Aveyron | National | Par eva dz

«Eleveurs en otage, les chiffres plus têtus que les discours !»

Tribune de Christian Bajard, du Berceau des races à viande du Massif central.

A l’issue d’une rencontre du Berceau des races à viande du Massif central, Christian Bajard, coordonnateur du Berceau des races à viande du Massif central, publie une tribune dans la presse agricole.

«Le 31 août, à l’invitation de la FNB, nous rencontrions les plus importants exportateurs de broutards français pour avoir des explications sur la situation de l’export d’animaux vifs sur l’Italie. Alors que le broutard Charolais a perdu 20 cts d’euro/kg en 5 semaines et même 30 cts d’euro par rapport à 2018, les éleveurs du Berceau, déjà fragilisés par une succession de sècheresse sont en colère, en détresse et surtout se sentent trompés par nos exportateurs.

Lors de la rencontre FNB/exportateurs, on nous affirmait que le marché italien était atone, que l’on exportait difficilement les broutards. Mais, que disent finalement les données transmises par le ministère (à partir des remontées des opérateurs de la filière) ? + 1% d’animaux vifs exportés en Italie ces 2 dernières semaines et autant d’animaux exportés qu’en 2019 depuis le début de l’année.

La cotation du jeune bovin italien ne cesserait de s’effondrer ? Faux, les cours du JB à Modène augmentent de 5 centimes cette semaine après 9 semaines de stabilité.

Nous sommes complétement dépendants du marché italien ? Oui mais l’Italie est surtout très dépendante des achats français : 83% des importations des bovins vivants étaient français en 2018 contre seulement 67% il y a 10 ans. Cela devrait traduire un export dynamique. Personne n’a contesté ces données, et personne n’a amené de contradictions à la suite de notre rencontre.

Mais alors, à quoi sert-il de distiller des informations erronées dans les cours de fermes ? A fragiliser des éleveurs déjà bien éprouvés ? Pourquoi les opérateurs français parlent-ils uniquement de la situation de leur client italien omettant de parler de la détresse des éleveurs français ? Nous pouvons légitimement nous interroger, s’agit-il d’une stratégie commerciale encline à créer de la valeur ? La présence d’opérateurs puissants pour exporter aurait pu permettre un équilibre dans les négociations commerciales, l’éleveur ne pouvant éternellement être la variable d’ajustement. Force est de constater que pour le moment, ça ne marche pas.

Notre regard est sans doute trop simpliste, mais nous fondions légitimement un espoir que les exportateurs pèsent de tout leur poids pour rémunérer les éleveurs qui les font vivre. Les éleveurs ne peuvent se satisfaire des réponses qui leur ont été faites. Nous appelons donc à un comportement différent qui ambitionne la création de valeur pour nos broutards reconnus pour leurs qualités sanitaires, leur croissance et leurs qualités de viande. La défense des éleveurs doit être une priorité sinon l’élevage français continuera de se fragiliser. Ce n’est même plus une menace, c’est un fait avéré. Aussi, nous appelons la filière à faire une véritable analyse de marché, à mener une réflexion collective et à apporter une réponse rapide aux éleveurs de ce territoire ! Le revenu des éleveurs se construira avec des prix rémunérateurs. Nous vous attendons ! ».

 bovins+viande+prix

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