’AOP. Cet ancrage s’illustre aussi dans notre brebis Lacaune, la seule brebis qui produit le lait pour le Roquefort. C’est une race originaire du village de Lacaune, haut perché où les températures peuvent être très basses. Cette brebis est donc locale, rustique, solide en plus de produire du bon lait. Elle marque le début de l’aventure du Roquefort et répond aux exigences de notre région. Ce n’est pas pour rien que l’Unesco a classé au patrimoine mondial les Causses et les Cévennes soit le paysage du pastoralisme du Roquefort. Les liens entre nos métiers et notre environnement sont ainsi mis en avant, préservés. Et il ne faut pas oublier que le pâturage des brebis permet également de préserver la biodiversité végétale. La Confédération Générale de Roquefort est la garante de cet enracinement qu’elle explique à travers différents événements. Nous organisons ainsi la fête du Roquefort pour faire découvrir nos professions et notre produit au plus grand nombre.

Et, si nous aimons la convivialité, nous savons aussi jouer la carte du digital pour favoriser le rapprochement entre les différents métiers de la filière. Nous avons ainsi créé un groupe Facebook d’éleveurs. Pour la Confédération Générale de Roquefort, il est capital de conserver nos valeurs et notre savoir-faire au bénéfice de notre fromage et cela passe, depuis notre création, il y a 90 ans, par un usage des outils modernes développés à chaque époque».

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