Aveyron | Par Jérémy Duprat

«Pas de prix, pas de lait» : nouvelle action FDSEA – JA

«Sodiaal : pas de prix, pas de lait». Une remorque bâchée est visible depuis la N88. Elle marque la dernière action en date FDSEA – JA dans le feuilleton avec Sodiaal.

Vers une saisie du médiateur

«Sodiaal : Pas de prix, pas de lait». Juste après la sortie 27, en direction de Rodez, une remorque vêtue d’une grande bâche noire affiche ce slogan écrit en lettre blanche. Bien positionnée après quelques échanges entre les agriculteurs présents pour être sûr que le slogan est visible, «plutôt ici», «et là ?», la remorque domine la N88. Immanquable. À peine est-elle installée, les klaxons des voitures et des camions qui circulent résonnent aux alentours. «Les gens ont l’air réceptifs», songe à haute voix Claude Falip, président de la section bovin lait à la FDSEA. Le fruit d’une action FDSEA – JA, la dernière en date dans un feuilleton qui dure depuis le début de l’été. Une vingtaine d’éleveurs se sont rendus sur la parcelle longeant la 4 voies vers Albi. Une équipe de gendarmes les accompagnent, plutôt calmes et décontractés.

Les éleveurs Sodiaal ont l’intention de suivre l’exemple de leurs confrères de Lactalis. Le médiateur avait été saisi fin août. Il y a une semaine, Lactalis annonçait un prix moyen à 463 euros. «La saisie est en cours», révèle Marie-Amélie Viargues, secrétaire générale FDSEA, qui explique que Sodiaal étant une «coop, il faut qu’une majorité d’éleveurs votent en faveur d’une médiation».

«Le partage de la valeur, c’est la survie des éleveurs», défendent Marie-Amélie Viargue et Claude Falip. «Tout l’été, les producteurs ont alerté sur la nécessité d’augmenter le prix du lait afin d’assurer le maintien des exploitations. Il faut juguler la décapitalisation et assurer l’approvisionnement en produits laitiers. Une réaction rapide est demandée à ceux qui sont encore à la traîne».

Des klaxons en soutien

Aujourd’hui, après des échanges auprès des GMS lors de contrôles de prix, la bouteille de lait grimpe doucement vers un montant en rayon de 1 euro. «La moyenne est de 0,93 euro en juillet. Dans la grande majorité, les grandes surfaces ont répercuté les hausses. Il reste encore de mauvais élèves. Mais le travail est fait pour la plupart. En Europe, le prix moyen constaté se situe entre 0,99 et 1,05 euro. Il ne reste plus qu’à pousser un peu», estime Claude Falip, alors que les klaxons se font à nouveau entendre. Preuve, s’il en fallait, que les consommateurs sont prêts à passer à la caisse pour un pack de lait. Malgré l’inflation et la fonte du pouvoir d’achat, la consommation reste relativement stable au niveau national.

Sodiaal a annoncé un prix à 434 euros en moyenne nationale, toutes primes confondues en 38-32, saisonnalité comprise. Soit environ 420 euros en prix de base. «C’est insuffisant», estiment l’ensemble des éleveurs présents. «Nos voisins européens connaissent tous des hausses de prix significatives entre juin 2021 et juin 2022. 47% en Allemagne, 32% en Bulgarie, 50% en Roumanie… En France, nous sommes à 18%. C’est incompréhensible au vu des l’augmentation fulgurante des coûts de production, de la loi Egalim et de la bonne dynamique du marché. Sans parler de la sécheresse, l’arrêt de points de collecte, la décapitalisation…», explique Claude Falip. Pour rappel, en juin, Sodiaal sort de sa formule de prix par trimestre, à un moment où les éleveurs pouvaient espérer une hausse de 20 euros du prix payé. Alors même que la hausse des charges s’évalue à 23,7% en moyenne (Source : Insee). Depuis, la grogne monte et ne désamplifie pas. La suite au prochain épisode.

Jérémy Duprat

 prix du lait+sodiaal

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